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Espace: la Suisse ouvre la voie à la dépollution de l’orbite terrestre

Des milliers de débris gravitent autour de la Terre. La première mission au monde d’enlèvement de ces déchets en orbite sera menée par une start-up suisse.

01 déc. 2020, 16:24
En près de 60 ans d'activité spatiale, environ 42'000 objets de plus de 10 centimètres gravitent autour de la Terre, formant un nuage de déchets. Ici une vue d'artiste générée par ordinateur et fournie par l'Agence spatiale européenne (archives).

L’agence spatiale européenne (ESA) a signé mardi un contrat avec la start-up suisse ClearSpace pour la première mission au monde d’«enlèvement» d’un débris spatial. Elle ouvre ainsi la voie vers un nouveau marché de dépollution de l’orbite terrestre.

Ce contrat de services, d’un montant total de 100 millions d’euros, dont 86 millions (93 millions de francs) investis par l’ESA, partira en 2025 et aura pour cible un morceau d’une ancienne fusée européenne Vega. Le débris appelé Vespa (Vega Secondary Payload Adapter), qui pèse 112 kilos, a été laissé en 2013 en orbite basse, à 800 km de la Terre.

Nous sommes très fiers que notre spin-off Clearspace ait été choisie par l’ESA pour sa première action de nettoyage.
Martin Vetterli, président de l’EPFL

Il s’agira de la première mission au monde de nettoyage en orbite, a précisé l’ESA. Pour l’agence spatiale, qui compte 22 Etats membres, c’est aussi une première, car «jamais nous n’avions confié un contrat d’une telle ampleur à une petite start-up», a précisé à l’AFP Eric Morel de Westgayer, en charge de l’industrie et des achats à l’ESA.

Entreprise dérivée de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ClearSpace a recueilli des contributions d’une vingtaine de sociétés venant de huit pays membres de l’ESA (Suisse, République tchèque, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Suède, Portugal et Roumanie).

La start-up construira un satellite nettoyeur de 500 kilos, qui évaluera dans un premier temps la vitesse de Vespa. Il devra ensuite capturer sa cible, en l’encerclant de ses quatre «tentacules», pour la désorbiter. Vespa se désintègrera ensuite dans l’atmosphère, avec son satellite nettoyeur.

Marché encore vierge

Confier à ClearSpace cette première mission dans un marché encore vierge était «une manière de lui mettre le pied à l’étrier, et nous espérons qu’en faisant la démonstration de la faisabilité technique, nous permettrons à ce marché de se développer», a poursuivi le responsable de l’ESA, qui veut également «montrer l’exemple» en matière de dépollution spatiale.

Créée en 2018 par des experts de l’étude des débris spatiaux – ClearSpace a été sélectionnée parmi douze candidats. «Nous sommes très fiers que notre spin-off Clearspace ait été choisie par l’ESA pour sa première action de nettoyage», a indiqué le président de l’EPFL Martin Vetterli, cité dans un communiqué de l’agence spatiale.

 

 

La première sortie opérationnelle est prévue en 2025 après un lancement depuis la base de lancement de Kourou en Guyane française. La mission ClearSpace-1 fait partie du programme ADRIOS de l’ESA, visant à développer des services en orbite pour les satellites tel que le ravitaillement, la réparation ou les manœuvres orbitales. Des partenaires industriels et hautes écoles suisses seront également de la partie.

Plus de 40’000 objets

En près de 60 ans d’activité spatiale et plus de 5500 lancements, environ 42’000 objets de plus de 10 centimètres gravitent autour de la Terre, formant un nuage de déchets composé de fusées anciennes, de morceaux de satellites restés en orbite après explosion ou de satellites entiers qui ne sont plus opérationnels, entre autres.

Gravitant à toute vitesse (28’000 km/heure), ces débris représentent une sérieuse menace de collision avec les satellites opérationnels, qui non seulement peut détruire des services cruciaux (météorologie, GPS…) mais aussi générer encore des débris, entraînant une réaction en chaîne «qu’on serait incapable d’arrêter», décrypte Luisa Innocenti, cheffe du bureau ClearSpace à l’ESA.

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