Depuis moins d’une semaine, un nouveau phénomène s’est répandu sur Facebook, Instagram ou Twitter. Après le «Harlem Shake» ou le «Ice Bucket Challenge», voici le «10 Years Challenge». Le principe est simple: partager sur les réseaux sociaux une photo actuelle de soi-même avec un cliché datant d’il y a dix ans. La mode aurait été lancée par NOM ! un météorologue américain le 11 janvier.
Le défi, qui ne supporte pas de cause particulière, connaît actuellement un grand succès. De nombreuses célébrités ont déjà publié leur photos. Certains l’ont fait avec humour, comme la joueuse de tennis saint-galloise Belinda Bencic qui a partagé un vieux cliché d’elle avec Roger Federer.
Un jeu qui n’a rien d’inoffensif
Le quotidien belge Le Soir soutient que «cette fois, il n’y a rien de dangereux», comparé à d’autres défis plus périlleux lancés sur les réseaux sociaux. Un jeu inoffensif donc? Pas d’après l’auteure américaine Kate O’Neill, spécialisée dans les nouvelles technologies, qui a publié mardi une chronique dans le mensuel américain Wired.
Pour l’Américaine, le «10 Years Challenge» pourrait faire le bonheur des entreprises de reconnaissance faciale, qui disposeraient d’un échantillon de données gigantesques à leur disposition. Dans son texte, elle se demande jusqu’où pourrait aller l’exploitation de ces clichés. En relevant le défi, l’utilisateur certifie que la première photo date bien d’il y a dix ans, et, ainsi, donne des informations sur son parcours de vie et ses changements physiques.
«Pour des développeurs d’algorithmes d’intelligence artificielle, pouvoir reconnaître les traits du visage qui changent et qui évoluent dans le temps, c’est extrêmement intéressant», explique le journaliste spécialisé Alain McKenna dans une vidéo de Radio-Canada Info. «Et ça peut devenir aussi très lucratif pour Facebook». Le Courrier International titre d’ailleurs son article sur le sujet: «un test géant d’algorithme pour Facebook?». Les données récoltées par le biais d'un tel défi pourraient être réutilisées par des entreprises de publicité ciblée ou des compagnies d'assurances.
Kate O’Neill termine son article en avançant que le «10 Years Challenge» est avant tout une chance de sensibiliser les personnes à l’utilisation faite des données qu’ils choisissent eux-mêmes de publier sur le web, comme le rapporte la RTBF.
Une autre utilisation du défi
En attendant que la mode s’essoufle, des parodies du défi, complètement sans risque quant à elles, se propagent sur les réseaux sociaux.
Un autre exemple de publication décalée, avec le portrait présumé d’un petit oiseau dix ans auparavant...
Il est enfin utilisé pour la défense de causes plus sérieuses, comme les changements environnementaux.