Il est des artistes qui ont marqué leur époque, qui ont fait parler d’eux souvent et dont les noms sont régulièrement cités et par les professionnels et par les amateurs d’art.
Il en est d’autres, plus discrets, qui ont bâti leur réputation grâce à leur travail, leur talent et, chose étonnante, leur discrétion. Gérard de Palézieux fait ainsi partie de cette seconde catégorie, un artiste secret, généreux, talentueux, attaché aux valeurs du travail bien fait et admirateur, aussi, des autres artistes de son temps.
«Palézieux était un homme d’une générosité immense et peu de personnes qui lui ont rendu visite dans son atelier en sont ressorties sans une gravure glissée dans une petite enveloppe à la fin de la visite. Il avait cette incroyable forme de générosité et de discrétion. A la fin de sa vie, il a légué au Musée Jenisch sa propre collection de gravures anciennes qu’il avait constituée à côté de son propre travail.» C’est avec ces mots que Florian Rodari, commissaire de l’exposition que consacre le Musée Jenisch à Palézieux, décrit l’artiste qu’il a, d’ailleurs, bien connu.
Cinq salles pour une vie de création
Afin de présenter l’œuvre de Palézieux de manière exhaustive, le musée a ouvert plusieurs salles, qui chacune à son tour dévoile une facette de la vie et des créations de l’artiste.
La première d’entre elles propose au public de découvrir ses natures mortes, des créations pleines, à la fois, de puissance et de force tranquille, de précision et de douceur, comme suspendues dans l’espace et dans le temps.
Ensuite, l’exposition lève le voile sur ses carnets de notes, ses exercices, ses essais qui lui ont permis de développer différentes techniques de travail, que ce soit la gravure, le dessin ou encore l’aquarelle, un moyen d’expression que lui avait suggéré son ami Albert Chavaz en 1975 et qui va déboucher sur de magnifiques paysages de Venise.
Nature morte aux citrons, non daté. Monotype, 120 × 178 mm. © DR
Le Valais, source d’inspiration
Certes, l’Italie a influencé Palézieux mais le Valais avait, lui aussi, une place particulière dans son cœur. Il avait d’ailleurs déclaré: «Il y a de la lumière de l’Italie en Valais.» C’est ainsi que les salles suivantes proposent des paysages typiquement valaisans tels que l’Illgraben, Salquenen, le bois de Finges ou encore les granges de Chippis.
La Piazzetta, 1975, aquarelle, 136 × 182 mm. © DR
Granges à Chippis, non daté, craie lithographique, 246 × 368 mm. © DR
Pour clore cette incroyable visite dans la vie du peintre, le musée dévoile une série de gravures d’autres artistes – de Canaletto à Jean Morin, en passant par Morandini ou encore Picasso – issues de la collection que Palézieux avait constituée au fil du temps et qui lui avait permis de s’interroger sur la pratique de son art et, ainsi, de se renouveler.
Une visite dans l’univers d’un artiste qui a donné une dimension universelle à son œuvre.
Vevey, Musée Jenisch, du 7 février au 10 mai. Vernissage le jeudi 6 février à 18 h 30.
En savoir plus : Le site du Musée Jenisch
Un coffret de référence indispensable
Pour garder un souvenir intemporel de l’artiste et de son œuvre protéiforme, un coffret anniversaire, «conçu comme un objet d’étude et de délectation», propose quatre carnets retraçant les thèmes de prédilection de Palézieux, à savoir la nature morte, le portrait et les paysages, à travers autant de techniques chères à l’artiste: l’estampe, le dessin, les lavis et les aquarelles. Un bel objet pour le travail d’un artiste qui ne l’était pas moins.
«Palézieux, œuvres sur papier», de Florian Rodari et Ger Luijten, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex et Fondation Custodia, 320 pages.
En vente à la boutique, 55 francs.