Un soir de juillet 2000. Au cœur de l’été parisien, à la sortie d’un restaurant huppé – que je n’avais pas les moyens de fréquenter – une horde de photographes semble attendre un événement. Et je vois le fringant Roger Hanin, costume de Navarro carré à l’épaule, sortir de l’établissement, suivi de LA star, Alain Delon en personne, sourire carnassier, yeux bleus perçants qui avalent les flashs.
Et puis, quelques mètres derrière, un petit monsieur rabougri, qui s’agrippe au bras de sa dame. Bon sang, mais c’est… Kirk Douglas!
Alors que mon amie mitraille le bel Alain avec son appareil numérique flambant neuf, je lui dis de viser le petit vieux, c’est lui, la véritable star, le fils du chiffonnier devenu Spartacus, le pauvre immigré entré dans la légende à force de persévérance et de foi en lui-même.
C’est drôle, j’ai repensé à lui la semaine dernière en me disant qu’avec le double de mon âge, il avait dépassé la date de péremption et qu’il ne pourrait désormais plus mourir. Le voilà loin, mais pas trop. Et, au fond de ma cave, perdue dans un carton, reste cette photo en papier d’un petit vieux rabougri, datant d’une époque où les selfies insignifiants ne polluaient pas encore les esprits.
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