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Tolkien au lac souterrain: quelle plausibilité?

L’hypothèse, certes audacieuse, émise par l’auteure Monique Golay quant au fait que le lac souterrain aurait pu inspirer l’auteur du «Hobbit» a fait réagir. Précisions.

18 mai 2018, 12:13
Le lac souterrain est devenu navigable à partir de 1946 mais son existence était connue bien avant cela.

«After this we went on into Valais, and my memories are less clear» («Après cela nous nous sommes rendus en Valais, et mes souvenirs sont moins précis…») Ces mots sont ceux de l’auteur anglais J.R.R. Tolkien, adressés à son fils Michael en octobre 1968, soit 57 ans après son voyage de 1911. Il est communément admis à l’étude de sa correspondance que Tolkien a voyagé dans les Alpes suisses d’Interlaken à Zermatt. Mais son séjour complet n’est pas totalement documenté et la présence du mot «Valais» en français dans cet écrit amène à penser qu’il a peut-être visité une partie du Valais romand. Tolkien était en effet un éminent philologue et d’une précision implacable quant à l’étymologie. C'est en tout cas l'argument avancé par l'auteure Monique Golay pour soutenir son hypothèse.

Des légendes vivaces

«A vrai dire, on ne sait pas réellement quel itinéraire il a emprunté pour rentrer en Angleterre. Puisqu'il est descendu depuis le Grimselpass jusqu'à Brigue, je doute qu'il ait fait le chemin inverse pour remonter le Rhône et repasser par la Suisse alémanique», avance-t-elle. «C’est à vérifier, mais je pense très possible qu'il soit rentré par la vallée du Rhône. Cela expliquerait son usage du mot «Valais» dans sa lettre.» Passionné de mythologie, il est selon elle envisageable qu’il ait en chemin entendu parler des légendes qui couraient à l’époque – notamment chez les guides – au sujet de lacs souterrains situés entre Saint-Léonard et Granges.

Le lac, connu du public avant 1943

Car si, effectivement, le lac de Saint-Léonard n’a été mis au jour officiellement qu’en 1943, et si c’est le tremblement de terre du 25 janvier 1946 qui a fait descendre le niveau des eaux jusqu’à un niveau navigable, les gens de la région connaissaient l’existence de ces eaux souterraines bien avant cela. C’est d’ailleurs la réputation de la cavité qui a interpellé en 1943 Jean-Jacques Pittard, président de la Société Suisse de Spéléologie et qui l’a poussé à l’explorer pour la première fois.

«Effectivement, il y avait des légendes qui circulaient à leur sujet», explique documents à l’appui Cédric Savioz, directeur du lac souterrain qui préfère par contre rester prudent quant à l’hypothèse d’une venue de Tolkien dans la région. «L’une de ces légendes disait que si les jeunes femmes venaient devant l’entrée de la grotte la nuit de Noël, elles pouvaient voir se refléter dans l’eau le visage de leur futur mari aux douze coups de minuit. Une autre raconte qu’un jeune homme du village senti un grand souffle à l’entrée du lac et que les feuilles qu’il avait ramassées s’étaient transformées en pièces d’or…»

Qui plus est les habitants le savent bien, une galerie naturelle très risquée et aujourd’hui condamnée partait de la zone de la gare de Granges et menait jusqu’au lac ou plutôt à la grotte de la Crête de Vaas, adjacente. «Les anciens s’en souviennent, des jeunes s’y étaient aventurés et leur inconscience avait causé pas mal de remous dans le coin», se souvient Michel Métral, neveu de l’écrivain Maurice Métral et mémoire vive de la région.

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