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Playlists du «Nouvelliste»: dans les écouteurs de Jeff Albelda

Chaque semaine, «Le Nouvelliste» partage ses découvertes musicales à travers ses playlists Spotify. Les deux spécialistes maison, Jeff Albelda et Agathe Seppey, publient à tour de rôle leurs coups de cœur.

14 janv. 2019, 19:01
Jean-François Albelda, journaliste culture, présente sa Playlist.

Chaque semaine, nos spécialistes maison Jeff Albelda et Agathe Seppey partagent à tour de rôle leurs coups de cœur récents, les nouveautés qui ont retenu leur attention, les pépites dénichées dans le riche terroir musical cantonal ou alors les indémodables classiques vers lesquels on revient toujours.

Cette semaine, on va tâcher de poser les bases de la nouvelle année, de mettre en pratique les bonnes résolutions, hop, hop, aller voir plus de concerts, découvrir plein de nouveaux artistes qui ont des choses à dire et à faire ressentir. Pas forcément du côté des newcomers, car en 2019, il sera sûrement difficile de faire son chemin dans le maelström des nouveautés volatiles. Les modes s’effacent vite, comme du maquillage fluo sur les joues, mais ceux qui durent, ceux qui restent, ceux qui tiennent seront les artistes à suivre.

Les pépites «trendy ou pas, j’écoute que ça»

Sharon van Etten – «Seventeen»

La New-Yorkaise (enfin, elle vient du  New Jersey, ce qui a son importance), qu’on a bien envie de consacrer reine du rock américain, sort dans quatre petits jours son nouvel album «Remind Me Tomorrow» et le single «Seventeen» l’annonce déjà magistral. Esthétique finement rétro, aspirations extatiques contenues, refrénées par une rythmique qui ne s’emballe pas (douce frustration), un petit côté anthémique que ne renierait pas le Boss Springsteen, une langueur urbaine qui aurait arraché un sourire de contentement à Lou Reed… Long live the queen Sharon…

 

 

Kurt Vile – «One Trick Ponies»

Cette belle nonchalance accidentée, là où son complice d’antan Adam Granduciel de War On Drugs aime dérouler des autoroutes de guitares saturées, Kurt Vile la balade depuis un moment sur les scènes. Une dizaine d’années en gros. Et il n’a cessé au fil des albums de perfectionner son sens mélodique et la fausse simplicité de ses compos. Sur ce «One Trick Ponies», issu du dernier opus «Bottle It In», il y a un petit quelque chose du regretté Tom Petty. Un tour d’accords, une batterie qui groove tranquilos, un shaker pour asseoir le tout, et le tour est joué, un petit ver d’oreille qui va creuser son trou dans vos tympans pour l’année à venir. 

 

 

Low – «Dancing And Blood»

J’ai sans doute déjà parlé du trio du Minnesota Low et de la ferveur de son rock venu du froid. Jusqu’ici, le groupe emmené par Alan Sparhawk avait creusé son sillon entre la tradition du songwriting rural américain et l’électricité de l’indie rock urbain. Mais avec l’album «Double Negative» sorti l’année passée, Low a surpris son monde en déconstruisant les fondements de sa musique, en la rendant plus cryptique, en prise avec une époque qui ne tourne plus vraiment sur son axe. Et la beauté de titres comme ce «Dancing And Blood» s’en trouve renforcée. Car il faut aller la chercher, la conquérir à force d’écoutes. Mais au bout, il y a un vrai trésor.

 

 

Father John Misty – «Mr. Tillman»

Songwriter prolifique, figure christique volontairement désenchantée, crooner au cynisme plus qu’assumé, entertainer à l’humour sombre, Father John Misty est tout cela à la fois et il met volontiers en abîme sa mégalomanie amusée dans ses albums, dans ses paroles – extrêmement bien écrites –. Son dernier album «God’s Favorite Customer» est une pure merveille, à la fois bien en delà des limites du kitch, à la fois d’une élégance extrême. Cordes langoureuses, mid-tempos creusés, et cette voix unique qui s’est révélée quand Josh Tillman s’est créé son alter ego en costard blanc. Splendide. 

 

 

Jeff Tweedy – «I Know What It’s Like»

Aux USA, le chanteur et guitariste des grands Wilco fait figure de gardien du temple de cette sorte de «classic pop» de très noble ascendance. La folk originelle, le rock indépendant des années 90, la belle pop mainstream qui ne sacrifiait rien à la logique marchande… Jeff Tweedy a synthétisé tout ça au fil d’une carrière exemplaire qui l’a placé au rang des grands songwriters américains. En 2018, il a fait un pas de côté et a offert son premier album solo «WARM», où il se dévoile comme rarement auparavant. Avec, toujours, cette voix sublimement éraillée dont tout chanteur à guitare est jaloux.

 

 

Songs: Ohia – «Lioness»

Hommage au songwriter très regretté Jason Molina avec la réédition de l’album «The Lioness» initialement paru en 2000 et republié l’an passé. L’occasion de se replonger dans l’insondable mélancolie de l’américain qui a laissé après son décès en 2013 suite à un goût un peu trop prononcé pour la chose liquoreuse un héritage magnifique d’une quasi-vingtaine d’albums entre Songs: Ohia, son parcours solo et Magnolia Electric Co. Paix à son âme tourmentée, sa musique nous accompagnera encore bien longtemps.

 

 

Idles: «Never Fight A Man With A Perm»

Ce n’est pas moi qui le dis. Le groupe anglais de… disons néo-punk Idles est le groupe rock du moment. Parce que ses concerts sont des décharges d’adrénaline qu’on n’avait plus reçues en pleine face depuis At The Drive In, parce qu’ils ont un sens du deuxième degré absolument génial, parce qu’en plus d’être méchante comme une teigne de pub mancunien un soir de débâcle face à Liverpool, leur musique est maligne comme une citation de John Cleese. Aller voir et entendre Idles sur scène, c’est l’assurance de se prendre une immense baffe électrique. Et sur disque c’est bien aussi, comme en témoigne ce «Never Fight A Man With A Perm», brûlot parfait.

 

 

Hot Snakes: «Six Waves Hold Down»

On garde sa musculature en tension et on enchaîne avec les légendes californiennes de Hot Snakes. Le groupe fondé à l’aube de l’an 2000 brûlé les planches d’abord jusqu’en 2005 en laissant derrière lui une traînée de fureur électrique. Pied au plancher, à la limite constante de la tendinite, Hot Snakes s’est reformé en 2010 et attendu l’année passée pour sortir l’explosif «Jericho’s Sirens». A écouter ce «Six Waves Hold Down», il est clair que les vieux bougres ont encore des décibels plein les doigts et le souvenir de leur récent concert au Romandie de Lausanne restera incrusté dans les murs en pierre de la salle. 


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