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OrelSan, l'album de la sérénité

OrelSan devient avec «La fête est finie» le seigneur du hip hop hexagonal actuel. Moins de vitriol, plus de conscience… Rencontre.

30 nov. 2017, 12:39
OrelSan s'impose comme le rappeur le plus respecté et le plus courtisé du moment.

Il est partout. Sur les réseaux sociaux où la mise en culture des clips de «Basique» et «Tout va bien» donne à sa musique un potentiel viral sans précédent dans le rap français. Sur les télévisions aussi, en prime time, sur les ondes radio, en une des médias. Comme si OrelSan, après quinze ans de route plus ou moins sinueuse, plus ou moins encaissée, voyait enfin surgir devant lui un horizon dégagé. Il faut dire que «La fête est finie», constat amer mais volontaire d’un homme enfin adulte qui se découvre un sens des responsabilités, est une réussite totale où chaque ligne fait mouche. 

Il est partout, et ce jour-là, il est à Lausanne, en promo. Pour défendre son nouvel album et aussi pour porter l’image de la marque d’une marque de vêtements qu’il vient de créer avec Sébastian Strappazzon, un pote du coin. «Brandé» de pied en cap, mèche rebelle et streetwear bien affûté, Aurélien Cotentin rentabilise ses études en économie et management, mais l’icône nouvellement sacrée du rap français sait malgré ça allier comme peu le fond et la forme. 

Une inspiration valaisanne

«J’aime bien la région, c’est vrai», sourit-il. A tel point qu’il est venu s’isoler en Valais, dans un chalet de La Forclaz, pour travailler au calme sur les texte de «La fête est finie». «Quand j’écris, j’ai besoin de tout couper. Là, j’étais isolé, pas de télé, pas d’internet. Juste me lever, revenir sur mes textes… Et pis c’est très chouette la montagne sans la neige, se promener dans la nature. J’ai même noué un petit lien sympa avec un renard qui venait s’attaquer à mes provisions…» 

Vérités basiques

Petit rire rentré, OrelSan s’amuse de ce souvenir avec une vraie candeur. Mais qu’on ne s’y trompe pas, l’homme a mûri depuis le vitriol provocateur des premiers disques et des premières polémiques, et il n’est plus non plus l’ado attardé qu’il mettait en scène avec Casseurs Flowteurs et le format court Canal+ «Bloqués». «J’ai voulu me défaire du cliché du mec bloqué, qui ne veut pas grandir, qui ne fout rien et remet tout en question. J’ai plus de convictions aujourd’hui, même si c’est sur des trucs basiques.»

 

 

Dépasser le premier degré

«Basique», justement, c’était le titre du retour. Celui qui a pavé la voie du succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Un morceau qui frappe droit au plexus, où il s’attaque à la décérébration liée aux infos bidons circulant sur la toile. Une façon aussi d’appeler à une lecture des choses qui dépasse le premier degré. Comme lorsqu’en interview dans les grands médias, on continue de confondre les personnages mis en scène dans ses textes et sa personne. «Oui, on revient encore avec les procès, que j’ai gagnés d’ailleurs, on me reparle de misogynie, d’homophobie. Mais j’aime bien comparer la musique et le cinéma. Quand dans «American History X» le personnage tient un discours nazi on ne soupçonne pas le réalisateur d’avoir ces idées-là. ça va me coller encore un moment aux basques mais ça va...»

La trajectoire d’un disque

Sur «Le chant des sirènes», son précédent opus, le titre phare «Suicide social» débitait jusqu’à l’os les travers communautaristes, n’épargnait personne, jusqu’au protagoniste désespéré qui s’ôtait la vie à la fin. «La fête est finie» s’ouvre sur «San». Mêmes nerfs à vif sous la noirceur, mais cette fois OrelSan armorce sa remontée depuis les abysses mentales qu’il décrit. «A nouveau, j’y vois une proximité avec le cinéma. C’est comme ces scènes d’intro qui donnent toute la teneur du film. «San» résume la bipolarité du disque. L’insouciance est finie, mais il y a quelque chose après...»

Après, il y a la vie d’un type de 35 ans au meilleur de sa maîtrise, heureux en couple, qui parvient gentiment à faire taire ses démons, ses faiblesses, ses colères indignes, à sublimer ses rages saines et ses vrais moments de bonheur. «J’ai même écrit des chansons d’amour. Dans «Paradis», je dis que je voudrais même pas aller au paradis tellement j’aime ma copine. Je reste dans l’hyperbole, mais elle est plutôt jolie celle-là non?»

Resonsable mais pas porte-drapeau

Entre l’introductif «San» et le dernier titre «Notes pour trop tard», il y a une chemin d’acceptation, de résilience. «Sur «Notes pour trop tard», je m’adresse directement à moi-même quand j’avais entre 15 et 25 ans, à l’OrelSan du premier album «Perdu d’avance».» Des conseils pas encore tout à fait sages mais responsables de l’adulte à l’ado qu’il était. Et quand on lui demande s’il se sent la voix d’une génération, il marque un temps de pause. «C’est flippant d’être un porte-drapeau. Je ne délivre aucune vérité, sauf la mienne.»

OrelSan, «La fête est finie», Warner Music, 2017.

 

 

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