C’était simple, à l’époque. Deux blocs, les gentils et les cocos, les libres et les rouges, les héros et les salauds. Les méchants étaient méchants pour le seul plaisir de l’être, un peu comme la bouteille d’Orangina sanguine de la pub avec sa tronçonneuse, et on n’en demandait pas beaucoup plus à Rocky, à Rambo ou à Karaté Kid qu’un bon gros et unique ressort psychologique au milieu du bazar. Ça suffisait largement pour vous construire un blockbuster. Merci m’sieur dame.
Mais voilà, les blocs ont implosé, le réel s’est fragmenté, digitalisé, l’information s’est globalisée, le monde a rapetissé et forcément, la fiction s’est complexifiée. Les héros ont douté, révélé leur part d’ombre, et les vilains ont pu montrer au monde leur aspiration à la lumière. On a plongé en empathie avec le «Joker» de Joaquin Phoenix dans les abîmes de son extatique folie. James Bond est devenu plus brutal...