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Santé: la profusion des produits addictifs préoccupe Addiction Suisse

Addiction Suisse s'inquiète de la multiplication des produits addictifs dans le commerce. Elle critique par ailleurs le matraquage publicitaire autour de certaines marques, qui ciblent à fond les jeunes.

04 févr. 2020, 06:41
Addiction Suisse cite parmi les nouvelles tendances les cigarettes électroniques et les vapoteuses. Image d'archives.

L’éventail toujours plus large de produits addictifs, vantés en plus à coups de campagnes marketing souvent agressives, inquiète Addiction Suisse. Tout aussi inquiétant selon lui, le manque d’engagement et d’intervention de l’Etat dans la lutte contre cette diversité.

Cigarettes électroniques

Dans son Panorama suisse des addictions 2020 publié mardi, Addiction Suisse pointe spécifiquement deux éléments du doigt. D’un côté, la prolifération «déconcertante et fulgurante» de marques et de saveurs qui caractérise actuellement les produits susceptibles d’engendrer une dépendance.

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De l’autre, l’absence d’une vue d’ensemble des autorités politiques face à cette diversité de nouvelles substances psychoactives consommables.

Le centre national de compétences dans le domaine des addictions cite parmi les nouvelles tendances les cigarettes électroniques, les vapoteuses ou autres produits du tabac chauffés, le tabac oral (snus), le cannabis légal (CBD) décliné en pommades, huiles parfumées ou chewing-gums, les bières fruitées, les cocktails tout prêts, les shots d’alcool proposés comme sucreries, et, enfin, les jeux d’argent en ligne et l’hyperconnectivité à internet.

 

 

Profusion et manque de clarté

Problème: il est souvent difficile de mesurer clairement les risques de ces produits, notamment ceux qui sont nicotiniques, car leur contenu exact n’est pas toujours transparent, observe le centre.

Face à cette profusion des chemins menant à la dépendance et ce manque de clarté, les responsables politiques et les autorités sont souvent dépassés, constate-t-il aussi. Pris de vitesse, ils ont du mal à évaluer les risques. Sans compter ensuite le temps nécessaire qu’il faut pour élaborer une législation plus stricte.

La diversité des produits nécessite de toute urgence que l’on contrôle la situation.
Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse

«L’Etat doit se donner les moyens de mieux évaluer les nouveaux produits et de réguler leur commercialisation. La diversité des produits nécessite de toute urgence que l’on contrôle la situation», déclare Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse. Il appelle dès lors les responsables politiques et les autorités à «prendre les choses en main et à engager les moyens nécessaires».

Addiction Suisse prône ainsi une «hausse des dépenses pour lancer des recherches» indépendantes permettant l’adoption de mesures fondées sur des données fiables afin de réglementer l’accès aux produits.

Arrêter le matraquage publicitaire

Il critique par ailleurs le matraquage publicitaire autour de certains produits, ciblant à fond les jeunes. «Aujourd’hui, la publicité laisse entendre qu’il n’y a plus de raison de fumer maintenant qu’il existe des produits du tabac chauffé. La publicité des multinationales du tabac ressemble désormais à de la réclame pour un plan de prévoyance», dénonce le rapport.

Nous ne voulons pas de publicité pour les produits du tabac.
Grégoire Vittoz, directeur d’Addiction Suisse

«Nous ne voulons pas de publicité pour les produits du tabac et une vraie remise en question de celle pour l’alcool», revendique M. Vittoz.

Les problèmes liés aux dépendances entraînent chaque année plus de 11’000 décès en Suisse – la majeure partie liée à la consommation de tabac – et des coûts de quelque 14 milliards de francs.

Stabilité au niveau des drogues

Comme chaque année, le Panorama suisse des addictions établit d’ailleurs un bilan pour chacune des principales dépendances.

Pour 2020 et s’agissant de l’alcool, il constate une hausse des buveurs chroniques chez les plus de 65 ans ainsi qu’une augmentation de la consommation épisodique à risque dans presque toutes les tranches d’âge.

Les jeunes femmes sont très touchées, avec une part qui a bondi de 12% en 2007 à 24% en 2017. Comme les cigarettiers dans les années 1990, l’industrie de l’alcool commercialise des produits «light» ou aromatisés, rend attentif le panorama.

Consommation de cocaïne et d’ecstasy

Les dernières données sur la consommation de drogues illégales montrent, elles, que la situation est relativement stable. Dans les grandes villes, la consommation de cocaïne et d’ecstasy est toutefois élevée par rapport à des localités comparables à l’étranger. Le marché du cannabis reste de loin le plus important pour ce qui est des drogues illégales.

De leur côté, les livraisons et les ventes d’antalgiques opioïdes continuent à progresser, mais contrairement aux Etats-Unis, la Suisse ne connaît pas pour l’instant de gros problèmes dans ce domaine, relève le Panorama. Et ce grâce à un contrôle plus strict des prescriptions et à une limitation des possibilités de marketing.

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