Oliver Schnyder, dans la nouvelle stratégie de la BCVs, il y a la volonté de créer une nouvelle proximité avec le client. C’est pour cela que vous ne portez plus la cravate?

(Rires.) C’est effectivement un choix que nous avons fait dans notre dress code. La cravate n’est plus la norme et cela donne une autre image du banquier.

Vous dirigez la BCVs depuis une année. Vous télétravaillez beaucoup avec la pandémie?

J’ai commencé mes années 2021 et 2022 en mode isolement. En dehors du contexte pandémique que nous vivons actuellement, au moins une fois par semaine, je télétravaille. La pandémie a surtout fait accélérer les mentalités dans ce domaine. Nous permettons à un employé à 100%, si sa fonction le lui permet, de télétravailler à 40%. C’est désormais la norme si l’on veut rester un employeur attractif.

Mais en ce moment, avec cette cinquième vague, vous avez beaucoup plus d’employés en télétravail?

Oui, entre 50 et 70%.

Et vous ne craignez pas que leur rendement soit moindre à la maison?

Sur cette question, les avis divergent. Mais je suis persuadé que le degré d’engagement des collaborateurs n’est pas lié avec leur lieu de travail. Désormais, tous nos employés ont un ordinateur portable qu’ils peuvent brancher partout et plus forcément tous une place de travail attitrée dans un bureau.

«Depuis deux ans, une baisse de plus de 30% de l’activité des bancomats a été constatée. La pandémie a accéléré certains comportements.»

La pandémie a aussi accéléré des changements de comportements de vos clients. Au niveau bancaire, les bancomats sont les grands perdants de cette période…

Depuis deux ans, une baisse de plus de 30% a effectivement été constatée, tandis que la diminution de la clientèle qui vient encore au guichet se poursuit. Elle a chuté de plus de 40% ces dernières années.

Bientôt, il y aura donc une BCVs sans guichet…

Ce scénario existe déjà au siège principal de certaines banques suisses. En Valais, il sera une réalité dans les cinq à dix ans. Mais attention, cela ne veut surtout pas dire moins de proximité avec nos clients. Au contraire, cette nouvelle proximité est même l’une des quatre principales valeurs de notre nouvelle stratégie.

Ça veut dire quoi exactement une nouvelle proximité?

La valeur ajoutée d’une banque universelle comme la nôtre réside dans le conseil qu’elle apporte à un client. Réduire un horaire de guichet et enlever un bancomat ne signifie pas ne plus recevoir nos clients. Au contraire, au lieu d’attendre passivement au guichet, le banquier pourra conseiller plusieurs clients dans le même laps de temps. Nous devons aussi accompagner tous nos clients dans cette transformation numérique. Surtout celles et ceux qui la maîtrisent le moins.

«La BCVs ne développera pas une banque 100% digitale.»

Aujourd’hui, on trouve sur le marché des banques qui ont une offre entièrement digitale. Ça ne fait donc pas partie de la stratégie de la BCVs en matière d’innovation, l’un de vos piliers?

Non, car nos clients ne sont pas 100% digitaux. J’estime aujourd’hui en moyenne à 50% la part de la relation digitale avec un client. Elle est liée à des prestations quotidiennes comme les paiements qui font désormais partie des produits standards obligatoires, mais sur lesquels nous ne pouvons pas particulièrement nous démarquer de la concurrence. Quand un client a un besoin plus spécifique vis-à-vis de sa banque, un contact humain est nécessaire. Et c’est à ce niveau que nous devons faire la différence.

De quelle manière?

Nous devons être toujours plus compétents et performants dans nos offres. Aujourd’hui, cela passe aussi par la réorganisation de notre réseau de vente qui aura non plus cinq mais trois régions avec une centralisation plus forte de certaines activités. Nous avons aussi mis un focus particulier sur notre clientèle «grande entreprise» avec là aussi une concentration des compétences.

«Aujourd’hui, je crains plus une cyberattaque qu’un braquage, car elle peut mettre à plat toute l’activité d’une banque pendant plusieurs jours.»

Mais être plus efficient, c’est aussi une manière diplomatique de dire avoir moins d’employés. Ce sera le cas?

Dans les cinq ans à venir, entre 15 et 20% de nos employés vont se retrouver à la retraite, mais nous n’aurons évidemment pas 15 à 20% d’effectif en moins. Par contre, nous devons nous demander où sont les priorités dans les engagements pour rester concurrentiel en termes de rentabilité.

Et elles sont où ces priorités?

Dans le conseil à la clientèle où l’on s’attend sur le marché du travail à une véritable guerre des talents annoncée depuis quelque temps déjà. Et aussi dans le développement numérique où la BCVs n’a pas la taille critique pour faire cavalier seul. Elle doit pouvoir partager ses coûts en matière d’innovation avec par exemple les autres banques cantonales. Actuellement, on travaille par exemple ensemble pour automatiser complètement certains types de crédit.

Augmenter les produits digitaux d’une banque signifie obligatoirement augmenter sa sécurité numérique. Qu’est-ce qui vous fait le plus peur aujourd’hui, une cyberattaque ou un braquage?

Clairement, une cyberattaque, car elle peut mettre à plat toute l’activité d’une banque pendant plusieurs jours et ferait un tort considérable à l’image de la banque. Heureusement, nous n’avons jamais subi de cyberattaque comme cela a été le cas dans certaines entreprises ou institutions helvétiques. Mais nous détectons tous les jours des tentatives d’attaques sur nos systèmes.

«Durant ces deux ans de pandémie, il faut reconnaître que, mis à part des secteurs spécifiques comme l’événementiel ou la restauration, l’économie a parfaitement résisté.»

Dans un mois, vous allez dévoiler les chiffres 2021 de la BCVs, mais peut-on déjà dire que, dans son ensemble, l’économie valaisanne n’a pas trop souffert de ces deux ans de pandémie?

Des secteurs spécifiques comme l’événementiel ou la restauration ont été très touchés par cette pandémie. Il ne faut pas l’oublier. Mais sur un plan général, il faut reconnaître que l’économie a parfaitement résisté. Aujourd’hui, on parle même de croissance de 2 à 3% pour 2022.

Cela est tout de même surprenant, non?

Si l’on se remet dans la situation de mars 2020, je dirai oui avec le nombre d’inconnues importantes qu’il y avait à l’époque. Mais ensuite, il faut reconnaître que la Suisse, par rapport aux pays qui nous entourent, a parfaitement su gérer cette pandémie sur le plan économique. On a vu, à cette occasion, l’importance d’avoir un Etat fort et des entreprises avec une grande capacité d’adaptation et la situation actuelle n’est donc plus une surprise à mes yeux.

Garden

Point Vert Groupe S.A.