Militante. Engagée. Déterminée. Autant de qualités citées par ceux qui côtoient Francine Zufferey, la nouvelle présidente de l’Union syndicale valaisanne. La Chalaisarde de 50 ans, qui succède à Mathias Reynard, est la première femme à la tête de ce groupement rassemblant quatre syndicats (Unia, SSP, Syndicom et SEV). «C’est la bonne personne au bon poste. Nommer une femme à cette fonction, alors que les syndicats sont plutôt perçus comme des milieux masculins, montre aussi l’évolution de la société. C’est tout un symbole», se réjouit Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais.

De quoi ravir Francine Zufferey, secrétaire syndicale à Unia Valais et responsable du secteur tertiaire, qui défend depuis toujours l’égalité des sexes. «Je me revendique féministe, c’est clair. Mais je lutte contre toute forme d’injustice, quel que soit le domaine», confie-t-elle.

«Je me revendique féministe, c’est clair. Mais je lutte contre toute forme d’injustice.»

Modeste et passionnée

Cette maman de deux enfants adultes, qui a également été députée de gauche pendant une dizaine d’années, est si passionnée par sa mission qu’elle paraît presque gênée à l’idée qu’un média lui tire le portrait. «Ce n’est pas mon habitude de me mettre en avant pour parler de ma personne. Je préfère exprimer les combats qui me tiennent à cœur pour défendre les employés.»

Dès qu’elle évoque ces dossiers, elle se décontracte. «Aujourd’hui, il y a beaucoup de pression sur les employés, les cadences sont plus fortes qu’avant, certaines entreprises minimisent les actes violents contre les salariés. Il y a du stress, d’autant plus qu’on ne remplace plus forcément les personnes qui partent. Il faut sans arrêt défendre de meilleures conditions de travail.»

Un peu David contre Goliath

Et d’évoquer ensuite ses autres batailles, comme la réforme de la retraite – «C’est si important quand on voit les retraités peiner aujourd’hui à joindre les deux bouts» –, la défense du droit aux assurances sociales – «Elles ne sont jamais pressées de rendre leur verdict alors que, pendant ce temps, la personne qui attend cette aide peine à survivre» – ou encore le fait que les femmes soient toujours moins payées que les hommes pour le même travail. «En plus, on veut obliger les femmes à travailler plus longtemps alors que si elles se retrouvent au chômage à 55 ans, plus personne ne veut les engager.»

Elle ne lâchera rien, même si elle se retrouve souvent dans la peau de David contre Goliath. «Ce n’est pas pour autant qu’il faut cesser de combattre ces injustices.»

«Il n’y avait pas d’engagement politique à la maison. Mais j’ai reçu de belles valeurs.»

La flamme pour son métier semble intacte. Jamais Francine Zufferey ne se décourage. «On peut perdre certains combats, mais il y a toujours une autre lutte qui réussit, un employé qu’on a pu aider», raconte celle qui est arrivée dans le milieu syndical «un peu par hasard». «Je viens d’une famille où tout le monde travaillait à Alusuisse: mes deux grands-papas, mon papa, mon oncle.» Elle a passé une enfance dans un monde où personne ne se mettait en avant. «Il n’y avait pas d’engagement politique à la maison. Mais j’ai reçu de belles valeurs.»

Une envie de changer le monde

Après son CFC d’employée de commerce, elle a été engagée à la FTMH. «J’ai tout de suite eu l’envie d’aider les travailleurs.» Puis, à la fusion entre la FTMH et le SIB en 2005, elle a continué sur l’aile syndicale avec Unia. Sans se départir de son côté idéaliste. «Avant le syndicat, j’étais partie au Tchad avec de grandes idées de changer le monde. J’y suis resté dix jours et suis revenue. Cela ne s’est pas passé comme je l’avais imaginé. Finalement, je me suis rendu compte qu’on peut essayer d’améliorer le monde partout.»

Un peu timide à ses débuts, Francine Zufferey a gagné en confiance en elle. Ce qui ne l’empêche pas de se questionner avant toute décision importante. «Je me demande souvent si je suis légitime de faire ci ou ça, mais une fois que j’ai pris ma décision, je suis certaine de mon choix. Avec l’expérience, c’est de plus en plus facile.»

Ce qu’ils disent d’elle

- Serena Cambria, présidente de la Commission paritaire de la Location de service: «Francine est très investie et passionnée dans son travail. Elle fait preuve de pragmatisme et d’ouverture d’esprit, ce qui en fait une bonne partenaire dans les discussions avec le patronat que je représente. Malgré des points de vue différents, on trouve toujours des solutions optimales.»

- Natalie D’aoust-Ribordy, secrétaire régionale du SSP: «C’est une femme intègre qui connaît bien le monde syndical et aura à cœur que tous les syndicats collaborent. Je suis aussi heureuse que ce soit une femme qui prenne cette fonction dans ce monde syndical encore très masculin.»

- Christian Roduit, vice-président de l’USV: «C’est une vraie militante qui croit en ses idées. C’est une femme de conviction qui s’investit totalement dans son travail.»

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