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«Ici, on se sent reconsidéré comme un être humain»

A Saint-Maurice, une association, encore peu connue, vient en aide aux personnes isolées socialement. Le Coffre magique leur permet de retrouver un équilibre de vie.

11 janv. 2020, 09:00
La mesure d'insertion sociale du Coffre magique à Saint-Maurice est ouverte depuis deux ans.

«Bonne année!» Elles s’embrassent et se serrent dans les bras comme le feraient des amies de longue date. Pourtant, elles ne se connaissaient pas encore, il y a quelques mois. «Nous allons faire deux activités», présente Anne-Marie Foare, l’animatrice socioculturelle, au groupe de la journée. «Galette frangipane ou mosaïque. Qui veut faire quoi?» Quelques mains se lèvent pour le choix culinaire, alors que d’autres s’emparent déjà des fragments de pierres colorées.

Prendre de nouveau soin de soi

 «Tu as la fève et la couronne? Ce sont les éléments les plus importants pour réussir le gâteau», plaisante Mélissa. Le groupe, composé de six femmes et un seul homme, entame les activités dans la bonne humeur. 

Quatre jours par semaine, de 8 h 45 à 16 h 30, l’association le Coffre magique propose des ateliers créatifs pour des Valaisans à l’aide sociale. Ou comment prendre de nouveau soin de soi tout en redonnant vie à du matériel recyclé. «Nous offrons une deuxième vie aux personnes présentes ainsi qu’aux objets retravaillés», résume l’animatrice.

Les objets réalisés par le Coffre magique sont vendus dans quelques magasins de la région, ainsi que sur les marchés. ©Sacha Bittel

 

L’association, reconnue au niveau cantonal comme mesure d’insertion sociale, est née en 2017 à Saint-Maurice. «Les participants ont souvent une médication lourde, un suivi psychologique et un fort repli sur eux-mêmes. L’objectif est de leur faire retrouver un rythme de journée et de renouer des contacts», décrit Anne-Marie Foare.

Partager autre chose que des soucis

«Chaud devant!» Dans la salle, entre la galette qui croustille dans le four et les mosaïques qui se construisent peu à peu, l’ambiance agréable fait oublier, au premier abord, que les participants sont des êtres fragiles. 

A l’instar de Noémie, la cinquantaine, qui affiche un sourire sans faille malgré un parcours semé d’embûches. Après avoir donné un de ses reins à sa fille malade, la Sédunoise s’est retrouvée en grande difficulté. «J’ai dû stopper mon activité indépendante de coiffeuse pour m’occuper de mon enfant à plein temps», raconte-t-elle. «Je me suis retirée petit à petit de la société, ne sortant que pour assurer les trajets jusqu’au CHUV.» 

Sans ressources, Noémie finit par demander l’aide sociale et depuis dix mois, elle suit les ateliers créatifs du Coffre magique trois jours par semaine. «Ils me permettent de partager autre chose que des soucis et de me reconsidérer de nouveau comme une personne valable.»

 

Ici, je me sens comme tout le monde!
Elvina, participante au Coffre magique

 

Tout, sauf le tricot!

Pour Jörg, l’un des rares hommes à suivre ces ateliers, cette association lui permet de «rester utile». Après une attaque cérébrale et un infarctus subis le même jour, l’habitant de Vouvry a dû stopper toute activité professionnelle. «C’était le 7 septembre 2017. Alors que je travaillais, j’ai eu des flashs blancs devant les yeux. Direction l’hôpital en ambulance.» Jörg vient au Coffre magique à plein temps depuis quatorze mois. «J’aime travailler et j’essaie toutes les activités… Hormis le tricot!» 

Anne-Marie Foare (à dr.) accompagne les participants dans leurs activités. ©Sacha Bittel

 

Le futur devient possible

A ses côtés, Elvina abonde dans son sens. «Ici, je me sens comme tout le monde. Cette occupation m’a permis de sortir de chez moi et de reprendre confiance.» Bien que l’objectif principal de l’association vise une réinsertion sociale, plusieurs participants nous ont avoué vouloir également retrouver un travail. «Cette mesure permet de redonner un sens à leur vie et un futur peut être de nouveau envisagé après quelques mois», explique Roland Favre, chef du Service de coordination des prestations sociales en Valais.

«Bonjour!» La porte principale s’ouvre soudainement. Christine, qui habite non loin de là, arrive avec une heure de retard. «Il n’y a pas de sanction car la mesure est volontaire. Chacun est libre de participer», précise l’animatrice socioculturelle, alors que Christine, à l’aide sociale à cause de graves problèmes de santé survenus à la suite d’un burn-out, aperçoit le gâteau fraîchement sorti du four. «Mmh, ça sent drôlement bon…»
 

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