Le Parlement doit avoir le dernier mot concernant le Pacte de l'ONU sur les migrations. Contre l'avis du gouvernement, le Conseil des Etats a adopté jeudi par 25 voix contre 15 une motion en ce sens. Le National doit encore se prononcer.
Le pacte qui vise à définir des critères harmonisés pour une migration ordonnée a donné lieu à trois heures de débat. L'UDC, le PLR et plusieurs élus PDC ne le soutiennent pas. Mais pas question de renoncer une bonne fois pour toutes à signer le document et de mettre fin au rôle de premier plan joué par la Suisse dans ce processus.
Sujet sensible
Les sénateurs ont rejeté par 22 voix contre 14 une motion en ce sens de Hannes Germann (UDC/SH). Ils n'en tiennent pas moins à ce que le Parlement ait son mot à dire. La manière dont le gouvernement a présenté le pacte en ne consultant qu'à la marge les commissions parlementaires a en effet irrité plus d'un élu.
Le sujet de la migration est sensible pour la population, a relevé Filippo Lombardi (PDC/TI). "Il nécessite une discussion approfondie sur le contenu du pacte." Or en l'état, le document onusien fait plutôt l'unanimité contre lui, du moins dans les rangs de la droite.
Opposition de droite
Le pacte énumère un grand nombre de droits et de mesures y compris d'ordre financier auxquels les migrants pourraient prétendre. Adopté, il signifie une capitulation de notre Etat de droit, a affirmé Hannes Germann.
"Ce n'est pas à l'ONU de nous dire comment régler la migration", a renchéri Thomas Minder (Indépendant/SH). "Que pensent les Grecs de ce pacte, quand eux-mêmes ne trouvent pas de travail dans leur propre pays?" Le pacte ne contient pas de devoirs pour les migrants ou leur pays d'origine, mais une liste sans fin pour le pays d'accueil, s'est insurgé Philipp Müller (PLR/AG).
La gauche isolée
La gauche et Anne Seydoux (PDC/JU) ont été bien seuls à défendre le projet. "Ce pacte porte le drapeau suisse. Il est navrant aujourd'hui que certains milieux s'en prennent à notre ambassadeur Jürg Lauber, représentant de notre gouvernement", a relevé Christian Levrat (PS/FR). Les 23 mesures prévues par l'ONU correspondent aux principes de la politique migratoire de la Suisse.
Le Fribourgeois s'est dit surpris que des pans entiers de la politique suisse tombent dans le registre du discours d'extrême-droite. "Est-ce que la Suisse veut vraiment s'aligner sur la politique de l'AfD, du FPÖ, d'Orban ou de Trump", a-t-il lancé. Cette posture de la Suisse nuira à la Genève internationale, a renchéri Maury-Pasquier (PS/GE).