En Suisse, depuis la fin du XIXe siècle, la température a augmenté de 2,4 degrés. Ce chiffre paraît faible. Mais il est remis en perspective lorsqu’on sait que l’augmentation globale, depuis la dernière période glaciaire, est d’environ 5 degrés. Tout s’est accéléré à cause des gaz à effet de serre.

A peine sortis du lit, les étudiants en quatrième année au lycée-collège de la Planta (LCP) sont confrontés à ces résultats, présentés par la climatologue invitée, Martine Rebetez. Mais les intervenants participant à la journée «Orientation et transition écologique» à laquelle les jeunes s’apprêtent à participer n’entendent pas s’arrêter à ce constat.

«Ce n’est pas une journée sur le climat, mais une journée qui s’inscrit dans le processus d’orientation que vous entamez en fin de collège», précise, en guise d’introduction, Francis Rossier. Le recteur du LCP, en collaboration avec celui du lycée-collège des Creusets, Xavier Gaillard, a organisé cet événement dans le but de dépasser le sentiment d’impuissance qui caractérise une partie de la jeunesse d’aujourd’hui.

Ce n’est pas une journée sur le climat, mais une journée qui s’inscrit dans le processus d’orientation.

Francis Rossier, recteur du LCP

Des instituts de formation et des professionnels ont donné de leur temps pour aider les jeunes à répondre à la question «Que pouvons-nous faire?», peu importe qu’ils se destinent à l’ingénierie, aux sciences humaines ou à l’art.

«On baisse les bras»

«Il va falloir s’adapter. Quelle que soit votre formation, la décarbonisation concerne tous les domaines», lance Martine Rebetez. Un constat qu’illustre le journaliste Florent Hiard dans son atelier dédié au journalisme climatique. «Sport, économie, culture, toutes les rubriques sont touchées par les questions environnementales, car toute la société est concernée», précise-t-il à son public estudiantin.

On vit dans une certaine réalité que je m’oblige à accepter.

Un étudiant de quatrième année au LCP

Un public habitué à une couverture catastrophiste des sujets environnementaux. «On nous dit que ça va mal. Mais on ne sait pas quoi faire, alors on baisse les bras», confie une élève, soutenue par un camarade résigné. «On nous balance des faits dans la face. On vit dans une certaine réalité que je m’oblige à accepter.»

Les jeunes, l’espoir de demain

Au découragement, Martine Rebetez préfère l’appel à la mobilisation collective. «Individuellement, on agit seulement sur 10% de nos émissions de gaz à effet de serre. Agissons donc ensemble.» C’est aussi le message central de la conférence de Bertrand Kiefer, médecin, théologien, éthicien et journaliste.

Votre rôle est d’imaginer les solutions, tout n’est pas encore joué.

Bertrand Kiefer, médecin et journaliste

Si pour lui, la sensibilité environnementale n’est pas une question de génération, il considère tout de même son jeune public comme un auditoire particulier. «Votre rôle est d’imaginer les solutions, tout n’est pas encore joué.» Energies renouvelables, économie circulaire, matériaux respectueux de l’environnement, les pistes d’amélioration sont en effet infinies et présentées aux étudiants par les universités romandes, l’EPFL ou encore la HES-SO.

La passion d’abord

Face à ces propositions, les étudiants sont restés plutôt silencieux. La gêne de s’exprimer? Sûrement. Mais derrière ce mutisme, se cache peut-être aussi un sentiment de ras-le-bol. «Est-ce que votre génération n’a pas tendance à se dédouaner et à nous mettre beaucoup de responsabilités sur les épaules?», lance Leïla Pelufo, à l’issue de la conférence de Bertrand Kiefer.

Est-ce que votre génération n’a pas tendance à se dédouaner et à mettre beaucoup de responsabilités sur les épaules des jeunes?

Leïla Pelufo, étudiante en quatrième année au LCP

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Leïla Pelufo étudie les arts visuels au lycée-collège de la Planta à Sion. © Le Nouvelliste

On recroise l’étudiante entre deux ateliers. «On nous dit toujours la même chose. C’est important de nous le rappeler, mais disons que, aujourd’hui, il n’y a pas eu de scoop.» Inscrite en option arts visuels, elle salue tout de même une nouveauté. «Pour une fois, les interventions s’adressent aussi aux filières artistiques.»

Si elle n’envisage pas une école d’art, c’est le cas de Martin Chabbey, qui aimerait étudier la photo. «L’écologie n’est pas ma priorité quand je réfléchis à ce que je voudrais faire plus tard, mais c’est quelque chose d’important que je garderai toujours en tête», confie-t-il.

L’écologie n’est pas ma priorité quand je réfléchis à ce que je voudrais faire plus tard, mais c’est quelque chose d’important que je garderai toujours en tête.

Martin Chabbey, étudiant en quatrième année au LCP

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Martin Chabbey étudie les arts visuels au lycée-collège de la Planta à Sion. © Le Nouvelliste

Oui, les jeunes ont un rôle à jouer dans l’avenir de la planète, et leur formation déterminera forcément en partie leurs actions. Mais pas besoin de choisir une filière liée à l’environnement. «Choisissez un domaine qui vous passionne, car c’est là que vous serez les meilleurs», conclut Martine Rebetez. Car investir dans sa formation, quelle qu’elle soit, c’est s’engager à faire évoluer la société, y compris en matière de climat.

Une femme prend la tête du collège de la Planta à Sion

Romaine Crettenand-Sierro, actuelle proviseure et professeur de français et d’anglais, remplacera Francis Rossier dès le 1er janvier 2024.