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Jeu de mains, jeu de vilains?

A l’âge où ils se découvrent, les enfants ont parfois des comportements qui alarment les adultes. A partir de quand y a-t-il lieu de s’inquiéter?

28 sept. 2016, 23:27
/ Màj. le 29 sept. 2016 à 00:01
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«Tournantes» organisées entre mineurs dans les toilettes de l’école, diffusion d’images à caractère pornographique entre préadolescents, les faits divers dépeints, ces dernières années, dans la presse et touchant la sexualité des jeunes mettent à jour des pratiques inquiétantes.

Face à ces comportements sexuels «dérangeants», les professionnels du SIPE (centre de consultation Sexualité, Information, Prévention, Education) s’entretiennent régulièrement avec des parents ou des enseignants préoccupés. Avec eux, ils distinguent les pratiques saines, qui participent au développement de l’enfant, des comportements inquiétants. «Les adultes reconnaissent que l’enfant puisse se développer sur le plan cognitif, mais pas sur le plan sexuel, s’étonne Jacqueline Fellay-Jordan, conseillère en santé sexuelle du SIPE. Dès qu’un comportement apparaît «dérangeant» pour l’adulte, on assiste à une sorte de réaction alarmiste. Or, un enfant est curieux et ces explorations peuvent être tout à fait saines.»

Les signes qui interpellent

Mais alors, à partir de quand faut-il s’inquiéter? «Il y a plusieurs critères qui nous permettent de tirer la sonnette d’alarme, explique Edith Schupbach, éducatrice formatrice en santé sexuelle et reproductive. La différence d’âge: si la personne avec qui l’enfant partage ces comportements a plus de deux ou trois ans de plus que lui, ou une grande différence de maturité.» L’écart entre les statuts importe aussi: s’il y a un pouvoir d’autorité, un conflit de loyauté ou une différence de conscience, par exemple dans le cas d’un enfant ayant toutes ses capacités cognitives et d’un autre en situation de handicap. «L’utilisation de la force, l’intimidation, la menace ou le chantage renvoient à des comportements inacceptables.» Autres points importants: la fréquence, l’intensité, si malgré l’intervention et le recadrage de l’adulte, le comportement persiste, et la place que ces comportements occupent dans la vie quotidienne. «L’analyse des émotions de l’enfant nous informe aussi sur la gravité de la situation: honte, peur, culpabilité, souffrance sont des éléments à ne pas négliger.»

Les réactions adéquates

Face à ces phénomènes, quelles sont les ressources dont disposent les parents? Jacqueline Fellay-Jordan propose «qu’ils apprennent à leurs enfants à faire des choix, à définir leurs propres limites intérieures, puisque celles fournies par la société sont de moins en moins importantes». «Il est bon aussi de se remettre au niveau de l’enfant, précise Edith Schupbach, en laissant de côté les normes sociales politico-correctes propres à la vie d’adulte. Il est contre-productif de le brimer tout de suite. Sans trop anticiper les questions qu’il peut avoir, il est important d’instaurer le dialogue en cherchant à savoir ce que l’enfant sait de la sexualité.»

Le problème d’internet

D’autres «dérives» comportementales découlent de la facilité des transmissions de données par le biais d’internet. Un tiers des enfants suisses de 10 ans ont ainsi déjà eu accès à un contenu à caractère pornographique. «Des images qui peuvent avoir un fort impact traumatique, souligne Jacqueline Fellay-Jordan. La surmédiatisation de notre société entraîne une augmentation de l’importance de la représentation dans le groupe. Certains jeunes vont chercher à être populaires en «reprenant le pouvoir» par le biais de comportements inquiétants ou en faisant circuler des images, pour devenir «quelqu’un d’important». Des images d’inconnus ou de soi-même, qui sont parfois aussi diffusées de manière décomplexée sur les réseaux sociaux.

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