«Ce que j’aimerais dire, c’est qu’il est autant dangereux de rentrer chez soi à pied qu’en voiture, lorsqu’on a consommé de l’alcool. Si on prend la voiture, on risque au mieux une sanction. Mais rentrer à pied en ayant trop bu peut aussi être fatal.» C’est malheureusement ce qui est arrivé au fils de Mme Nellen, il y a de cela un an. A 23 ans, le jeune homme a trouvé la mort après une soirée de carnaval, sur la route de Saint-Léonard: «Xavier avait prévu de dormir chez un copain. Mais à minuit et demi, ayant trop bu, il a décidé de rentrer à pied à la maison en longeant la route cantonale. Il s’est ensuivi un accident mortel.»
Le risque est le même pour tous
Qui n’est jamais rentré chez soi à pied après avoir consommé trop d’alcool? On croit souvent, à tort, que ne pas rentrer en voiture écarte tout risque vital, mais il est important de bien réfléchir à ses limites et aux moyens envisagés pour rentrer chez soi avant de se rendre à la fête. Sophie Cottagnoud, intervenante en prévention auprès d’Addiction Valais suggère quelques stratégies pour faire la fête sans risque: «Une fois sur place, avec la consommation d’alcool, on prend rarement les bonnes décisions. C’est pourquoi nous conseillons de prévoir sa rentrée avant d’aller à la fête. Ce peut être rentrer avec des lunabus ou le service Nez Rouge (s’ils sont opérationnels ce soir-là), des taxis ou ses amis (à condition d’avoir décidé au préalable lequel ne consommera pas d’alcool de toute la soirée). L’application «Fiesta Drive» (voir encadré ci-dessus) offre aussi des solutions de covoiturage.» D’autant que «dans le contexte de carnaval, on a envie de faire la fête et on se laisse plus facilement aller à l’euphorie», affirme Mme Nellen.
Quelques conseils de base
Il est également conseillé de connaître et de respecter ses limites, afin d’éviter tout abus d’alcool. Car ceux-ci peuvent engendrer violences, accidents, comas éthyliques ou dérives sexuelles (on entend par là des viols, mais aussi des rapports non protégés ou regrettés). Pour ce faire, il est fortement déconseillé de s’adonner au «binge-drinking». Cette biture express qui consiste à consommer un maximum d’alcool avant de sortir séduit notamment les jeunes, l’objectif étant de dépenser moins d’argent pour s’alcooliser une fois sur place. «Nous recommandons également d’éviter de boire le ventre vide, poursuit Sophie Cottagnoud, puis de varier sa consommation en buvant un verre d’eau entre chaque verre d’alcool, d’éviter les mélanges et de ne pas boire trop vite.»
L’indifférence peut tuer
Notre réaction face aux autres peut aussi sauver des vies. Garder un œil sur ses compagnons de sortie, ne pas rester dans l’indifférence face à quelqu’un qui aurait trop bu, tenter de trouver des solutions pour lui permettre de rentrer sain et sauf sont autant de stratégies qui peuvent éviter les mauvaises surprises. La disponibilité des parents peut aussi jouer un grand rôle: «De nombreux parents sont prêts à se relever pendant la nuit, confirme Mme Nellen, même si les enfants sont parfois dissuadés de nous appeler, par honte ou par peur de déranger.»
Pour empêcher les dérives, certaines soirées ont opté pour le label «Fiesta». «A l’heure actuelle, environ 90 manifestations sont labellisées chaque année en Valais. Huit salles de concert et discothèques sont également labellisées à l’année, ce qui représente environ 400 soirées», explique Sébastien Blanchard, coordinateur du label auprès d’Addiction Valais. «Il se base sur une prévention structurelle mise en place par l’organisateur pour assurer des conditions optimales en ce qui concerne la prévention de l’abus d’alcool, la protection de la jeunesse, la réduction des risques... L’organisateur labellisé reçoit du matériel de prévention pour garantir ces conditions, comme des affiches. Des mesures environnementales seront également développées cette année.»