Dans le cadre de la Semaine du goût, un colloque international organisé par le CREPA (Centre régional d’études des populations alpines) et le Musée de Bagnes, ouvert au public, se penchera sur les relations entre les circuits de production et de consommation entre les plaines et les montagnes. Concurrentes ou complémentaires, la plaine et la montagne? Une région est-elle gage d’authenticité et l’autre d’industrialisation? L’espace alimentaire montagnard est-il vraiment un réservoir de savoir-faire, de pratiques alimentaires et de produits authentiques qu’il s’agit de préserver, de promouvoir ou de retrouver? La viande séchée du montagnard résistera-telle au véganisme citadin? Quelques interrogations parmi d’autres qui seront débattues à l’Espace Saint-Marc au Châble les 13 et 14 septembre.
Plaine et montagne
«Le colloque part de l’idée que le goût des produits et leur valeur respective sont travaillés par les multiples échanges entre espaces des plaines et espaces des montagnes. En nous inspirant des acquis du programme Alp Foodway auquel participe le CREPA, nous voulons mettre en évidence ce qui relie les circuits de production et de consommation entre ces deux zones, tant en termes de marché économique que de pratiques sociales alimentaires ou d’imaginaires partagés», explique le comité d’organisation. «Les montagnes ont ainsi participé à nourrir les plaines, tandis que les plaines fournissent des publics et des débouchés aux produits de montagne qui connaissent aujourd’hui une forte valorisation au travers de labels et d’appellations.» Alors que les consommateurs se méfient de plus en plus des produits issus de l’industrie alimentaire, les agriculteurs de montagne ont une place à prendre sur le marché. Une démarche qui tient à cœur à Gérald Dayer, chef du service de l’agriculture du canton du Valais, qui participera à ce colloque aux côtés d’un panel d’intervenants internationaux de prestige.
Le goût façonné par l’histoire
Plusieurs intervenants invités au colloque mis sur pied pa rle CREPA les 13 et 14 septembre à l’Espace Saint-Marc au Châble vont évoquer la construction socio-culturelle du goût et l’influence de l’histoire dans celle-ci. Parmi eux, Marianne Cailloux, maîtresse de conférences, sciences de l’information et de la communication à l’université de Reims, se penchera sur l’histoire visuelle du goût(représentations des produits alimentaires alpins au xve siècle), les images anciennes permettant une approche différente et complémentaire des textes d’archives. Tandis que Luca Mocarelli et Paolo Tedeschi, professeurs à l’Université de Milan Bicocca, relateront le parcours des produits alimentaires de la montagne lombarde du xixe siècle à l’aube du nouveau millénaire. Ou comment l’arrivée du tourisme suscite une redécouverte des goûts de la montagne et de ses aliments, jusqu’à séduire, non seulement les visiteurs mais aussi les habitants de la plaine et des villes lombardes.
Changements des pratiques alimentaires
Marie-Anne Guérin du Musée savoisien et Christiane Dunoyer du Centre d’études franco provençales de Saint-Nicolas nous entretiendront des changements dans les pratiques alimentaires et culinaires en Tarentaise (Savoie) aux xxe et xxe siècles. Invités également, Alessandra Roversi, consultante et spécialiste en alimentation, Réane Ahmad, journaliste diplômée de l’Université des Sciences gastronomiques de Pollenzo en Italie, ou encore Julien Vuilleumier de l’Université de Neuchâtel dont l’intervention portera sur l’agriculture contractuelle de proximité. Tandis que la célèbre cuisinière Irma Duetsch, le fromager et roi de la raclette Eddy Baillifard et Cassiano Luminati, directeur du projet Alp Foodway, animeront la table ronde.
Cet article peut être lu dans son intégralité dans notre supplément «Terroirs» de ce jeudi 6 septembre.
