Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Grand Conseil: qui vous représente vraiment ? Notre analyse des élus

Nous avons établi le profil type des élus du Grand Conseil par parti. De quoi alimenter, mais aussi casser, certains clichés.

01 juin 2017, 16:46
/ Màj. le 05 juin 2017 à 17:20
Qui sont les plus jeunes? Qui a le plus d'expérience?

Qui vous représente vraiment au Parlement? Alors qu’il siège dès mardi pour sa deuxième session, le Parlement a un nouveau visage depuis le printemps. Nous avons analysé, parti par parti, le profil type des élus à la députation. Pour établir ce portrait-robot, nous avons pris en compte différents critères: la représentation femme-homme, l’âge des députés, leur profession et leur expérience au sein du Grand Conseil.
Le premier constat est que la représentation féminine parmi les députés n’arrive pas à dépasser les 20%. Rien d’étonnant de voir l’Alliance de gauche en tête de ce classement, même si ce n’est que d’une courte tête qu’elle dépasse le PLR. Le PDC, péjoré par la quasi-absence de femmes élues dans le Haut-Valais, et l’UDC, qui n’a aucune députée, ferment la marche dans ce classement.
L’âge moyen des députés est d’un peu plus de 46 ans. Mais là aussi, il y a d’importantes disparités entre les partis. Le PDC est le seul qui se situe au-dessus de ce chiffre, avec plus de 49 ans. Une moyenne qui cache les différences entre le Haut beaucoup plus âgé, les jaunes affichant une moyenne d’âge de 55 ans, et le Bas. Le PLR et l’Alliance de gauche sont sur la moyenne et l’UDC juste en dessous.
De l’autre côté, les Verts ont un groupe qui fait figure de jeune premier avec un âge moyen de 38 ans. Une jeunesse qui se retrouve aussi au niveau de l’expérience, puisque les députés verts n’ont passé que six mois au sein de l’hémicycle. Dans ce domaine, au PLR les députés ont en moyenne effectué un ou plus d’un mandat et comptent un peu moins de six ans passés sur les bancs du Grand Conseil.
Face à ces nombreux constats, nous avons fait réagir les présidents des différents partis, soit Jean-Pascal Fournier (les Verts), Barbara Lanthemann (Parti socialiste), Serge Métrailler (PDCVr), René Constantin (PLR) et Cyrille Fauchère (UDC).

 

PDC

 

Analyse

Les représentants du PDC n’ont pas du tout le même profil si on les regarde au travers de ses différentes composantes, PDCVr, noirs et jaunes haut-valaisans, ou si on les prend dans leur ensemble sous l’étiquette orange. En effet, si au PDC du Valais romand les femmes représentent un quart des députés, cette proportion plonge de l’autre côté de la Raspille puisque aucune femme n’est élue au CSPO et seulement 8% au CVPO. Il en va de même en ce qui concerne la moyenne d’âge. En analysant par groupe, on constate que l’âge moyen des jaunes est de près de 55 ans, le groupe de loin le plus âgé du Parlement, soit un peu moins de 20 ans de plus que le groupe des Verts.
Pris dans son ensemble, le PDC affiche ainsi la moyenne d’âge la plus élevée des cinq partis, mais ces députés n’ont pas pour autant le plus d’expérience au sein du législatif cantonal. A trois mois près, le PDC se retrouve derrière le PLR.

L'avis du président du parti: Serge Métrailler

Comment expliquez-vous une telle disparité entre le parti du Valais romand et ceux du Haut ?
Je ne peux pas m’exprimer pour mes collègues du Haut, mais il y a certainement une question culturelle qui explique ces différences. Mais au sein du PDCVr nous avons tout de même de nombreuses femmes élues. Surtout, la proportion est à l’image de nos listes, ce qui signifie que les femmes passent comme les hommes. Si on ajoute celles qui sont élues dans les communes, présidentes, vice-présidentes ou conseillères, nous avons une belle représentation féminine.

La moyenne d’âge est la plus élevée des cinq partis… vous n’arrivez pas à élire des jeunes?
Il faut pondérer ces chiffres par le nombre d’élus évidemment. Nous avons des jeunes qui sont élus, des suppléants sont passés à la députation, d’autres sont entrés directement. Je crois qu’il faut un bon mix entre les anciens et les nouveaux. Il est important que la députation se renouvelle.

On dirait que l’image du PDC qui occupe des fonctions dirigeantes vous colle à la peau, non?
Non, avant on reprochait au Parlement de n’avoir que des avocats et des enseignants. Je salue le fait que les entrepreneurs s’impliquent. Par contre, il est vrai qu’en raison de l’organisation des sessions du Parlement en journée notamment, il est difficile pour certaines professions de s’engager. 

 

 

PLR

Analyse

L’analyse fine des représentants du PLR démontre que le parti est celui qui affiche le moins de renouvellement. En effet, 61,5% de ses députés n’ont pas changé depuis la législature précédente. S’il n’est pas le parti qui obtient la plus grande moyenne d’âge de ses députés, c’est sa députation qui compte le plus d’expérience au sein du Parlement, avec un peu moins de six ans. Par contre, c’est l’un des partis qui laisse le plus de place aux femmes, à deux points derrière le Parti socialiste, et clairement le premier de la droite.
En regardant de près les professions les mieux représentées de la députation PLR, on constate que les directeurs d’entreprise ou les employés de banque trustent les premières places. Pas surprenant pour ce parti, par contre il est un peu plus étonnant de voir des enseignants dans le trio de tête. 

L'avis du président du parti: René Constantin

Comment expliquez-vous le fait que votre députation est la plus expérimentée au Grand Conseil?
Le fait d’avoir des représentants qui ont de l’expérience, c’est une nécessité. Notre stratégie est aussi d’attirer des jeunes, mais ils sont plutôt bien représentés au sein de nos suppléants.

Faut-il voir un corollaire au fait que vous avez le taux de renouvellement le plus faible?
Je ne sais pas, mais nous demandons aux personnes qui s’engagent de rester au moins douze ans, que ce soit à la députation ou à la suppléance. Le travail de député est devenu très complexe et demande donc passablement d’expérience. Le fait d’être le plus grand groupe du Parlement nous permet aussi d’avoir des députés qui peuvent se spécialiser, notamment au sein des commissions. En restant au moins trois législatures, tout le monde bénéficie des compétences ainsi acquises.


Vous avez un taux de représentantes féminines parmi les plus élevés. Y a-t-il une stratégie?
Oui, clairement. Nous avons mis les jeunes et les femmes comme priorité au renouvellement de notre députation. Le taux de représentantes féminines a bien augmenté depuis la dernière législature. Je suis donc très content que les efforts consentis portent leurs fruits. 

 

 

UDC

Analyse

Le parti agrarien n’a aucune femme au sein de l’exécutif. C’est d’ailleurs le seul parti à connaître cette situation si on intègre les jaunes au sein du PDC. Il est vrai que l’UDC n’avait pas sur ces listes une représentation féminine considérable. Le parti agrarien n’en faisait clairement pas une de ses priorités. Les femmes sont par contre bien représentées au sein de la suppléance.
Sa délégation affiche la moyenne d’âge la plus jeune parmi la droite, probablement en raison de son arrivée au Parlement cantonal à l’aube du millénaire. Les professions qui dominent au sein de l’UDC au Parlement reflètent assez bien l’image qu’on se fait du parti agrarien, avec des directeurs d’entreprise et des indépendants. Des professions qui, il y a quelques années encore, étaient l’apanage du PLR.

L'avis du président du parti: Cyrille Fauchère

Pourquoi vous n’avez aucune femme?
C’est difficile à expliquer. Parmi les élus, plusieurs sont membres d’exécutif ou de législatifs communaux. Pour être élu, il y a une question de visibilité, de présence dans les médias. Lors de ces exercices, les élus, communaux ou sortants du Grand Conseil, sont mieux armés puisqu’ils connaissent les dossiers ou ont l’habitude de ses situations.

L’expérience de vos députés est assez proche de celle des partis plus anciens. Surprenant, non?
Non, c’est bien. Cela signifie que nos élus sont reconduits dans leur fonction. Et c’est agréable de travailler avec des gens qui ont de la bouteille. Nous n’avons pas non plus, à l’image d’autres partis, une limite de mandat, ce qui pourrait expliquer ce chiffre.

On constate que les professions libérales sont celles qui sont le mieux représentées. Une nécessité?
Non, pas vraiment! On couvre quand même tous les domaines, tous les types de professions. Pour nous, l’important est la composition de listes équilibrées. On cherche toujours à avoir des représentants issus de tous les milieux professionnels comme des personnes de tout âge.

 

 

Alliance de Gauche

Analyse

Pour des partis qui ont l’égalité femme-homme chevillée au corps, on ne peut pas dire que l’Alliance de gauche sort du lot par rapport aux autres partis. Si c’est elle qui a le meilleur ratio femme-homme, ce n’est que de 2% par rapport au PLR. Avec un tiers des élues, on est encore loin de la parité. Pourtant les listes faisaient la part belle aux candidates et approchaient d’ailleurs l’égalité.
Au sein de l’AdG, il y a autant de nouveaux élus que d’anciens qui ont renouvelé leur mandat. Le renouvellement des élus qui semble être une spécialité de la gauche puisque les deux partis, l’AdG et les Verts, affichent le taux de renouvellement le plus élevé. Dans cette analyse, on constate que les enseignants et les syndicalistes trustent les premières places. Difficile de changer certains clichés!  

L'avis de la présidente du PS: Barbara Lanthemann

Un tiers de femmes députées à l’Alliance de gauche, n’est-ce pas un peu faible?
Oui, évidemment. Même chez les socialistes, nous avons de la peine à mettre les femmes en avant! On peut franchement se demander si on ne devrait pas essayer de protéger les femmes qui se présentent sur les listes pour augmenter leur représentation. On pourrait imaginer des listes fermées par exemple. Mais il est clair que les femmes n’ont pas le même réseau que les hommes pour lutter à armes égales.

Qu’on retrouve des enseignants et des syndicalistes parmi les professions les mieux représentées, cela n’étonne personne. Des économistes par contre…
C’est un très bon point. Nous sortons du cliché classique des membres de la gauche. Nous avons aussi des gens des milieux de l’économie, qui savent manier les chiffres de la comptabilité et c’est une très bonne chose.
 
50% de nouveaux députés, cela signifie-t-il que vos électeurs ne sont pas satisfaits de ceux en place?
Non, je pense que c’est très bien qu’il y ait un renouvellement des députés. Avoir des nouvelles têtes est une bonne chose, mais évidemment que cela peut aussi poser parfois des problèmes. Il y a forcément des avantages et des inconvénients, quelle que soit l’option choisie.

 

Les Verts

Analyse

Certes, c’est la première fois que les Verts ont un groupe au Grand Conseil, mais il faut bien dire que l’analyse fine de leur députation laisse entrevoir quelques surprises. Comme le fait qu’avec un quart de femmes élues, le parti fait l’un des plus mauvais scores de l’hémicycle. Surprenant pour un parti de gauche, qui plus est lorsque les listes affichaient une majorité de femmes. Cela signifie que les électeurs verts donnent leurs voix plus volontiers aux hommes qu’aux femmes.
Avec plus de 87% de nouveaux élus, le renouvellement est presque complet dans le parti puisqu’un seul élu a retrouvé son siège. C’est donc très logiquement que la durée moyenne des mandats affiche six mois, car les nouveaux élus ne sont pas forcément passés par la case suppléance. La moyenne d’âge est une autre spécificité des élus verts. En effet, elle affiche un peu plus de 38 ans, soit près de cinq ans de moins que la plus proche des autres formations, l’UDC. 

L'avis du président du parti: Jean-Pascal Fournier

Comment expliquer que les Verts aient aussi peu de femmes élues? Pour un parti comme le vôtre, c’est quand même dérangeant, non?
Je me l’explique difficilement, d’autant plus qu’au niveau suisse notre parti est celui qui compte proportionnellement le plus de femmes élues. Ce constat est évidemment très étonnant, alors que nous avions réussi à recruter des femmes et que nos listes étaient à majorité féminine. Dans les exécutifs communaux, les femmes de notre parti sont très présentes. Il y a certainement plusieurs raisons: la question du réseau est probablement l’une des principales.

Votre députation est plutôt jeune…
Oui, et nous en sommes très contents. Nous avons une excellente équipe au sein des jeunes Verts. Et ils n’hésitent pas à s’engager.

Du coup, vos représentants n’ont presque aucune expérience au sein du Grand Conseil. N’est-ce pas un désavantage?
Pas forcément. Notre parti a connu lors de ces dernières votations un changement de génération. Plusieurs ténors du parti, qui faisaient partie de la première génération, ont quitté les rangs du Parlement. D’autres ont pris la relève. C’était un virage important à ne pas manquer.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias