Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Sion: les spécialistes donnent leur avis sur le projet de métro-câble

Réaliste, visionnaire, ambitieux, complémentaire? Le métro-câble en ville de Sion imaginé par Laurent Zen-Ruffinen et Sébastien Gattlen est passé sous la loupe de quatre spécialistes.

06 avr. 2017, 08:52
/ Màj. le 06 avr. 2017 à 17:00
Le projet tel qu'imaginé aujourd'hui ...

Le projet de ligne de télécabine entre la piscine et l’hôpital à Sion a suscité de nombreuses réactions. Nous avons demandé à différents spécialistes – de l’ingénieur spécialisé dans ce domaine à un doctorant de l’EPFL qui étudie les métro-câbles urbains - leur avis sur ce projet sédunois en particulier et plus largement de la faisabilité de ce type de transports pour des villes de petite taille comme Sion.

>>A lire aussi: Mobilité en ville de Sion: un téléphérique urbain pour éviter les bouchons?

 

 Paul Glassey, ingénieur

«Le téléporté est un moyen de transport complémentaire»

Spécialiste dans le domaine du transport par câble depuis plus de trente ans, Paul Glassey a construit plusieurs installations en milieux urbains en Algérie et au Mexique.

Selon lui, le «problème primordial n’est pas la construction du téléporté mais la réalisation d’une étude détaillée de circulation. Celle-ci doit permettre de définir avec précisions les besoins de transport et les pôles attractifs à desservir.»

Dans le cas d’une installation comme celle imaginée pour Sion, il faut se rendre compte que «le téléporté» vient se superposer aux transports publics existants, entre autre, aux bus qui font des arrêts rapprochés. Le téléporté est un moyen de transport complémentaire.

Définir qu’elle est le complément optimal à apporter n’est pas si simple. L’ingénieur insiste sur le fait que l’installation doit, pour être une solution optimale, couvrir une certaine distance. Avec six stations, la version sédunoise compte probablement trop de stations intermédiaires.

 

 Fernando Simas, doctorant en mobilité urbaine à l’EPFL 

«Le projet de métro-câble urbain sédunois n’a rien d’utopique»

Dans sa thèse de doctorat, Fernando Simas étudie différents cas de transports à câble urbains en Suisse (Fribourg, Morges, Genève) mais aussi celui qui devrait relier Sion à Thyon.

«Ce type de moyen de transports urbain a certes un coût d’investissement plus important qu’un bus par exemple, mais ses frais d’exploitation et sa durabilité rendent le câble concurrentiel.»

Pour lui, le projet de métro-câble urbain sédunois n’a rien d’utopique et n’est pas forcément surdimensionné avec une capacité de 2000 à 4000 personnes par heure et par direction. «Voir grand coûte toujours cher, c’est le problème. Mais il faut bien s’imaginer qu’on pense sur 20 ans. Sion a une expansion importante. Pour une bonne organisation, la mobilité doit être pensé avant l’installation des habitants.» Et de prouver son propos avec un exemple. «Au moment de son lancement, tout le monde pensait que le métro de Lausanne était surdimensionné. Or son succès démontre que ce n’est pas le cas.»

 

 Gilles Délèze, collaborateur au service des transports du canton

«Le premier obstacle est psychologique»

Pour le spécialiste du transport par câble au sein de l’administration cantonal, le projet est tout à fait réalisable techniquement.

«En restant à la hauteur des toits des maisons, l’approche de l’aéroport n’est pas un problème technique insurmontable.» Pour lui, le câble permet aussi de passer aisément et à coût réduit au-dessus du Rhône et de l’autoroute.

Le spécialiste relève toutefois deux obstacles pour une ville comme Sion. «Le premier est psychologique. La population doit accepter que des cabines passent au-dessus de leur terrasse, devant leurs fenêtres. Et que les passagers puissent voir ce qui se passent dans les appartements. Même si à Brest (F), ils ont un système qui rend opaque les vitres à certains endroits. Le second relève de l’organisation de la complémentarité des transports. Une télécabine ne peut pas faire de desserte fine, ce qui impose un second réseau.»

La mobilité des habitants du Valais central entre aussi en ligne de compte. «Tant qu’il n’y aura que 15 minutes de bouchons le matin et le soir et que trouver une place de parc en ville sera facile, ce mode de transport n’a pas beaucoup de chance d’être utilisé.»

 

>>L'exemple de Brest, le premier téléphérique urbain de France inauguré en novembre 2016

 

 Raphaël Casazza, politicien qui a lancé une idée similaire à Fribourg

«Avoir une certaine ambition, être visionnaire»

Sa proposition d’une liaison par câble entre la gare, l’hôpital et la sortie d’autoroute n’avait pas passer la rampe du conseil général de la ville, mais le même projet présenté au Grand conseil a été accepté en commandant une étude de faisabilité.

«Je pense qu’il faut parfois avoir une certaine ambition, mais surtout être visionnaire», assure l’ingénieur spécialisé dans le traitement des eaux. Le politicien a porté son choix sur le transport par câble plutôt qu’un autre mode en raison de la taille modeste de la ville de Fribourg, similaire à celle de Sion par ailleurs.

«On pense qu’une ville de 30000 habitants n’a pas la taille critique. Mais c’est le contraire. C’est la solution la plus économique et la plus intéressante à insérer dans un milieu urbain dense. Le bus ou le tram, sauf s’ils ont des voies propres, ont les mêmes contraintes que les voitures.» Dans le cas fribourgeois, la liaison aérienne devrait surtout permettre de résoudre les problèmes de congestion du trafic. «Pour ça il doit être combiné avec un Park+Ride à la sortie d’autoroute.»

>>Participez à notre sondage: La Ville de Sion a-t-elle besoin d'un téléphérique pour désengorger son centre?

Votre publicité ici avec IMPACT_medias