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Remontées mécaniques: Saas Fee abandonne son indépendance pour assurer le futur

Un groupe autrichien prend le contrôle des remontées mécaniques de la vallée de Saas. Principal actionnaire jusqu’à aujourd’hui, Edmond Offermann, qui a tenté de prendre le pouvoir en avril dernier, quitte le navire. Commune et petits actionnaires conserveront une minorité de blocage.

03 oct. 2018, 17:09
/ Màj. le 03 oct. 2018 à 21:45
Markus Schröcksnadel, à droite, devient le nouvel homme fort de Saas Fee. Dans l'écran, Edmond Offermann quitte le navire.

« C’est la fin de l’indépendance, malheureusement », avoue Simon Bumann, membre du futur conseil d’administration. La commune de Saas Fee a concédé aujourd’hui au groupe autrichien Schröcksnadel ce qu’elle avait refusé en avril à Edmond Offermann : la majorité absolue.

Déclaration de guerre en avril

En avril dernier, les actionnaires devaient valider une augmentation de capital. Edmond Offermann, qui pèse 32%, a alors tenté un coup de poker: que seuls les actionnaires actuels puissent participer, une manière de couper la route à tout nouvel investisseur. Avec les 12 millions qu’il était prêt à mettre sur la table, il aurait obtenu la majorité absolue.

Refroidis par l’exemple de Crans-Montana où, quelques semaines plus tôt, Radovan Vitek avait unilatéralement fermé les pistes durant deux jours, les actionnaires de Saas Fee avaient fermement refusé de laisser les rênes à un actionnaire unique. 

« C’est la guerre », déclarait Edmond Offermann. Vexé, il menaçait de tout quitter. L’augmentation de capital était gelée, le doute s’installait et Pirmin Zurbriggen démissionnait de la présidence du conseil d’administration en juin.

A lire aussi : Saas Fee veut garder son destin en main.

Indépendance perdue en octobre

 

En huit ans je n’ai pas réussi à influencer la société.
Edmond Offermann, actionnaire de la société des remontées mécaniques de la vallée de Saas.

Aujourd’hui tout ce monde a fait marche arrière. Fatigué, Edmond Offermann renonce à ses ambitions. « En huit ans je n’ai pas réussi à influencer la société. » Pour Roger Kalbermatten, président de la commune de Saas Fee, cette décision est nécessaire. «Ca a été une décision très difficile, on n’a pas sauté de joie, mais le futur de la station en dépendait», dit-il. Les remontées mécaniques ont en effet besoin de liquidités pour renouveler leurs installations, la période du doute ne pouvait pas durer.

On ignore qui a invité le groupe Schröcksnadel à table. Simon Bumann affirme que les premiers contacts remontent à deux ans. Markus Schröcksnadel, représentant du groupe, dit qu’on est venu le chercher, sans préciser qui.

 

On n’a pas sauté de joie, mais le futur de la station en dépendait.
Roger Kalbermatten, président de la commune de Saas Fee

La majorité absolue dans deux ans

L’ouverture du capital et la nouvelle structure doivent être validées par l’assemblée générale, le 29 octobre prochain. Mais l’affaire est entendue, la commune et Edmond Offermann, qui pèsent à eux deux plus de 60%, ont accepté.

En injectant douze millions, le groupe Schröcksnadel devient le principal actionnaire avec 29% du capital. Il rachètera d’ici deux ans les parts de M. Offermann et aura ainsi la majorité absolue. « Les contrats ont été signés en ce sens », précise Markus Schröcksnadel.

L’exemple de Crans-Montana

Le nouveau venu n’aura pas pour autant les mains libres. Les acteurs locaux se sont épargnés des désillusions potentielles en conservant une minorité de blocage. Les deux tiers des voix sont nécessaires pour modifier les statuts, le groupe Schröcksnadel ne les aura pas. Pour Simon Bumann, la fin de l’indépendance marque le début de la collaboration : « on n’est pas dans la même situation que Crans Montana, avec un actionnaire majoritaire qui vient de la finance. Le groupe Schröcksnadel est actif dans le ski et connaît nos réalités. » 

Fondé par Peter, le père de Markus, le groupe dirige une dizaine de remontées mécaniques, principalement en Autriche, mais aussi Savognin dans les Grisons. Le président des remontées mécaniques valaisannes, Berno Stoffel ne craint pas la venue d’un actionnaire majoritaire : « Andermatt, Disentis, il y a des exemples en Suisse ou cela marche très bien. Les sociétés de remontées mécaniques autrichienne fonctionnent presque toutes comme ça. »

Le groupe a de grandes ambitions pour Saas Fee. « Il y a des investissements à faire, c’est sûr, mais la station est connue, le paysage est fantastique. Il y a un grand potentiel de développement », assure Markus Schröcksnadel.
 

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