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Daillon: le tueur transféré dans un établissement spécialisé du canton de Neuchâtel

F. a été déplacé dans la prison de Bellevue à Neuchâtel. A la prison des Iles, une dizaine d'autres détenus souffrant de troubles psychiatriques sont en attente d'un placement dans une structure adaptée.

14 déc. 2017, 05:30
Le tueur est désormais détenu dans un établissement spécialisé.

Le tueur de Daillon n’est plus détenu à la prison sédunoise des Iles. Il a été transféré le 5 décembre dernier à l’établissement d’exécution des peines de Bellevue, à Gorgier dans le canton de Neuchâtel. Etablissement qui dispose d’une unité spécialisée dans les exécutions des mesures pour les personnes jugées irresponsables et qui doivent soit suivre un traitement, soit être internées. «C’est un soulagement», déclare Audrey Wilson, avocate de l’homme qui a abattu trois femmes dans le petit hameau de Daillon, le 2 janvier 2013. «Nous avions demandé il y a déjà plusieurs années une exécution anticipée de la mesure. La procureure l’avait acceptée», ajoute l’avocate. 

Malgré cette demande, F., à qui deux experts ont diagnostiqué une psychose schizophrénique de type paranoïde, a passé près de cinq ans dans une prison préventive. Un endroit pas forcément adapté pour les pathologies mentales. «Il a été suivi par un psychiatre mais l’encadrement n’est pas aussi spécifique qu’il le faudrait», déplore Audrey Wilson.

Pas de place dans les prisons spéciales

A la prison des Iles, une dizaine d’autres personnes sont dans la même situation que F. «Ces détenus sont sur une liste d’attente car il n’y a pas de place dans les établissements spécialisés», note Georges Seewer, chef du Service cantonal de l’application des peines et des mesures. Il ajoute: «Nous fonctionnons avec un concordat au niveau de la Suisse latine pour l’exécution des peines, mais il n’y a pas assez de places. Aux Iles il y a aussi dix personnes qui ont été jugées et qui donc ne devraient plus être en prison préventive mais nous ne disposons pas actuellement de solutions.» Quelles sont les conséquences pour un prisonnier souffrant de pathologies psychiatriques? «Nous garantissons un certain seuil de traitement mais il est évident que nous n’avons pas d’encadrement spécialisé", prévient Georges Seewer.

Le professeur Panteleimon Giannakopoulos, directeur médical de Curabilis, établissement d’exécution des mesures situé dans le canton de Genève, va plus loin: «Il y a deux conséquences. La pathologie reste insuffisamment soignée avec des manifestations violentes et une souffrance intense: tentative de suicide, feu dans la cellule, etc. L’autre problème, c’est que souvent ces personnes très sensibles à la relation d’emprise sont victimisées par les autres détenus, notamment ceux antisociaux qui ont l’expérience du milieu carcéral.» 

Trente personnes en liste d'attente

Pour le spécialiste, actuellement, 20 à 25% des détenus souffrent de pathologies psychiatriques. «Nous constatons qu’au fil des ans la diminution des lits dans les asiles psychiatriques a été associée à une augmentation des cas psychiatriques en prison. Un retour en arrière s'amorce.» Sauf que le retard est désormais considérable. «Il manque une centaine de places au niveau de la Suisse latine et il y a environ trente personnes en liste d’attente à court terme pour une admission dans un établissement spécialisé.»

Selon le professeur, la construction de nouvelles structures ne suffira pas: «Il faut créer un vrai flux sinon on ne fait que déplacer le bouchon. Nous devons parvenir à accompagner les détenus patients d’un milieu fermé à un milieu plus ouvert puis les réintégrer dans la communauté, quand cela est possible, garantissant un traitement ambulatoire."  

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