A la mer ou à la montagne? Pour un petit groupe de soldats du feu de Saxon, la question ne se pose pas! Les vacances d’été, c’est au Portugal pour aider les pompiers locaux et lutter contre les terribles feux de forêt qui ravagent le pays. Dix jours à partager le quotidien des «bombeiros», à vivre en caserne comme des pompiers professionnels, à arpenter les forêts et à déguster de la poussière et de la fumée. Le pire, c’est qu’à peine de retour et alors qu’ils sont encore tout courbaturés, ils en redemandent! «Vivement l’année prochaine», lâchent de concert Benjamin Pitteloud, Jean-Gratien Comby, Gaël Fagherazzi et Sébastien Zurlo.
Parfaitement intégrés, les pompiers de Saxon interviennent au plus proche des flammes.
Premiers renforts en 2011
L’aventure au cœur des brasiers lusitaniens a débuté en 2011 suite à un article du Nouvelliste qui parlait de trois pompiers valaisans partis combattre les flammes à Farejinhas. «On a eu envie de faire comme eux. De se rendre utile plutôt que d’aller se prélasser sur une plage», se souvient Benjamin Pitteloud. Grâce à Victor Amaral, un Portugais désormais établi en Valais et qui était auparavant «bombeiro» à Penalva do Castello (commune proche de Viseu), les choses se sont mises en place rapidement. «Ils nous ont demandé des attestations, une décharge et nous avons dû régler quelques détails avec notre assurance.» Quatre pompiers se rendent sur place pour la première fois en 2011. Victor Amaral participe aussi à l’aventure. «Il profite de ses vacances pour retourner aider ses camarades. C’est lui qui conduit le camion», précise Sébastien. C’est aussi lui le traducteur même si de nombreux locaux manient le français. «Pour le reste on se comprend avec des signes».
Victor Amaral, ancien pompier portugais établi en Suisse, retourne lutter contre les flammes durant ses vacances. C'est lui qui conduit le camion.
Le pompier tombe dans les flammes
Si la première année a servi de stage, les pompiers de Saxon (ndlr, en tout huit ont fait un séjour au Portugal) sont désormais parfaitement intégrés. Au point que cet été, ils ont géré tout seul un départ de feu. «Ils gardent quand même toujours un œil sur nous. Ils nous protègent», lâche Gaël. Parce que s’ils racontent leurs anecdotes avec un grand sourire, les pompiers saxonins savent très bien que les missions sont dangereuses. «Cet été, un pompier a été brûlé au visage. Il était tellement fatigué qu’il a fait un malaise et il est tombé à plat ventre dans les braises», explique Jean-Gratien avant d’ajouter: «Il y a aussi un pompier avec qui l’on a travaillé qui a été brûlé lorsque le camion s’est embrasé parce qu’il était cerné par les flammes mais il s’en est sorti.»
Benjamin Pitteloud, Jean-Gratien Comby et Sébastien Zurlo.
A la traque au pyromane
Durant les dix jours passés sur place, les Saxonins ont lutté contre trois feux. Des feux souvent d’origine criminelle. «Il y a des pyromanes, des gens qui règlent des problèmes de voisinage, des personnes qui croient nettoyer la forêt pour la chasse et aussi des gens qui allument des feux pour faire marcher l’économie locale: pompiers, canadairs, etc.» Cette année, les pompiers de Saxon ont même failli attraper un pyromane. «On était sur un feu et un autre est parti juste en face. On a vu quelqu’un prendre la fuite mais nous ne sommes pas parvenus à l’attraper. Il va sûrement continuer de sévir.» C’est donc un peu la mort dans l’âme que les Saxonins ont repris mercredi l’avion vers la Suisse en laissant leurs camarades sur la brèche.
Cet été, le Portugal est à nouveau sévèrement touché par les flammes. Les pompiers de Saxon sont intervenus sur plusieurs gros feux.
Mélange de fierté et d’inquiétude
Si eux étaient déçus de rentrer au pays, leurs compagnes les attendaient avec impatience. «C’est une fierté mais je me fais quand même du souci», témoigne Julie Bovet, compagne de Benjamin. Le pompier est d’ailleurs reparti dès son retour du Portugal vers la Grèce avec sa compagne pour profiter de ses derniers jours de vacances. Mais l’année prochaine, il sera à nouveau fidèle au rendez-vous portugais avec ses camarades de Saxon. «On est nourris et logés. Le commandant nous a même engueulé parce qu’on a payé une tournée. Ca fait donc des vacances pas chères», rigolent les quatre Saxonins.
S'ils considèrent leur expédition comme des vacances, les pompiers saxonins sont conscients des risques.