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La future cheffe de Martigny a découvert qu’elle aime gagner

Jamais avant Anne-Laure Couchepin Vouilloz, une femme n’avait été élue à la tête d’une ville du Valais romand.

15 nov. 2016, 23:47
/ Màj. le 16 nov. 2016 à 00:01
Martigny - 14 novembre 2016 - Portrait d'Anne- Laure Couchepin, future présidente de Martigny. (Le Nouvelliste/ Héloïse MARET)

«C’est le défaut des francs», lance-t-elle pour expliquer qu’elle n’est pas rancunière. Parce qu’elle dit toujours les choses en face, sans rien garder en saumure pour le resservir à l’heure et à la température de la vengeance. Anne-Laure Couchepin Vouilloz a le parler efficace. Assez carré, comme elle, «même si j’essaie d’arrondir les angles». Droit devant. Droit en bas. «Je me réjouis de cette élection et de commencer et il n’y a pas tellement d’autres théories à faire.» Elle a l’impression d’être d’une si consternante normalité qu’elle avertit qu’elle va en être ennuyeuse. Pour le portrait donc, pas pour tous les citoyens qui l’ont élue à la présidence de Martigny. Pas pour tous ceux qui se sont laissés séduire par la niaque contagieuse de leur conseillère municipale qu’ils ont vu se transformer en présidente durant la campagne.

Grosse tête, sur les affiches

Chez les Couchepin, il n’y a pas que la politique qui est affaire de famille. Il y a la pudeur aussi. «On parle peu de nous, des autres et encore moins pour les autres.» Anne-Laure Couchepin Vouilloz a montré ce qu’elle avait à montrer durant la campagne, déclaré ce qu’elle avait à déclarer pendant les débats et prouvé qu’elle n’avait plus rien à prouver à l’heure de l’annonce de sa brillante élection.

Alors voilà, difficile d’écrire encore quand tout a été dit. «Je fais un peu de sport et j’aime lire, ajoute-t-elle en complément d’un autoportrait amusé autour d’un thé. La psychanalyse va tourner court. Je n’ai rien vécu de spécial, pas eu d’élément déclencheur, de mentor, ni quelqu’un à qui je rêvais de ressembler. Très tôt, petite, j’ai existé pour celle que j’étais. J’ai été une entité à part entière. J’étais Anne-Laure. Elle pouffe de rire. Ça va bien si je commence à parler de moi à la 3e personne.» Pas le genre en effet à prendre la grosse tête, même si sa bobine s’affiche encore en format mondial dans tout Martigny. «Mes enfants ont senti que quelque chose pourrait changer à cause des affiches. Ils ont compris que je voulais devenir cheffe de la ville, comme ils disent.»

Celle qui ne veut être résumée ni à la fille Couchepin ni à l’épouse Vouilloz accole les patronymes pour s’approprier son individualité. Physiothérapeute de formation, elle a exercé une petite année avant de voir que «ce n’était pas ça». Cette ligne du CV pourrait paraître insignifiante si on ne cherchait pas à y lire une précoce tendance à décider vite, à comprendre rapidement. Ce qui ne va pas. Ce qu’il faut changer. La jeune femme se tourne vers des études de droit à Lausanne, se marie à Martigny et fait «une flopée d’enfants là au milieu». Quatre plus précisément qui ont entre 9 et 2 ans. «Je protège ma cellule familiale. C’est l’endroit où je me ressource. Et là je parle de mon mari et de mes enfants, pas du patriarche.»

Elle rit encore. Voilà c’est fait. On peut passer à autre chose dans la discussion. On en a parlé. De ce père. De Pascal Couchepin, président de Martigny avant elle, figure du radicalisme valaisan, conseiller national, fédéral puis par deux fois président de la Confédération. Autant dire que la filiation est bien loin de la «normalité» affichée par l’élue. Ou alors l’explique.

Plus contente que fière

La présidente élue a grandi et a réussi en politique toute seule. Malgré le parti, le clan, l’histoire, une ressemblance, l’accent et le nom. «Je me suis toujours intéressée à la politique. On m’a éduquée dans l’idée que les choses ne se font pas d’elles-mêmes et qu’on est tous le moteur de notre vie. C’est vrai par contre que je ne suis pas sûre que je me serais investie ailleurs qu’à Martigny.»

Lorsqu’on lui demande si elle est fière d’avoir été élue et même si bien élue, elle préfère un humble «contente». Impatiente d’occuper son nouveau bureau, comme sa nouvelle fonction, en janvier, elle trépigne comme les enfants qui reçoivent un cadeau et n’ont pas le droit de l’ouvrir tout de suite.

Elle prend la pose pour la photo. Détendue. Professionnelle. Celle dont la voix chevrotait peut-être un peu avant d’empoigner un micro en début de campagne a gagné en assurance. La timide s’est-elle soignée? «Non, je n’ai jamais été timide, même si je ne suis pas complètement extravertie.» Ces dernières semaines, elle s’est découverte combative, réactive et, elle a aimé ça. «J’ai eu plus de plaisir durant cette campagne que je ne l’avais imaginé. Ça a été une découverte.» Une révélation. Elle aimait déjà la politique, mais apprend à savourer sans honte le goût de la victoire et du pouvoir. L’ancienne municipale de Martigny était volontaire. La nouvelle présidente pourrait bien se montrer en plus ambitieuse. Stéphanie germanier

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