Un amour inconditionnel des livres. «Pour moi, chaque ouvrage est un bel objet. C’est quelque chose de rare et précieux», souligne Henri Marin (86 ans). Cet enseignant valaisan à la retraite a ainsi cumulé mille et un bouquins depuis sa jeunesse. Dont une collection de cent ans de livres scolaires datant de 1850 à 1950, variant du manuel du savoir-vivre à celui du vocabulaire ou de l’enseignement de l’histoire. «J’ai acquis ces livres au fil de toutes ces années, en parcourant les brocantes et Emmaüs. Et j’ai été de découvertes en découvertes», confie ce passionné de l’école.
«Ma contribution pour aider les illettrés»
Cet amoureux des mots a ainsi décidé de vendre sa collection aux enchères pour attribuer le montant de la vente à l’association «Lire et écrire». «C’est ma contribution pour aider les personnes illettrées, car je sais combien il est difficile pour les gens ne sachant ni lire ni écrire de devoir tout apprendre», explique-t-il. Le montant des enchères qui ont lieu jusqu’au 31 juillet à la librairie «La Liseuse» à Sion est fixé à 2000 francs.
La vente de la collection entière, pas en détail
Il n’est cependant pas possible d’acheter ces anciens bouquins au détail. «L’acheteur intéressé devra prendre toute la collection. C’est important pour moi que ces cent livres restent dans un même ensemble», explique Henri Marin en regardant ses bouquins avec tendresse. «J’espère juste qu’ils ne seront pas enfermés dans des cartons.»
Le déclic en découvrant un texte de 1912
Pour cet enseignant, le don de cette collection de livres scolaires boucle la boucle d’une vie passée au milieu des mots. «Un jour, j’ai trouvé dans une bouquinerie un texte daté de 1912 d’un inspecteur, tapé à la machine, qui faisait le bilan de l’école nomade en Valais. Il m’a frappé et j’ai eu envie de continuer à chercher ce genre de document rare», raconte-t-il avec passion.
D’autant plus que le sujet de l’école nomade parle à l’octogénaire né à Chalais. «C’était l’époque où on allait à l’école en plaine quelques mois et on se rendait à Vercorin les autres mois de l’année. Nous étions nomades», explique-t-il. C’est seulement lorsque Henri Marin a eu sept ans qu’une école a ouvert ses portes à Vercorin. «Cela m’a marqué; c’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à étudier l’histoire.»
Il a été conseiller en édition de Maurice Chappaz
Même après sa retraite, Henri Marin a conservé son goût pour les livres. Pour preuve, il a été conseiller en édition de Maurice Chappaz et de Corinna Bille. «Ma philosophie de vie est de toujours faire les choses par plaisir. J’ai eu de la chance dans mon existence.»
A près de nonante ans, Henri Marin pense cependant à laisser son patrimoine à la postérité. Outre cette collection de manuels scolaires, il a déjà fait un don d’environ 600 livres généralistes qui se trouvaient dans son appartement. Ces trésors sont aujourd’hui abrités dans la bibliothèque de Vercorin baptisée «Bibliothèque Henri Marin» pour l’occasion. «Je suis si heureux que ces livres puissent continuer leur existence», conclut-il.