Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Valais: moins de médicaments pour une meilleure qualité des soins

La Société médicale du Valais et pharmavalais lancent ce jeudi un projet qui implique les patients pour lancer un changement de culture: prescrire moins pour une meilleure qualité de soins.

17 mai 2018, 14:00
René Julen, Monique Lehky Hagen, Pierre-Alain Buchs et Henk Verloo, ensemble pour le projet "Less is more together".

«C’est un projet qui pourra engendrer de grands effets sur la qualité de vie des patients», s’enthousiasme Monique Lekhy Hagen, présidente de la Société médicale du Valais, la SMVS. Son nom: «Less is more together». L’ère du superflu est révolue. La médecine n’échappe pas aux pratiques durables à la mode. En association avec pharmavalais, le projet incite à abandonner des prescriptions systématiques de médicaments lorsque le traitement est inefficace ou inutile. Pour y arriver, les médecins et les pharmaciens valaisans renforceront leurs collaborations en plaçant le patient au cœur de cette nouvelle pratique interprofessionnelle. Objectif: améliorer la qualité des soins et le bien-être des malades. La médecine parle de «déprescription».

 

L’intérêt, c’est de travailler ensemble pour apporter quelque chose au patient.»
Dr Pierre Arnold, neurologue acteur du projet 

 

Le patient participe à son traitement 

Qui mieux que le patient sait si le médicament qu’il consomme l’aide à se sentir mieux? Pendant six mois, il s’engagera s’il le souhaite à répondre en ligne de manière anonyme à des questions liées à son traitement. Le Dr Pierre Arnold, un des acteurs de ce projet, analyse: «Il faudra expliquer la démarche et informer le patient qui devra donner son consentement, mais la plupart sollicitent déjà moins de chimie.» Le neurologue ajoute: «L’intérêt, c’est de travailler ensemble pour apporter quelque chose au patient.» Le médecin fera la différence entre les patients qui ont besoin d'une prise régulière du médicament et ceux qui peuvent le réduire voire le stopper selon une catégorisation scientifique.

Le rôle du pharmacien valorisé

Soixante-sept médecins et trente-sept pharmaciens valaisans s’engagent déjà à participer à cette initiative. Pour Pierre-Alain Buchs, responsable du projet pour pharmavalais, le pharmacien aura un rôle de «renforcement» des échanges avec le patient. Il constate: «Les gens viennent plus souvent à la pharmacie qu’à une consultation médicale, nous pouvons dialoguer plus facilement pour les conseiller grâce à la catégorie indiquée par le médecin.»  

 

Au lieu de nous plaindre de l’augmentation des coûts de la santé, nous agissons concrètement pour un changement de culture."
Monique Lekhy Hagen, présidente de la Société médicale du Valais

 

Un effet indirect sur les coûts 

La philosophie du moins pour un mieux se développe en Suisse depuis 2014, sous l’appellation «smarter medicine». Le projet valaisan en fait partie mais il innove. Monique Lekhy Hagen précise: «Au lieu de nous plaindre de l’augmentation des coûts de la santé, nous agissons concrètement pour un changement de culture en impliquant un patient éclairé.» Elle poursuit: «80% des coûts sont générés par 20% des patients qui souffrent de multiples pathologies.» Ces malades souvent âgés se voient prescrire une série de médicaments dont les effets secondaires peuvent entrer en conflit. Cette nouvelle approche médicale devrait leur être bénéfique.

 

Nous préparons et planifions l’étude pour garantir la sécurité et l’anonymat des données collectées."
Henk Verloo, professeur à la HES-SO Valais Wallis, responsable du projet

 

Une étude scientifique

Pour la première fois, la mise en œuvre d’un projet de «déprescription» sera mesurée scientifiquement par la HES-SO Valais Wallis. Le professeur à la Haute école de santé Henk Verloo, responsable du projet, rassure: «Nous préparons et planifions l’étude pour garantir la sécurité et l’anonymat des données collectées.» La doctoresse Marie-Josèphe Rey, chargée des aspects qualité et stratégiques au sein de la SMVS, précise «après six mois, le bilan de ce monitoring nous permettra de juger si nous allons dans la bonne direction». Elle souligne: «Ce projet s’inscrit déjà dans la stratégie Santé 2020 du Conseil fédéral qui vise l’interprofessionnalité et la promotion de la qualité de vie des patients.»

Projet limité à certains médicaments 

Pour commencer, le projet tentera de réduire uniquement la prescription des «IPP», les inhibiteurs de la pompe à protons. Ils combattent la fabrication d’acide gastrique par l’estomac et figurent parmi les médicaments les plus prescrits. Pierre-Alain Buchs précise: «C’est un point de départ, d’autres projets interprofessionnels utilisant les compétences des pharmaciens pourraient suivre.» Monique Lekhy Hagen conclut: «Notre démarche est volontaire, car pour changer les habitudes cela ne sert à rien de forcer les gens.»

Votre publicité ici avec IMPACT_medias