Il a toujours de la peine à revenir sur terre. Bastian Lengen, 19 ans, en 5e année au collège de la Planta, a remporté la médaille d’or aux Olympiades nationales de physique à Aarau le week-end dernier. Cette victoire le conduit aux Olympiades internationales de physique à Zurich cet été. Il sera l’un des cinq candidats représentant la Suisse.
Du jamais vu pour les collèges du canton. «Certains de nos élèves ont participé au concours, mais aucun n’a ramené de médailles. Bastian a réussi quelque chose d’exceptionnel. Il faut dire qu’il a une curiosité scientifique hors du commun», s’enthousiasme Patrick Gay, son professeur.
A ces mots, l’étudiant sourit timidement. «Franchement, je ne m’y attendais pas du tout. Quand j’ai fini les épreuves, j’étais sûr de figurer dans le bas du classement.» Les examens comprenaient des parties théoriques, mais aussi pratiques via la réalisation d’expériences. «Les organisateurs ont sans doute voulu nous pousser à bout car, franchement, c’était très ardu.»
Motivé par les challenges difficiles
Bastian Lengen s’est cependant bien défendu, plutôt stimulé par les difficultés. «J’aime bien quand c’est compliqué. Les défis me plaisent.» Avant d’atteindre la finale nationale, il a dû passer les présélections avec septante candidats. Vingt-cinq d’entre eux ont été sélectionnés pour les Olympiades suisses. Avant l’épreuve, les lauréats ont pu se préparer, en suivant notamment trois jours de formation à l’EPFL à Lausanne. «Cela a été un vrai plaisir pour moi. Cela m’a permis de voir que ce métier de physicien, dans la recherche, était vraiment ce que je voulais faire», raconte Bastian Lengen.
Trente heures de préparation
Au total, sa préparation pour la présélection et la finale lui a pris une trentaine d’heures. «Sans l’aide de mon professeur, cela aurait été difficile. J’avais une grande matière à préparer pour la finale que l’on n’avait pas étudiée en cours», raconte l’étudiant. Pendant les vacances de Pâques, Bastian Lengen a ainsi jonglé entre sa préparation du concours, celle des examens semestriels pour le collège et le recrutement à Lausanne. «Cela a été un peu sportif. Mais j’aime tellement la physique que je ne vois pas le temps passer quand je l’étudie. Ma mère me rappelle parfois que je dois aussi m’occuper de ma vie sociale.» Le Valaisan s’applique ainsi à cultiver ses relations amicales et jouer au volleyball et «un peu au football». Loin d’être un intellectuel plongé en permanence dans ses livres, le collégien se balade aussi souvent sur sa moto, acquise grâce à son travail d’ouvreur au cinéma les week-ends. «Je ne m’aperçois pas que je fais beaucoup de choses. Arriver le soir à 17 heures et ne plus rien avoir à faire, c’est déprimant.»
La physique dans la peau
Quant à la passion de la physique, elle existe en lui depuis toujours. «J’étais en primaire quand j’ai dit à mes parents que je voulais devenir astronome. Avec les années, j’ai vu que ce n’était pas pour admirer les étoiles, mais pour essayer de comprendre comment ça marche.» Fils d’une maman œuvrant dans le social et d’un papa maître électronicien, il est le seul de sa famille à avoir cet amour de la physique. Aucune origine génétique donc. «C’est venu de nulle part. Ce qui me plaît tellement dans la physique, c’est qu’elle donne un sens aux mathématiques.» Bastian Lengen peut plancher cinq heures sur des problèmes de physique sans ressentir une once de lassitude. C’est l’inverse pour les langues. «Je suis incapable de travailler une demi-heure d’allemand.»
En attendant de rejoindre l’EPFL cet automne, le Valaisan passera sa maturité et disputera les Olympiades internationales. «Je ne me fais pas d’illusions. Ce sont les Chinois qui décrochent toujours les meilleures places. Le challenge est entre nous, les Suisses sélectionnés.»