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Un maçon au talent européen

Le Fulliérain participera aux championnats d’Europe des métiers cette semaine en Suède. Un exploit pour ce manuel grièvement blessé en 2014.

28 nov. 2016, 23:37
/ Màj. le 29 nov. 2016 à 00:01
Charrat le, 21 nov.2016 : M. Bruno Pavato, maçon qui partira à GoÌ¿teborg pour les Euroskills.©Sacha Bittel/Le Nouvelliste

Il est au taquet. «Je pars pour emporter la médaille d’or. La phrase «L’important, c’est de participer», ce n’est pas mon truc. Je ne peux pas envisager de perdre. Sinon, je ne concourrai pas.» Honnête, le Fulliérain Bruno Pravato, 22 ans, est prêt à tout donner pour décrocher l’or aux championnats d’Europe des métiers à Göteborg, en Suède, dans la catégorie des maçons (voir encadré). Il sera d’ailleurs le seul Romand de la délégation suisse de neuf jeunes professionnels.

En 2014, il a risqué l’amputation d’une jambe

Impossible de ne pas remarquer l’esprit de compétition hors du commun de Bruno Pravato. «Je ne pense qu’à ce concours; il est en permanence dans ma tête. C’est ma seule chance d’emporter un tel titre dans ma vie. Et je compte bien la saisir.»

Car le Valaisan revient de loin. Entre deux étapes pour parvenir aux championnats européens, il a dû surmonter un grave accident. Défenestré en juin 2014, à quelques semaines de la finale nationale – l’étape nécessaire pour accéder à la compétition européenne, il s’est retrouvé avec une jambe grièvement blessée. «Les débris de verre ont sectionné cinq muscles de la jambe; la doctoresse m’a dit que j’avais échappé de justesse à l’amputation.»

Le corps médical imaginait ensuite que Bruno Pravato devrait porter à vie une attelle. «Quand j’ai entendu ça, j’ai été encore plus motivé à me battre. Je voulais être sur pied pour la finale suisse. J’ai tout donné.» Le Fulliérain a ainsi mis toute son énergie à récupérer sa mobilité le plus rapidement possible. En septembre, il tenait debout sur ses deux jambes pour construire le mur parfait qui l’emmènerait aux championnats d’Europe. «Cela n’a pas été simple, parce que je n’étais pas encore en équilibre, mais j’ai réussi à me sélectionner. L’essentiel.»

Trois ans de sélection

Le Valaisan tient à ce projet européen depuis 2013, année de la première sélection en interne au sein des nouveaux maçons du canton. «Mon professeur m’a contacté pour savoir si je voulais participer à ces compétitions; j’ai tout de suite été partant.»

Après avoir passé la sélection interne pour les championnats romands en octobre 2013 où il a terminé premier, il a été sélectionné pour les championnats suisses. La compétition nationale a eu lieu en plusieurs étapes en 2014. En finale, Bruno Pravato a fini deuxième, place qui lui a permis d’accéder aux championnats d’Europe se déroulant tous les deux ans.

Un patron compréhensif

Il a ainsi eu des mois pour y penser. Et s’entraîner. D’autant plus que Bruno Pravato n’est plus actif sur les chantiers aujourd’hui; il travaille comme conducteur de travaux chez Les Fils de Léon Sarrasin SA à Martigny. Sa tâche consiste à remplir les soumissions, à analyser les prix, les factures… «C’est un job que je voulais faire dans ma vie, mais j’ai dû y venir plus tôt que prévu à cause des séquelles de mon accident.» Resté chez le même employeur depuis son apprentissage, Bruno Pravato ne cache pas que son patron «extraordinaire» le soutient beaucoup dans ces championnats. «Il m’a laissé du temps pour m’entraîner.»

Et le Fulliérain n’a pas chômé pour sa préparation. Il a effectué une centaine d’heures d’entraînement et a bénéficié de l’aide du coach officiel des maçons. «Il m’a donné des conseils pendant que je m’exerçais sur la construction d’un mur en brique apparente avec des voûtes; c’est ce qui devrait nous être demandé à Göteborg.»

Treize heures pour séduire

Pour parvenir à décrocher le titre en Suède, le Valaisan devra réussir à ne pas dépasser deux minutes par brique. «Au dernier entraînement, j’en étais à 2’02”. Au total, j’ai fait 13 h 11 au lieu de 13 heures, mais je vais réussir.» En attendant, Bruno Pravato vit et dort en pensant à son défi qui se déroulera sur trois jours. «Je me connais. Quand je suis lancé, je suis comme un animal. Seul mon objectif compte.» Un homme au taquet.

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