Il est pasteur et paysan. Pierre-André Schütz a présenté jeudi aux agriculteurs valaisans un programme destiné à lutter contre le suicide dans le monde agricole. L’homme, connu pour son intervention dans un Temps présent qui a marqué les esprits, a mis en place dans le canton de Vaud le programme Sentinelles. Un modèle de prévention unique, pour lequel il a formé des dizaines de volontaires.
Son réseau de sentinelles regroupe des proches du monde agricole. Il leur a donné les outils leur permettant de détecter les signes annonciateurs d’une dépression, d’un burn-out ou d’un profond malaise existentiel.
Le pasteur et son équipe suivent actuellement 83 familles paysannes vaudoises.
Une conjonction de causes qui mènent au suicide
Pierre-André Schütz explique qu’il ne faut pas chercher une cause unique à la question du suicide. "Il n’y a pas une seule cause. On ne se suicide pas à cause du prix du lait. Il y a plusieurs facteurs qui se conjuguent. C’est cette complexité de la situation qui fait que quelqu’un s’effondre. Le fait que beaucoup de personnes dans la détresse ne demandent pas d’aide, cela accentue le problème."
Son expérience lui a appris que les problèmes rencontrés par les agriculteurs en détresse sont de plusieurs ordres. Financier: tout bon paysan n’est pas forcément un bon gestionnaire. Administratif: beaucoup de paysans sont écrasés par une masse de paperasse à laquelle ils doivent faire face et qui les empêche de dormir. A cela s’ajoute des difficultés émotionnelles que l’on rencontre un peu partout.
La situation dans le milieu agricole est peut-être plus difficile que dans les autres secteurs de la société. "Dans une entreprise, lorsque quelqu’un est en burn-out, il est mis en arrêt de travail, ce n’est pas le cas sur un domaine agricole. On sous-estime aussi la solitude des entrepreneurs que sont les paysans. Ils se retrouvent souvent seuls sur leur domaine, avec une épouse qui travaille à l’extérieur, et des contacts professionnels réduits à l’extrême." Avec des horaires particuliers et avec une activité qui laisse peu de place aux loisirs, de nombreux agriculteurs vivent un peu à l’écart de la société.
Et en Valais?