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Suicides en hausse en Valais

82 personnes ont mis fin à leurs jours en 2015 dans le canton, soit 19 de plus qu’en 2014. La majorité des défunts ayant de 35 à 50 ans et plus de 65 ans.

07 janv. 2016, 23:10
/ Màj. le 08 janv. 2016 à 00:01
Suicides suisses avec focus

Les chiffres sont tombés comme un couperet en ce début d’année. L’an dernier, le Valais a compté 82 suicides, le nombre le plus élevé dans le canton depuis l’enregistrement des statistiques. Cela montre également une forte augmentation par rapport à l’année précédente, puisque près de vingt personnes de plus qu’en 2014 se sont donné la mort. «Jusqu’à présent, le Valais comptait 50 à 60 suicides par an, là on dépasse les 80. C’est inquiétant», souligne Jean-Marie Bornet, chef de la communication et prévention de la police cantonale. Les chiffres n’incluent pas les tentatives de suicide estimées à 20 pour chaque suicide abouti, soit 1600 pour le Valais l’an dernier.

Un abandon de la compétition de la vie

Les tranches d’âge les plus touchées sont les 36-50 ans et les personnes de plus de 65 ans, avec une augmentation constante des suicides assistés. Difficile cependant d’expliquer rationnellement les raisons de ces hausses. «C’est tellement complexe. Je ne pourrai pas vous dire que c’est à cause de telle ou telle chose», note Nathalie Reynard, responsable de Pars pas, l’association à l’écoute des personnes désespérées et de leurs proches. Pour Jean-René Roch, président d’honneur de l’association, dont l’un des enfants s’est suicidé, «il y a chez ces personnes un abandon de la compétition de la vie. Ils lâchent plus vite.»

La faute à la crise économique...

La crise économique peut être l’une des causes du mal-être croissant des 36-50 ans. Certains se donnent à fond dans leur travail et sont perdus s’ils se retrouvent au chômage. «L’emploi est la colonne vertébrale de l’existence; c’est le fil conducteur qui maintient la personne dans la bonne direction», ajoute Jean-René Roch. Pour le psychologue Philipp Jaffé, il est effectivement prouvé scientifiquement «qu’il y a une corrélation entre la santé économique d’un pays et la variation du taux de suicide». D’autres personnes se sont tellement investies dans leur travail qu’elles s’en sont rendues malades. S’enchaînent alors burn-out, dépression, absence totale d’espoir. «Les gens ne veulent pas mourir, mais ils veulent tuer leur immense souffrance», note Nathalie Reynard.

Le manque de communication peut également conduire à un acte extrême. «Les hommes ont particulièrement de la peine à verbaliser leurs émotions. Les femmes osent plus facilement dire quand cela ne va pas», remarque Nathalie Reynard.

... ou à la société?

Les chiffres le confirment, puisque les suicides sont deux fois plus nombreux chez les hommes que chez les femmes en Valais. Chez les personnes de 50 ans, le «paraître économique» prend également une ampleur qui peut s’avérer destructrice. «Ces personnes seraient censées être en pleine force et tout à coup, elles sont perdues et ne trouvent pas les ressources pour s’en sortir. Elles ne veulent pas demander de l’aide de peur de paraître faibles dans une société où on doit toujours être au top», souligne Jean-René Roch. Ces personnes sont alors prises dans une spirale négative sans fin les conduisant à l’inéluctable. «Car c’est impossible de s’en sortir seul», ajoute Jean-René Roch.

Des signes durs à repérer

Les pulsions suicidaires sont difficiles à repérer pour les proches. «D’autant plus que lorsque la personne a pris la décision, elle paraît aller mieux», ajoute Nathalie Reynard.

Parler reste le meilleur moyen d’éviter le suicide. «La parole est libératrice, réellement. Le but serait d’amener le maximum de personnes à risques à parler et à déculpabiliser cette prise de parole», ajoute Philipp Jaffé.

Tout est à prendre au sérieux

Certaines personnes, avant de passer à l’acte, prononcent parfois des mots rélévateurs, l’air de rien. «Ce qu’elles disent peut résonner comme de l’humour noir, mais cela exprime leur désespoir profond», précise Nathalie Reynard. Juste avant de se donner la mort, un homme a par exemple déclaré que son prochain sport serait de faire du saut à l’élastique sans élastique, raconte la responsable de Pars pas. «Tout est à prendre au sérieux.» Pour chaque suicide, dix personnes sont traumatisées et une trentaine profondément affectées. christine savioz

 

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