Cinq étapes pour 3000 km dans le ciel des États-Unis. Yannick Bovier est parmi les six pilotes volontaires qui ont vécu le rêve de tout passionné d’aviation : participer à un tour du monde aux commandes d’un avion historique. Le Breitling DC-3, 77 ans et près de 75000 heures de vol au compteur. Un mythe ailé dont la création a tout simplement révolutionné l’aviation dans les années 30.
Le Breitling DC-3, 77 ans près de 75000 heures de vol se porte bien. L'avion tourne encore et toujours grâce à ses moteurs d'origine. © HÉLOÏSE MARET
"Chaque vol avec cet avion est exceptionnel", commence le Valaisan de 44 ans. "Mais ce projet était à la fois improbable et fabuleux. Un appareil construit en 1940 n’est pas fait pour endurer ce qu’il a enduré". Comme il fallait se répartir les étapes, il a choisi de vivre l’aventure américaine. "Les USA sont le pays de l’aviation, je rêvais d’en faire la traversée de côte à côte". Toutes ses vacances y sont passées même si tout ne s’est pas déroulé comme prévu.
Contraint de faire l’impasse sur l’étape new-yorkaise
"C’est un privilège d’avoir participé à ce tour du monde et d’être membre de cette équipe", lance-t-il en nous accueillant chez lui à Savièse. Sa voix trahit une pointe de regret. Celle d’avoir dû écourter le voyage. La faute à des ennuis de santé qui l’ont contraint de rentrer en urgence en Valais pour se faire soigner. Yannick Bovier a ainsi dû se résoudre à tirer un trait sur Chicago, les Grands Lacs, les chutes du Niagara et surtout New York avec le passage au-dessus de l’Hudson River. "C’était un de mes grands rêves. Je sais que je le ferai un jour mais peut-être pas en DC-3. C’est comme cela. Les circonstances en ont décidé ainsi".
Nous devions rencontrer Yannick Bovier à New York, finalement nous avons participé à cette étape phare du tour du monde sans lui. © HÉLOÏSE MARET
Le voilà cloué au sol pour encore deux à trois mois. En attendant de reprendre les commandes du jet qu’il pilote pour une compagnie privée au quotidien, il positive. "Mes modèles réduits peuvent encore voler, alors je m’y remets. Mais je serai présent à l’arrivée des copains à Sion."
Monument Valley et Oshkosh, des moments incroyables
Malgré tout, les moments inoubliables pour le Valaisan n’ont pas manqué. Il y a d’abord eu ce vol magique au-dessus de Monument Valley en compagnie d’une autre légende des airs. Un B-25 volant en formation à leurs côtés pour immortaliser le passage au-dessus des fameux rochers rouges entre l’Arizona et l’Utah. "Le photographe était à l’arrière du bombardier dans la bulle du mitrailleur de queue et nous tirait le portrait."
Le DC-3 au-dessus du meeting aérien d'Oshkosh avec ses avions à perte de vue. © Breitling DC-3 World Tour Facebook
Puis il y a eu l’atterrissage à Oshkosh, à proximité de Chicago, durant son fameux meeting aérien, l’Airventure. Centre du monde de l’aviation une semaine par année avec plus de 10000 appareils sur le tarmac et 600000 visiteurs. "Si on m’avait dit qu’un jour je poserai à Oshkosh avec le DC-3, jamais je n’y aurai cru", explique Yannick Bovier qui a participé cinq fois à l’événement en tant que spectateur. La première fois à l’âge de 25 ans.
Une erreur de maman à l’origine de sa passion
La passion pour tout ce qui vole du Valaisan lui est venue à 13 ans. C’est une erreur de sa maman qui a tout déclenché. "Elle m’a acheté une revue d’aviation à la place d’une sur les voitures". Il commence par les modèles réduits et finit par en faire son métier. D’abord pilote de bimoteurs chez Air Glaciers, il devient passe dans les cockpits de Jumbolino chez Crossair avant de rejoindre une compagnie privée. Un jet d’affaires qu’il pilote depuis 17 ans en compagnie d’un certain Francisco Agullo, pilote en chef du Breitling DC-3.
Yannick Bovier, à droite, aux commandes du DC-3 de Breitling au-dessus d'Oshkosh dans le Winsconsin. A gauche, Francisco Agullo, son collègue au quotidien depuis 17 ans. Pilote en chef de ce DC-3, c'est lui qui a initié le Valaisan à son pilotage. ©GLM Productions/Breitling
"C’est bien plus qu’un collègue c’est presque un frère. Je lui dois beaucoup. Grâce à lui je vole sur le DC-3", lance immédiatement le Valaisan sur son ami genevois. "Comment un Genevois et un Valaisan font-ils pour s’entendre dans un cockpit ? Cela reste encore aujourd'hui un mystère", sourit Francisco Agullo. "Je le considère aussi comme un frère. Yannick est un aviateur passionné. Il avait montré son intérêt pour l'aviation historique et le choix fut donc très facile de l'engager dans notre petite équipe de volontaires pour piloter le DC-3".
Un premier tour du monde en 2010
Francisco a initié son ami au vol sur DC-3 en 2010. Un privilège quand on sait qu’il en reste une quinzaine en état de vol en Europe. "On doit presque réapprendre à piloter quand on passe d’un jet au DC-3", explique Yannick. Les bases de l’aventure vécue cette année étaient dès lors posées. Les deux compères avaient néanmoins déjà eu l’occasion de faire le tour du monde ensemble mais dans deux avions séparés.
Un projet réalisé en 2010 appelé Azimut 270 qui consistait en un tour du globe en Ecolight, une sorte d’ULM. Ce périple de 56 jours a marqué un tournant dans la vie du Valaisan. "J’avais acheté une bague qui a fait le voyage autour du monde avec moi. J’ai fini par demander ma femme Vasita en mariage à Phuket." Il semble décidément impossible de dissocier le bonhomme de sa passion pour l’aviation.
Retrouvez mardi un nouvel épisode consacré au DC-3 de Breitling avec notre reportage sur une des étapes exceptionnelles de son tour du monde. On vous emmène à bord.