Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Première suisse: des aigles seront pistés en Valais pour cerner leurs habitudes et adapter les sites d'implantation des éoliennes

Des aigles royaux seront munis d'émetteurs. Les données récoltées serviront à réaliser un modèle destiné à mieux définir les sites des futures éoliennes dans les Alpes, sources de menace potentielle pour ces rapaces très sensibles. Encore faudra-t-il les capturer. Un spécialiste mondial est venu prêter main-forte aux Valaisans.

09 nov. 2018, 08:28
Des aigles royaux seront capturés, équipés de balises GPS et suivis pour mieux connaître leurs mœurs afin de pouvoir en tenir compte lors de l'implantation de nouvelles éoliennes.

Jumelles performantes, système de piégeage et balises GPS. Non, vous n’y êtes pas. Ces instruments ne constituent pas l’attirail du parfait braconnier. Au contraire. Ils sont utilisés dans le cadre d’une étude qui a de l’envergure, à l’image du sujet étudié, puisqu’il s’agit de sa majesté l’aigle royal. Le projet constitue même une première en Suisse.

Dans les semaines à venir, plusieurs de ces grands rapaces seront munis d’émetteurs afin de suivre leurs moindres faits et gestes. Ce nouveau projet de recherche en Valais doit déboucher sur la réalisation d’un modèle en trois dimensions qui servira à mieux définir les sites d’implantation des futurs parcs éoliens dans les Alpes afin d’éviter les risques de collision avec les pales de ces générateurs d’électricité.

Les éoliennes, menaces potentielles pour les aigles

Les éoliennes représentent en effet une menace potentielle pour les oiseaux et les chauves-souris. C’est encore plus vrai pour les grands voiliers comme le gypaète barbu et l’aigle royal. Si la forte longévité est le point fort des deux rapaces, leur taux de reproduction s’avère très bas. Des études démographiques montrent qu’une hausse de la mortalité, même mineure chez les gypaètes, pourrait compromettre leur survie dans les Alpes à moyen terme. L’avènement des énergies vertes qui sonnerait le glas de ces espèces? «Désastreux», commente le professeur Raphaël Arlettaz, responsable de la division de la biologie de la conservation à l’Université de Berne. Seulement voilà. «Si des données détaillées existent pour le gypaète barbu dont le programme de réintroduction est l’un des plus grands succès planétaires de réhabilitation d’une espèce, nous ne disposons par contre d’aucune information comparable en ce qui concerne l’aigle royal en Suisse.» 

Des rapaces pistés par balises GPS

Dans le cadre de ce projet novateur doté de 500 000 francs, deux techniques sont utilisées. «La première utilise une jumelle performante qui permet de géolocaliser précisément l’oiseau pointé dans le ciel», indique Raphaël Arlettaz. Ces relevés ont déjà débuté dans le canton en avril et vont se poursuivre jusqu’en mars 2019. L’autre technique qui se déploie ces jours-ci dans le canton va consister à capturer et à marquer les aigles royaux au moyen de balises GPS. Sur le terrain, ce travail novateur s’annonce complexe. A tel point que les chercheurs de l’Université de Berne ont fait appel à la référence mondiale de l’aigle royal, le docteur Peter Bloom, venu spécialement de Californie. Car le système de piégeage, inédit en Suisse, se fait aux moyens de filets télécommandés. Le risque de blessures pour l’animal n’est ainsi pas exclu. «Sa longue expérience nous sera très utile», confie Raphaël Arlettaz.

Des données utiles pour implanter au mieux les éoliennes

Quinze balises sont prêtes. Le secteur du Nufenen et ses quatre éoliennes ou la région du Grand-Saint-Bernard qui a un projet à l’étude seront particulièrement visés. «Nous pourrons étudier le comportement des aigles en fonction de la présence ou non d’éoliennes. Ces données serviront à construire un modèle spatial prédictif «quasi 3D» qui tient compte des conditions jusqu’à 200 mètres au-dessus du sol. Il montrera par exemple les secteurs clés où ces oiseaux de plus de deux mètres d’envergure prennent les ascendances thermiques et constituera une aide à la décision pour les planificateurs.» 

Reste à savoir combien d’Aquila chrysaetos, le petit nom latin de ce grand rapace, pourront être capturés, eux qui ont assurément des yeux d’aigle...

Votre publicité ici avec IMPACT_medias