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Gel: le Valais tire un premier bilan catastrophique de ses nuits de froid

La vague de froid extrême qui s'est abattue sur le Valais a causé d'importants dégâts dans les cultures. La première nuit a touché plus de 550 hectares de vigne et la deuxième a été plus froide.

20 avr. 2017, 10:25
/ Màj. le 20 avr. 2017 à 16:30
L'arrosage a été largement utilisé pour tenter de limiter les dégâts.

Le froid a été extrême durant la nuit de mercredi à jeudi en Valais. Selon Meteonews, il a même fait -12,9 degrés à Viège à 5 cm du sol!

>>A lire aussi: Gel: la nuit a été terrible en Valais

Les cultures ont été touchées de manière plus ou moins intense selon les régions du canton et l'exposition des parcelles.

Dans un communiqué diffusé jeudi après-midi, l'Etat du Valais estime que 550 hectares de vignes ont été fortement endommagés durant la première nuit, celle de mardi à mercredi, entre Sion et Martigny. Cela représente environ le 10% du vignoble. La nuit de mercredi à jeudi a été plus froide que la première. Le gel a également touché les vignes situées entre Viège et Sion. Pour l'heure, aucun bilan chiffré de cette deuxième vague de froid n'a été établi par les instances étatiques.

Du côté de Provins, le directeur Raphaël Garcia doit constater qu'il y a eu "des dégâts considérables" dans les vignes de la coopérative, qui s'étendent de Sierre à Vouvry. "L'ensemble des vignes de plaine ont été touchées, en rive droite comme en rive gauche, à des degrés divers, allant de 20% à 100%. Certains coteaux ont aussi été frappés."

Bertrand Pillet, agriculteur à Vétroz, possède des vignes dans tout le secteur du Botza fortement touché par le gel. "La vigne est extrêmement touchée en plaine. D’habitude plus à l’abri, le coteau n’a pas du tout été épargné. L’arboriculture a aussi été durement atteinte." Il estime que cette année sera très difficile pour tous les agriculteurs de la région. "C’est la nature. Nous allons devoir travailler le même nombre d’heures pour tout remettre en état pour l’année prochaine, mais nous n’aurons pas le revenu de la récolte."
 

Olivier Kohli, éleveur de vaches de la race d'Hérens et propriétaire d'abricotiers sur les hauts de Saxon ne cache pas son émotion. "Lorsque j'ai vu les dégâts, j'ai pleuré. J'ai passé tout l'hiver a taillé mes arbres et je n'aurai aucun salaire." Sa récolte d'abricots a été réduite à néant en deux nuits.

Frédéric Vouillamoz, agriculteur à Saxon, fait le point sur ses différentes cultures: "Nous avons lutté deux nuits avec l’aspersion et cela a bien fonctionné pour les arbres fruitiers (pommes, poires, prunes), il n'y a pas de dégât apparent pour l’instant. Il y a plus de dégâts, en revanche, mais difficile à estimer l’ampleur, pour les abricots, tant en plaine que sur le coteau. Il y a beaucoup de dégâts sur les vignes."

Etienne Taramarcaz, vigneron-encaveur à Fully a dû déplorer d'importants dégâts en plaine, notamment dans le secteur de la Sarvaz. "Je travaille 4'000 m2 dans ce secteur et tout a gelé durant la première nuit de gel, 100% des ceps ont été touchés". C’est la deuxième fois en quatre ans qu'il doit faire face à une telle situation. Par contre, il n'a subi que peu de dégâts sur le coteau où seules les vignes situées en bordure de combes ou de couloirs ont été un peu touchées.

Dominique Rouvinez, œnologue de la cave du même nom, constate que la deuxième nuit de gel a frappé fort: "Sur la colline de Géronde à Sierre, il n’y a pas eu de gel dans la nuit de mardi à mercredi. Par contre, dans celle de mercredi à jeudi, 50% du feuillage a été détruit. Sur les collines, nous sommes souvent protégés lorsqu’il y a du gel de printemps avec un peu de vent qui empêche le froid de se déposer, mais ce ne fut pas le cas la nuit dernière." Les domaines Rouvinez ne sont pas équipés particulièrement. Ils ont également eu de grosses casses sur leurs parcelles à Leytron. A Fully par contre, en plein coteau, le gel n'a pas causé de dégâts.

Albert Pitteloud qui possède principalement des vignes, des abricotiers et des fraises en plaine dans la région sierroise est relativement confiant. "J’ai lutté par aspersion. Il y a très peu de dégâts sur les vignes, environ 5% principalement sur les bordures. Les fraises n’ont pas été touchées parce qu’on a lutté et on les a protégées. Par contre les abricots ont été détruits à 30%." Albert Pitteloud souligne aussi que "c’est le cumul des températures négatives qui amène le coup de grâce".

André Zettel, locataire du Domaine des Barges à Vouvry estime que durant la nuit de mardi à mercredi, 10% des vignes (1 hectare au total) ont été touchées par le gel. La situation a été stabilisée lors de la nuit dernière, grâce à l'utilistion de tonneaux installés pour protéger les ceps par rayonnement. Les céréales (blé, orge) ont changé de couleurs et se trouvent à la limite des dégâts.

Freddy Coppex à Vouvry constate que les betteraves sucrières ont viré au jaune, mais pour l’instant elles n'ont pas subi de dégât.

Ce qui inquiète le plus Pierre-André Roduit, le chef de l’Office de la viticulture, ce sont les prévisions météorologiques qui annoncent un froid encore plus intense pour la nuit de jeudi à vendredi.

Une question qui revient souvent: que peut faire l'Etat pour aider les agriculteurs touchés? La réponse de Gérald Dayer, chef du Service de l'agriculture: "Nous pouvons intervenir au niveau des liquidités, par le report des remboursements de crédits, par l'octroi de nouveaux crédits. Pour les agriculteurs qui doivent renouveler leurs plantes, nous pouvons aussi leur octroyer un crédit spécifique. L'Etat peut aussi fournir des conseils, tant financiers que techniques." Dans le communiqué de l'Etat, il est mentionné "qu'en cas de dégats importants, des aides spécifiques pourront également être accordées."

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