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Michael Drieberg: "Il n'y aura plus d'artiste de la trempe de Johnny"

Le patron de Live Music Production a organisé les concerts en Suisse de Johnny Hallyday durant les 30 dernières années, dont trois fois à Tourbillon. Il partage de son émotion de voir disparaître un tel monstre sacré.

06 déc. 2017, 13:00
Michael Drieberg, sans doute la personne en Suisse qui a le plus côtoyé Johnny Hallyday.

Son téléphone n’a pas arrêté de sonner depuis les premières heures du jour, quand la nouvelle de la mort de Johnny a fait sonner les téléphones portables. Le patron de Live Music Production et fondateur du festival Sion sous les étoiles a noué en plus de trente ans d’étroite collaboration un lien fort avec l’icône de la musique. Et c’est la voix tremblante d’émotion qu’il a répondu aux questions du «Nouvelliste».

Michael Drieberg, quel est votre sentiment aujourd’hui?
Une immense tristesse. Mon dernier souvenir avec Johnny, c’était quand on avait produit les Vieilles Canailles à l’Arena. Ce n’était plus un secret pour personne qu’il avait ce cancer. Il l’avait rendu public quelques jours avant. Ce que les gens n’ont pas vu et ce qui m’a donné un immense respect pour le bonhomme c’est qu’il avait eu une chimio quelques jours avant, il était entouré de médecins, et il est monté sur scène. C’est ça qui est fou et qui montre que Johnny était pas un chanteur comme les autres. N’importe qui d’autre aurait annulé. Il a ce respect du public. J’ai trouvé ça incroyable.

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Combien de concerts avez-vous organisé pour lui en Suisse?
Je n’arrive même plus à les compter. Je le faisais tourner en Suisse depuis plus de trente ans. Ce qui est sûr, c’est qu’il a toujours été un porte-bonheur pour nous. Tous les gros emplacements en Suisse romande où on peut faire des concerts d’artistes de la dimension de Johnny, je les ai inaugurés avec lui. Le Stade de Genève, l’Arena, le Forum à Meyrin, le stade de Tourbillon… C’est une longue histoire d’amitié et de professionnels. Malgré tous les changements vécus dans sa vie, il a toujours été fidèle.

Entre Johnny et Jean-Philippe il y a une grande différence. L’homme était dit-on très timide…
Oui et c’est un aspect de sa personnalité que j’ai compris après dix ans de collaboration. Quand je le croisais, je n’osais pas lui parler. Il dégageait quelque chose de très fort, sa présence, ses yeux… Et je me suis rendu compte que lui non plus n’osait pas venir me parler, parce qu’il était extrêmement timide. C’est extrêmement touchant. Il était tout sauf hautain. On a côtoyé des stars, partagé des repas, mais contrairement à la plupart des grandes vedettes, il écoutait vraiment les gens à table, était attentif, respectueux.

Il pouvait aussi y avoir de la violence dans l’amour que les fans lui portaient. Il ne s’appartenait plus vraiment…
C’est assez vrai, même s’il est parvenu sur la deuxième partie de sa vie à préserver une vraie vie privée, alors que tout était partagé avec le public qu’il le veuille ou non. Il a réussi à concilier sa famille et l’adulation de ses fans. Fans qu’on a beaucoup caricaturé, mais c’est une immense famille. Ils ont grandi avec lui, ont transmis leur passion à leurs enfants qui à leur tour l’ont transmise à leurs enfants. Il faut imaginer à quel point il a touché les gens. Il a vendu plus de 100 millions d’albums, ce qui le situe parmi les plus gros vendeurs de l’histoire de la musique. Mais les artistes internationaux ont fait ces chiffres à l’échelle de la planète. Lui, il a vendu autant mais en France, en Belgique et en Suisse… C’est fou. Johnny n’a pas quitté la vie des gens pendant un demi-siècle. Il les a plus marqués que n’importe quel président de la République.

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Il va laisser un vide qui sera difficile à combler...
Impossible à combler! Des artistes comme lui, il y en aura plus. C’est en sentiment étrange. J’ai déjà vécu des disparitions de chanteur. Là, on a l’impression de perdre quelqu’un qui faisait partie de notre vie.

Avez-vous un souvenir plus précieux que les autres avec lui?
Quand son fils David lui a écrit l’album «Sang pour sang», il ne voulait pas trop chanter sur scène avec Johnny parce que cette chanson – adressée d’un fils à son père divorcé - était trop personnelle. Aussi parce qu’il ne voulait pas qu’on pense qu’il se servait de son père pour booster sa carrière. Comme j’ai produit les dates de toute la famille, Sylvie, David, Johnny, j’ai réussi à les convaincre de la chanter ensemble à la Pontaise. L’émotion a saisi tout le public et quand ils sont rentrés à l’hôtel après, cette émotion était toujours présente. Dans des moments comme ça, on n’est plus juste des producteurs de spectacles…

 

 

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