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Le slam, ce phénomène qui libère la parole des jeunes Valaisans

La finale cantonale du concours de slam organisé par la Médiathèque Valais et destiné aux élèves des cycles d'orientation a lieu samedi à Monthey. Zoom sur un phénomène et performance en vidéo.

12 mai 2017, 17:39
/ Màj. le 12 mai 2017 à 18:01
30 jeunes participent à la finale.

«Donner la parole aux jeunes de manière complètement libre», selon les termes d’Aline Héritier, responsable de la médiation culturelle de la Médiathèque Valais et chargée du projet. «Les mots sans chaînes», concours de slam à l’attention des élèves des cycles d’orientation (CO) du canton, n’aurait pu porter titre plus juste.

60 classes ont pris part à cette quatrième édition, après celles de 2010, 2012 et 2014. Soit 120 élèves. Après les finales régionales d’avril, ils ne sont plus que 30, en lice pour la finale cantonale se tenant ce samedi au Théâtre du Crochetan à Monthey. 

Objectif de ce concours, réalisé en collaboration avec les services de l’enseignement et de la culture de l’Etat du Valais: motiver les élèves pour la lecture et l’écriture autrement que par les cours. «Au vu de la participation, c’est un succès», se réjouit Nicole Grieve, responsable du programme «Etincelles de Culture» du Canton, qui soutient financièrement des interventions d’artistes venant dans les classes à la demande des enseignants. 

Racisme, intégration, mort

«C’est l’opportunité pour les élèves d’exprimer des choses qui font sens pour eux, dans un espace qui est différent de celui de la classe», poursuit Nicole Grieve. Et ces «choses qui font sens» couvrent une large palette, allant du racisme à l’écologie en passant par la rupture amoureuse ou des thèmes plus légers comme le plaisir de la lecture ou de l’écriture.

Et par des sujets lourds, parfois: la mort, la maladie, le harcèlement scolaire – à noter que les CO ont des médiateurs scolaires et que, à Monthey par exemple, aucune situation grave n’a été rapportée dans le cadre du concours.

Tout cela peut impliquer souffrances et révoltes. «Cela peut être violent d’être ado, souligne le musicien Rafael Gunti, juré lors des finales régionales et cantonale. Alors écrire aide à se comprendre soi-même. On leur rend un fier service en leur permettant d’assumer leur humanité dans ce qu’elle comporte de souffrances et de malheurs. Ils comprennent que souffrir ne veut pas dire être faible.» 

Tisser une solidarité

Compositeur et musicien, juré au même titre que Rafael Gunti, Xavier Moillen souligne lui aussi cette libération de la parole. «A notre époque, le système scolaire était plus écrasant, on devait fermer nos gueules, rentrer dans le moule. Ce qui est beau ici, c’est qu’on est dans l’action par le verbe. On instaure le dialogue plutôt que de se taper dessus.»

Un dialogue qui permet de faire tomber des barrières chez les jeunes, que cela soit en eux ou entre eux. «Le simple fait de pouvoir en parler permet de tisser une solidarité, note Aline Héritier. Ça peut leur apporter une sorte de baume à l’âme.» Xavier Moillen va dans le même sens: «Je n’ai pas le sentiment qu’ils montent sur scène pour gagner un concours. Ils se sentent sur un même podium, comme s’ils se disaient qu’à travers eux, ce sont tous les jeunes qui s’exprimaient.» 

«Je les trouve courageux»

Et des choses se passent. C’est du moins l’avis de Christian Farquet, professeur de français et coordinateur slam pour le CO de Monthey. «Les élèves se prêtent au jeu, ils font de la poésie sans s’en rendre compte… et sont parfois complètement surpris, et nous avec, par ce qu’ils sont capables de faire.»

Le metteur en scène et comédien Mathieu Bessero-Belti, qui a coaché les finalistes, partage cet étonnement. «Je suis surpris par la profondeur de ce qu’ils disent. Je ne sais pas s’ils se libèrent, mais en tout cas ils s’affirment. On ne va pas en faire tout de suite des gens qui hurlent à la face du monde, mais je les trouve courageux.» 

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Vous avez dit «slam»?

Poésie urbaine déclamée, le slam est né officiellement en 1986 à Chicago, aux Etats-Unis, dans un bar de jazz appelé le Green Mill Tavern (ancienne retraite d’Al Capone). Marc Smith, alors entrepreneur en bâtiment, eut l’idée, afin de donner un nouveau souffle aux scènes ouvertes de poésie, d’organiser une compétition tous les dimanches soirs et d’y faire participer le public. L’idée suscita un engouement populaire et se propagea d’abord à New York, puis dans le monde entier.

A l’origine sans musique, le slam a été, en français, popularisé dès 2006 par Grand Corps Malade, dont les slams sont généralement soutenus par une composition musicale. Chef de file du slam romand, le Vaudois Narcisse, qui a travaillé à plusieurs reprises avec Marc Smith, a remporté en 2013 le tournoi individuel de la Ligue slam de France, devenant ainsi «champion de France». Narcisse avait officié en 2014 dans le jury de la finale cantonale du concours de slam de la Médiathèque, dont c’est cette année la quatrième édition.


Assister à la finale 

Quoi? Finale du concours de slam de la Médiathèque Valais «Les mots sans chaînes» à l’attention des élèves des CO valaisans
Quand? Samedi 13 mai, de 14h à 16h. Ouverture des portes: 13h30
Où? Au Théâtre du Crochetan, à Monthey
Qui? 30 élèves lors des différentes finales régionales, départagés par un jury de cinq professionnels des mots et de la musique

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