Bientôt, les secrets n’existeront plus. Pour la simple et bonne raison qu’ils n’auront plus de place où se cacher. Tout sera explicitement mis au jour. Nos pensées les plus secrètes, nos actes honteux, ceux qu’on nous a fait subir, ceux qu’on a voulu enterrer bien profondément, tous ces petits et grands secrets, parfois de Polichinelle, n’ont qu’à bien se tenir, leurs jours sont comptés.
Rien que cette semaine, n’a-t-on pas appris que le très moche Harvey Weinstein érigeait outre son sexe, la promotion canapé en art de vivre. Des décennies d’abus silencieux, jusqu’à ce qu’un micro bien placé fasse tomber définitivement le peignoir du producteur américain libidineux.
Dans un autre registre, il y a quelques jours déjà, le défenseur du PSG Layvin Kurzawa croyant papoter librement dans un bar à chicha parisien s’est retrouvé subrepticement enregistré, tenant des propos peu amènes à l’encontre de Didier Deschamps.
Téléphones, lunettes-caméra, drones, nous voilà dûment équipés d’armes de destruction massive de secrets. Pour le meilleur (Weinstein) et parfois le pire (Kurzawa).
Le phénomène loin d’être anecdotique va connaître une croissance exponentielle. Entre les centaines d’études que pondent chaque année des universitaires inquisiteurs (celle de la semaine portait sur les raisons qui poussent les femmes à coucher par devoir), les développements technologiques quasi illimités (Apple s’apprête à tester un système de reconnaissance faciale 3 D capable de lire nos expressions), et notre propension à nous raconter à tort et à travers sur les réseaux sociaux (il suffit d’ouvrir Facebook), nous serons, d’ici peu, des livres (numériques) totalement ouverts.
Qui dit livre ouvert, dit pléthore d’informations. Qui dit pléthore d’informations, dit maxi pouvoir. Qui dit maxi pouvoir dit juteux business.
Est-ce vraiment ce que nous voulons?