Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L’épine catalane, la chronique de Fernand Mariétan

16 oct. 2017, 10:33
/ Màj. le 16 oct. 2017 à 20:00
Fernand Mariétan, ancien conseiller national.

A en croire les médias, un nombre considérable de Suisses suivent de près l’évolution de la crise catalane. Des parlementaires fédéraux Valaisans et Chablaisiens ont ainsi exprimé – dans ces mêmes colonnes – leur désarroi devant une situation qui semble inextricable. Peut-être le souvenir d’un certain référendum d’autodétermination de juin 1978 quand les Jurassiens avaient choisi démocratiquement de se séparer de Berne pour créer leur propre canton. Un exemple lumineux du génie institutionnel helvétique et de modernité démocratique qui devrait servir de modèle à l’Europe entière. 

Mais voilà, le contexte est sensiblement différent et les antagonismes bien plus forts. Dans la mémoire des Catalans, la plaie de la guerre civile est encore vive et le sentiment national a été galvanisé par la maladresse des autorités madrilènes. En effet, même si les conditions du scrutin, défiant les règles électorales les plus élémentaires, privent son résultat de toute validité, la démesure de la répression policière s’est retournée contre le gouvernement espagnol. Il n’en reste pas moins que le sécessionnisme catalan a des relents de populisme qui mêle passion identitaire, préférence nationale et même une touche de xénophobie. 

A l’instar du Brexit, l’indépendance de la Catalogne constitue une mécanique infernale qui ne peut produire que des perdants. Les périls économiques de cette aventure symbolisés par l’exode des entreprises qui ont d’ores et déjà décidé de fuir les incertitudes, démontrent à l’envi les effets pervers d’une stratégie de tension. En Angleterre, l’embardée populiste reposait sur des promesses fallacieuses au point que, aujourd’hui, le gouvernement en est réduit à espérer que les négociations en cours permettront un accord avec Bruxelles très proche du statu quo. A Barcelone, les indépendantistes se sont bien gardés jusqu’ici d’évoquer l’impact économique d’une rupture alors que les dirigeants européens ont dit et redit qu’une Catalogne indépendante sortirait de l’UE et de l’euro. D’ailleurs l’Europe, au moment où elle cherche à se refonder, ne peut ouvrir la boîte de Pandore et s’exposer à l’effritement de ses Etats membres sous l’effet de la contagion séparatiste des régions riches et de leurs métropoles; ainsi en Italie du Nord, la Vénitie et la Lombardie organisent à leur tour des référendums. Effet domino garanti. 

Voilà pour la «realpolitik». Mais au-delà un constat s’impose: une entité comme l’Europe présente un côté abstrait et insaisissable dénué d’horizon collectif. Et cela nourrit le repli vers une recherche d’identité dans ce qu’elle a de plus incarné: un terroir, une langue, des traditions.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias