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Jean-Michel Bonvin: «Les JO peuvent accélérer la transition énergétique»

Jean-Michel Bonvin, à la tête de Greenwatt et ancien candidat au Conseil d'Etat, jette un pavé dans la mare et assure qu’olympisme et durabilité sont compatibles. A ses yeux, Sion 2026 pourrait servir d'accélérateur pour atteindre les objectifs de la stratégie énergétique 2050.

24 août 2017, 21:29
/ Màj. le 25 août 2017 à 05:30
Jean-Michel Bonvin estime indispensable de créer une candidature qui s'appuie sur des énergies renouvelables.

Il faut être fou, ou oser un pari, pour affirmer qu’organiser des Jeux olympiques peut favoriser le développement durable. Si l’on s’en tient aux candidatures précédentes, on en est loin. Les ruines de Turin, la ruine d’Albertville et la démesure de Sotchi sont là pour officier comme piqûres de rappel à ceux qui se laisseraient tenter. Et si la Suisse et la candidature de Sion 2026 le pouvaient?

C’est l’idée que lance Jean-Michel Bonvin, à la tête de l’entreprise Greenwatt, active dans la distribution et production d’énergies renouvelables. Cet ancien candidat pour le PCS-Centre gauche au Conseil d’Etat, qui s’était déjà exprimé sur le dossier olympique dans la campagne, va jusqu’à affirmer qu’organiser des Jeux olympiques en 2026 pourrait accélérer la mise en place de la stratégie énergétique 2050.

Aujourd’hui sans mandat politique et pas lié à la candidature de Sion 2026, il avoue ne pas risquer le court-circuit, et veut bien tenter de provoquer un petit électrochoc.

Jeux olympiques et durabilité, jusqu’ici, ça ne fait pas bon ménage. Pourtant, vous prétendez le contraire?
J’ai toujours dit que j’étais plutôt favorable à l’organisation de Jeux olympiques à condition de changer de paradigme. C’est-à-dire en réalisant des investissements pertinents et nécessaires à long terme. Qu’il s’agisse d’infrastructures sportives à construire et qui seront réutilisées par la suite ou d’améliorations non sportives en matière d’énergie, de transport public et privé, c’est plutôt bon à prendre.

Vous êtes directeur d’une entreprise dans le secteur des énergies renouvelables. Vous prêchez pour votre paroisse.
Je me suis battu pour la sortie du nucléaire, pour la transition énergétique mais je suis évidemment aussi un entrepreneur avec intérêt. Cela dit, la tendance est en marche.

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De là à dire que les JO faciliteront la transition énergétique, vous êtes carrément dans le paradoxe. L’histoire vous donne tort.
Au contraire, c’est une formidable chance. Nous pouvons nous appuyer sur la décision de la stratégie énergétique 2050 et les JO pourraient accélérer ce processus. Je ne peux pas imaginer des Jeux olympiques, en 2026, qui ne fonctionnent pas à 100% à l’énergie renouvelable. C’est un argument de campagne et même une condition indispensable pour que ce projet ait une chance, compte tenu des oppositions légitimes qui s’appuient sur les désastres du passé.

Concrètement, vous pensez à quoi?
On pourrait compter sur des véhicules uniquement électriques ou à hydrogène. Cela permettrait par exemple de mettre sur pied un réseau de bornes de recharge qui mettrait la région à la pointe._On n’aurait même plus besoin de la ligne à haute tension Chamoson-Chippis.

Vous cédez au populisme? La campagne est terminée…
Pas du tout. Cette ligne est prévue pour décharger le trop-plein d’énergie produite dans le Haut-Valais en été. Plutôt que de la transporter, dans le réseau, on pourrait l’utiliser pour la convertir en d’autres formes d’énergies renouvelables, notamment l’hydrogène.

Vous deviez être donc plutôt favorable au village olympique «renouvelable» de Collombey, retiré du projet?
Tout à fait puisque quand vous créez une ville à neuf, vous vous affranchissez des contraintes existantes, c’est plus facile. Mais la solution d’un village olympique à Sion n’est pas moins intéressante.

>>A lire aussi: Sion 2026: pas de village olympique à Collombey

Vraiment? Sion a-t-elle besoin de cela?
Dans le cadre du développement de la HES et de l’EPFL, on peut imaginer que les étudiants seront intéressés à profiter après les Jeux de bâtiments qui fonctionnent aux énergies renouvelables, ultramodernes, connectés à la ville et aux stations de ski. C’est encore une question d’investissement mais ce serait un avantage évident pour la recherche, pour les entreprises et les incubateurs dans la région.

Les JO 2026, c’est dans seulement huit ans. Vous rêvez?
Techniquement, tout existe. C’est une question de vision et de rapport qualité/prix et de risque à prendre. Je ne peux pas être affirmatif sur la réussite mais à un moment donné, il faut oser. Si on estime que le jeu en vaut la chandelle, on fera cette transition sur six ou huit ans au lieu d’attendre 2040 ou 2050.

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Vous ne brancherez jamais toute une région à l’énergie renouvelable dans un délai si court…
Ce n’est pas ce que je prétends. Concentrons-nous d’abord sur les sites des JO et sur ce qui est imposé par le CIO; la mobilité mais aussi les génératrices de secours, tout doit être créé sur la base d’un réseau renouvelable. L’intérêt est également touristique puisque cela attirera une clientèle soucieuse de l’environnement dans un réseau qui n’existera pas encore ailleurs. A l’exception de Lillehammer, l’organisation des Jeux a toujours été une catastrophe de ce point de vue. Ça ne doit pas être compliqué de faire mieux.

Investir dans les énergies renouvelables coûte très cher. Cela ne servira qu’à alourdir la facture des Jeux et couler le projet?
Il faudrait que le monde se mette à tourner à l’envers pour que les investissements dans le renouvelable soient voués à l’échec. Les JO nous permettent de profiter d’un effet d’accélérateur et d’être en avance plutôt qu’à la traîne. On profitera également d’une manne extérieure. Sans les JO, la direction sera la même mais cela prendra plus de temps. Si on veut baisser les coûts, il faut se lancer dans ce marché, et massivement. Quand la puissance d’une énergie double, son coût est divisé par deux.

Dans ce discours, les JO deviennent un prétexte. A quoi bon les organiser?
Je pense que ce n’est pas anodin touristiquement de profiter du coup de projecteur et de pouvoir ensuite vanter une région qui fonctionne à l’énergie verte, avec des téléskis qui tournent sans recourir au mazout ou au charbon en provenance d’Allemagne. On skie avec une meilleure conscience.

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