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Genève: un homme condamné pour avoir transmis le VIH à sa compagne

Le Tribunal correctionnel a condamné un homme de 50 ans à deux ans de prison avec sursis complet pour avoir transmis le VIH à sa copine. Ce Turc, qui venait d'apprendre sa séropositivité, pensait ne pas lui faire courir de risque en n'éjaculant pas en elle.

10 févr. 2016, 22:57
/ Màj. le 10 févr. 2016 à 23:01
Pour le tribunal, le prévenu connaissait le risque et s'en est accommodé, n'utilisant pas de précautions. (illustration)

Le Tribunal correctionnel de Genève a condamné un homme de 50 ans à deux ans de prison avec sursis complet pour avoir transmis leVIH à sa copine. Ce Turc, qui venait d'apprendre sa séropositivité, pensait ne pas lui faire courir de risque en n'éjaculant pas en elle.

"Pour moi, c'était impossible de contaminer quelqu'un, car mon taux de virémie était faible", s'est-il défendu mercredi. Celui-ci était si bas qu'il n'allait pas devoir prendre de médicaments avant au moins quatre ans. Le médecin lui avait aussi indiqué qu'il y avait un risque sur mille qu'il contamine une partenaire en cas de rapports sexuels non protégés, tout en insistant sur le fait qu'il devait l'informer.

Mais il ne lui a rien dit. Par peur de la perdre, a-t-il affirmé. La plaignante, née en 1974, a appris par une de ses ex-compagnes qu'il est séropositif. C'était en février 2014, après six mois de liaison amoureuse. Elle a alors effectué un test de dépistage, qui s'est avéré positif. "Je ne pouvais pas le croire. J'ai fait l'erreur de lui faire confiance, j'étais amoureuse", a-t-elle expliqué en larmes.

Sans précautions

Pour le tribunal, le prévenu connaissait le risque et s'en est accommodé. Il avait reçu des informations précises à l'hôpital sur les différentes formes de pratiques sexuelles. Il savait qu'il devait se protéger même avec un faible taux de virémie. Rien, en revanche, ne lui avait été dit sur la technique du retrait.

Etabli en Suisse depuis 2011 et ayant travaillé en milieu hospitalier, il ne pouvait pas ne pas connaître les modes de transmission, de notoriété publique. S'il n'a pas informé sa compagne, c'est parce qu'il ne voulait pas qu'elle parle de sa situation, selon les juges.

Or il savait qu'elle faisait attention à sa santé. A la découverte d'une infection vaginale en octobre 2013, elle avait demandé qu'il porte un préservatif s'il avait d'autres relations ou s'il était en mauvaise santé. Mais il a continué à agir sans prendre de précautions, ont souligné les juges. Le sachant séropositif, une précédente partenaire avait pourtant exigé le préservatif.

"Risque conscient"

Le tribunal a estimé qu'il lui a infligé des lésions corporelles graves. La victime souffre des effets de la trithérapie, de stress post-traumatique et a fait une dépression. Elle connaît des difficultés professionnelles et n'a pas informé sa famille. "J'ai honte, je suis seule dans ce combat", a-t-elle déclaré lors du procès qui a eu lieu à huis clos partiel.

Les juges l'ont condamné à deux ans de prison, le mettant au bénéfice du sursis complet avec une durée d'épreuve de trois ans, et à verser 40'000 francs à sa victime pour tort moral. Le Ministère public avait requis trois ans de prison avec sursis partiel de 30 mois, estimant qu'il avait ouvertement menti à sa compagne et pris le risque conscient et volontaire de la contaminer.

La défense avait plaidé l'acquittement complet du prévenu. Arrivé en Suisse à 35 ans et venant d'une culture où la sexualité est un sujet tabou, il ne pouvait pas avoir les mêmes connaissances qu'une personne élevée ici, avait relevé son avocat.

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