Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Sierre-Zinal complet en deux jours, les raisons d'un succès

Littéralement prise d'assaut, la course de Sierre-Zinal affichait complet en deux jours en catégorie "Touristes", la plus prisée. Tentatives d'explications du phénomène.

14 avr. 2017, 17:01
/ Màj. le 16 avr. 2017 à 17:00
L'édition de Sierre-Zinal 2017 affichait complet en deux jours.

Sierre - Zinal est au sport ce que Paléo est à la musique. Pour autant que le plaisir de s’en mettre plein les orteils sur 31 kilomètres de parcours accidenté soit comparable à celui d’en prendre plein les oreilles, une bière à la main.

Clichés mis à part, la mythique course de montagne a rejoint cette année le rang des manifestations pour lesquelles on se rue sur les sésames disponibles. A l’ouverture des inscriptions, 600 noctambules se sont jetés sur les premières places entre minuit et une heure du matin. Dans la foulée, le site a même plié sous la demande. Il a fallu deux jours à la catégorie «Touristes» - la plus nombreuse - pour afficher complet contre quatre semaines en 2016 et encore trois mois en 2015. Le temps où l’on pouvait encore s’inscrire le jour-même n’est d’ailleurs pas si loin.

Au total, ils seront plus de 4350 à s’aventurer sur ces chemins escarpés. En fin mathématicien, l’historique fondateur de la course Jean-Claude Pont explique davantage ce phénomène par le fait d’avoir dû refuser du monde les années précédentes mais se réjouit de l’attrait important de la course. «Ce qui a changé, c’est que les gens sont prêts à s’inscrire sans même savoir s’ils seront en forme.»

Lire aussi > Sierre - Zinal, c'est déjà complet 

Un effet Kilian Jornet?

Si l’essor pour la course à pied est un fait depuis plusieurs années, rien ne laissait imaginer que l’expansion allait être si forte pour celle qui figure parmi les doyennes de courses de montagne.

«Je me doutais que ça irait plus vite mais m’attendais pas à ça», souffle le directeur Vincent Thétaz. Outre l’important travail en termes de marketing, deux évènements ont contribué coup sur coup à faire monter la pression juste avant les inscriptions.

A deux jours d’intervalle, une importante marque française de sport a vanté les mérites de Sierre-Zinal suivie par l’annonce, sur sa page Facebook, de la participation à l’épreuve de la superstar Kilian Jornet. Quatre fois vainqueur, le Catalan vise donc la passe de cinq. Et lorsqu’on est suivi sur les réseaux sociaux par 660'000 personnes et relayé par l’ensemble du monde médiatique, difficile d’imaginer meilleure promotion.

Lire aussi > Kilian Jornet revient à Sierre - Zinal

Une dimension «accessible»

«Pouvoir côtoyer les meilleurs coureurs du monde contribue sans doute à cet essor mais Sierre-Zinal est également réputée dans le milieu des organisateurs qui nous reconnaissent aussi la capacité de dénicher les talents de demain», poursuit le nouveau directeur.

Le cru 2016 lui donne raison avec les performances inattendues du jeune italien Francesco Puppi (25 ans), 3e l’an dernier et de la gagnante féminine Michelle Maier (26 ans). Mais la motivation reste avant tout personnelle, comme l’analyse Pierre Morath, ancien athlète et réalisateur du film «Free to run» qui analyse la folle épopée de la course à pied, comme miroir d’une partie de la société.

«Je pense que Sierre-Zinal et les autres courses de montagne répondent à cette même logique en y ajoutant l’attrait à la nature. Et au contraire de nombreuses autres courses toujours plus difficiles et toujours plus longues, Sierre-Zinal garde cette dimension accessible en plus d’être une pionnière.»

Lire aussi > Les moments les plus intenses de la course des élites 2016 en vidéo

Faire partie d’un «mythe»

Les témoignages de coureurs lui donnent raison. Combien d’entre eux se sont-ils lancés à la suite d’un pari un soir de Nouvel-An?

On y rencontre ainsi pléthore de novices en course à pied venus se lancer un défi et qui n’oublieront pas de sitôt les courbatures du lendemain. Et sans doute, aussi, la volonté de fouler du bout du pied un peu d’histoire d’un parcours jamais modifié en plus de 40 ans et d’en faire partie.

«Je crois qu’on peut parler de mythe», sourit Tarcis Ançay, vainqueur de l’épreuve en 2006. Aujourd’hui actif dans le coaching et propriétaire d’un magasin de sport, il ne compte plus les gens venus chercher une paire de chaussures «pour Sierre-Zinal». Il admet aussi observer une sorte de quête de la performance personnelle. «Presque plus personne ne se lance dans Sierre-Zinal sans un objectif dans un coin de la tête, avoué ou non. Même celui qui s’y essaie pour la première fois estime une durée d’effort et lui accorde plus ou moins d’importance.»

Un constat qui n’étonne pas forcément Pierre Morath, à l’heure d’une recherche d’auto-exposition permanente. «En vous lançant sur une course de montagne, vous évitez la comparaison à laquelle vous vous exposez sur un marathon, un semi-marathon ou un dix kilomètres. La performance devient personnelle, c’est une forme d’exutoire.»

Lire aussi > Les populaires écrivent l'histoire de Sierre - Zinal 

«Le cœur avant le chrono»

Le secret de Sierre-Zinal pour se démarquer? «Je crois qu’on a réussi à maintenir un esprit avec une catégorie «Touristes» toujours sans classement, sourit Vincent Thétaz, où tout un chacun peut trouver sa place et se battre contre lui-même». Le cœur avant le chrono, claironne Jean-Claude Pont, comme un slogan qui l’a accompagné durant quatre décennies. Le cœur, ils sont de plus en plus nombreux, ces «touristes», à l’avoir éprouvé au rythme des plans d’entraînement et examiné au moyen de montres toujours plus performantes.

Si bien qu’on se demande si ces «touristes» en sont toujours vraiment. Jean-Claude Pont, qui avant d’être un organisateur était surtout un coureur, évoque un état d’esprit immuable. «J’ai vécu toutes ces éditions sur ces sentiers et je ne peux pas noter une différence de psychologie. Et concernant la performance, le temps moyen des participants a augmenté par rapport aux années 85-90.»

Ce qui lui fait dire que la motivation principale de ces coureurs amateurs reste davantage de faire partie d’une fête et d’une ambiance que de faire parler la poudre. Et dans le fond, que valent quelques secondes de perdues si elles sont consacrées à observer le soleil se lever sur les cinq 4000?

Votre publicité ici avec IMPACT_medias