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Turquie: crise politique et démission de trois ministres

En Turquie, la démission de trois ministres proches d'Erdogan devrait précipiter un remaniement ministériel déjà prévu dans la perspective des élections municipales le 30 mars.

25 déc. 2013, 15:07
In this photo taken late Tuesday, Dec. 24, 2013, Turkey's Economy Minister Zafer Caglayan, right, Interior Minister Muammer Guler, center, and EU Affairs Minister Egemen Bagis speak at the Esenboga Airport in Ankara, Turkey. Guler and Caglayan resigned from their posts on Wednesday, Dec. 25, 2013, days after their sons were arrested in a massive corruption and bribery scandal that has targeted Prime Minister Recep Tayyip Erdogan?s allies and has become the worst crisis in his decade in power. Caglayan and Guler both stepped down on Wednesday, despite denying any wrongdoing. (AP Photo)

Le scandale financier qui agite la Turquie a viré mercredi à la crise politique ouverte avec la démission successive de trois ministres. L'un d'entre eux a appelé, de manière inédite, le Premier ministre islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, à quitter le pouvoir. 

Le ministre de l'Economie Zafer Caglayan a annoncé tôt mercredi avoir quitté ses fonctions, suivi de celui de l'Intérieur Muammer Güler. 

Critique par des ministres

Ces deux ministres clé, au coeur d'un scandale de corruption sans pareil, ont vu leurs fils arrêtés le 17 décembre dernier avec de nombreuses autres personnalités proches du pouvoir. Leurs enfants ont par la suite été inculpés et incarcérés pour corruption active, malversations et fraude notamment avec une vingtaine d'autres suspects. Le fils du ministre de l'Environnement a aussi été interpellé mais a, par la suite, été relâché.

Güler et Caglayan ont utilisé la rhétorique du Premier ministre dénonçant l'opération policière et le scandale qui en a découlé, comme un "complot" visant à déstabiliser le parti de la Justice et du développement (AKP).

Division avec Erdogan

En annonçant sa démission de l'Environnement, Erdogan Bayraktar a lui pressé le Premier ministre de le suivre, un appel sans précédent en politique turque.

Bayraktar, visiblement furieux d'avoir été forcé de quitter ses fonctions par le chef du gouvernement, a affirmé n'avoir "rien à se reprocher" dans l'enquête menée autour de projets de construction cités dans un vaste scandale financier et avoir agi "en toute connaissance du Premier ministre".

Un quatrième ministre, celui des Affaires européennes, Egemen Bagis, est lui aussi la cible d'une procédure judiciaire pour son implication présumée dans le scandale, soupçonné notamment d'avoir reçu des pots-de-vin. Ces quatre ministres ont nié toutes les accusations.

Accusation par le Premier ministre

Le chef de l'opposition parlementaire, Kemal Kiliçdaroglu, du parti républicain du peuple (CHP), a lui salué ces démissions, estimant toutefois qu'elles "arrivent un peu trop tard".

Recep Tayyip Erdogan a répété mardi soir la thèse du "complot" qu'il ne cesse d'évoquer depuis la vague d'arrestations. Il a aussi dénoncé les attaques de la confrérie musulmane de Fethullah Gülen, qu'il accuse implicitement d'avoir ourdi ce complot, visant selon lui, à détruire les avancées politiques et économiques de gouvernement ces dix dernières années.

Scrutin attendu

Lors d'un meeting de l'AKP, le chef du gouvernement a juré mercredi que la formation islamiste "ne sous-estime ou ne tolère pas la corruption".

Mis en cause en juin par une vague de contestation sans précédent à travers la Turquie pour ses dérives autoritaires et islamistes, Erdogan est cette fois contesté dans son propre camp, par la confrérie Gülen sur laquelle il s'était jusque-là appuyé pour fortifier son autorité et se débarrasser de l'influence politique de la puissante armée, gardienne des principes laïques.

Enjeu crucial

L'enjeu est d'autant plus crucial pour le Premier ministre que les élections municipales de mars doivent lui servir de tremplin pour la présidentielle de l'été prochain. Erdogan n'a pas encore déclaré ses intentions mais, contraint par les règles en vigueur au sein de l'AKP à quitter la tête du gouvernement aux législatives de 2015, il ne fait plus mystère de vouloir briguer le poste de chef de l'Etat, qui sera élu pour la première fois au suffrage universel direct.

Signe du divorce avec la confrérie Gülen, le Premier ministre a lancé une purge sans précédent dans les rangs de la haute hiérarchie policière. Plus d'une centaine de haut gradés ont été limogés en une semaine à travers le pays.

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