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Thaïlande: dizaines de milliers de manifestants à Bangkok contre le gouvernement

Des dizaines de milliers de jeunes sont attendus samedi et dimanche à Bangkok pour demander plus de démocratie ainsi que la démission du Premier ministre, certains osant exiger une réforme de la monarchie, sujet tabou en Thaïlande.

19 sept. 2020, 10:29
/ Màj. le 19 sept. 2020 à 16:14
Les manifestants lèvent trois doigts en signe de défi.

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants étaient rassemblés samedi soir près de l’ancien palais royal de Bangkok pour réclamer plus de démocratie et la démission du Premier ministre. Beaucoup exigent une réforme de la monarchie, sujet tabou en Thaïlande.

La manifestation a débuté sur le campus de la faculté de Thammasat, théâtre en 1976 d’un massacre où des dizaines d’étudiants pro-démocratie avaient été tués par les forces de l’ordre, épaulées par des milices ultra-royalistes.

 

«Tournant dans l’histoire du pays»

En fin d’après-midi, la police recensait plus de 15’000 manifestants, tandis que les organisateurs évoquaient «des dizaines de milliers de personnes».

«C’est le plus grand rassemblement depuis le coup d’État de 2014» qui a porté au pouvoir le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha, légitimé depuis par des élections controversées, s’est réjoui Parit Chiwarak, dit Penguin, l’une des figures du mouvement. «C’est un tournant dans l’histoire du pays», veut aussi croire Patipat, un enseignant de 29 ans.

Arriveront-ils à rallier les classes populaires? Cette manifestation est un test.
Christine Cabasset, chercheuse pour l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine

Au coeur de leurs revendications, la fin du «harcèlement» des opposants politiques, la dissolution du Parlement avec la démission de Prayut Chan-O-Cha et la révision de la Constitution de 2017, rédigée du temps de la junte et jugée trop favorable à l’armée.

«Moderniser la monarchie»

Une partie du mouvement va plus loin, osant se confronter à la royauté.

Du jamais-vu dans le pays où, en dépit des renversements successifs de régimes (12 coups d’État depuis 1932), la monarchie restait jusqu’ici intouchable, protégée par une des plus sévères lois de lèse-majesté au monde.

«Nous luttons pour plus de démocratie», résume à l’AFP Panusaya Sithijirawattanakul, dit Rung, une des organisatrices du mouvement.

Leurs demandes n’en demeurent pas moins audacieuses: ils réclament la non-ingérence du roi dans les affaires politiques, l’abrogation de la loi sur la lèse-majesté et le retour des biens de la Couronne dans le giron de l’Etat.

Notre objectif n’est pas de détruire la monarchie, mais de la moderniser, de l’adapter à notre société.
Panusaya Sithijirawattanakul, une des organisatrices

Le souverain thaïlandais, bien au-delà de son statut de monarque constitutionnel, dispose d’une influence considérable qu’il exerce le plus souvent dans l’ombre.

L’actuel monarque, Maha Vajiralongkorn, monté sur le trône en 2016 au décès de son père le vénéré roi Bhumibol, est une personnalité controversée.

En quelques années, il a renforcé les pouvoirs d’une monarchie déjà toute puissante en prenant notamment directement le contrôle de la fortune royale. Ses fréquents séjours en Europe, même en pleine pandémie de coronavirus, ont aussi soulevé des interrogations.

Tensions

Quelque 10’000 policiers ont été déployés. Le Premier ministre a mis en garde contre ces rassemblements, brandissant la menace d’une nouvelle vague de coronavirus en Thaïlande, relativement épargnée jusqu’à présent (moins de 3500 cas et 58 décès).

Cela pourrait «détruire la confiance des investisseurs» et nuire au pays, déjà frappé de plein fouet par la crise économique liée à la pandémie, a-t-il lancé.

 

 

Les manifestations, dans un royaume habitué aux contestations matées dans le sang (en 1973, 1976, 1992 et 2010), se sont pour l’instant déroulées dans le calme.

«Nous sommes pacifiques, mais il pourrait y avoir des tensions», souligne Rung. Depuis le début de la contestation, plus de 20 activistes, dont la jeune femme, ont été inculpés pour «sédition», un crime passible de sept ans de prison.

Le Premier ministre met en garde

Le Premier ministre a mis en garde contre ces rassemblements, brandissant la menace d’une nouvelle vague de coronavirus en Thaïlande, relativement épargnée jusqu’ici (3500 cas et 58 décès).

Cela pourrait «détruire la confiance des investisseurs» et nuire au pays, déjà frappé de plein fouet par la crise économique liée à la pandémie, a-t-il lancé.

Les manifestations, dans un royaume habitué aux contestations matées dans le sang (en 1973, 1976, 1992 et 2010), se sont pour l’instant déroulées dans le calme.

Depuis le début de la contestation, plus d’une vingtaine d’activistes, dont Penguin et Rung, ont été inculpés de «sédition», un crime passible de sept ans de prison.

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