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Pologne: femmes en grève contre l'interdiction quasi totale de l'IVG

Des milliers de Polonaises ont manifesté en faisant la grève lundi en Pologne. Elles protestaient contre un projet interdisant quasi totalement le droit à l'avortement.

03 oct. 2016, 18:16
Des milliers de femmes ont manifesté lundi dans toute la Pologne.

Des milliers de Polonaises vêtues de noir ont participé lundi à des manifestations dans tout le pays. Elles protestaient contre un projet bannissant tout accès à l'avortement dans ce pays dont la législation est déjà l'une des plus restrictives en Europe.

L'action, propagée sur des réseaux sociaux, appelait les femmes à s'absenter du travail pour participer à des rassemblements à travers le pays. Quelque deux mille personnes, selon un journaliste l'AFP, se sont réunies à Varsovie devant le siège du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS), pour former une chaîne humaine baptisée "mur de la fureur".

Les manifestantes, vêtues de noir, ont scandé "Cette loi viole nos droits", "On ne se laissera pas faire", "Cruauté", ou "Les femmes feront tomber ce gouvernement". "Nous voulons des médecins, pas des missionnaires !", criaient encore les femmes en appelant à la démission du chef de file du PiS de Jaroslaw Kaczynski.

Sur certaines pancartes, on pouvait lire: "Un gouvernement, ce n'est pas comme une grossesse: on peut l'interrompre." Le projet de loi en cours d'examen au Parlement reviendrait à durcir encore la législation en vigueur, qui n'autorise l'interruption volontaire de grossesse qu'en cas de viol, d'inceste, de menace pour la santé de la mère ou de risque de handicap permanent pour l'enfant.

 

Cinq ans de prison

Déposé par le comité "Stop Avortement", le texte prévoit l'interdiction de l'IVG à une exception extrême près - lorsque la vie de la femme enceinte est en danger immédiat. Il prévoit aussi une peine de prison pouvant atteindre cinq ans tant pour les médecins que pour les patientes elles-mêmes. Il autorise cependant le juge à renoncer à punir ces dernières.

Le parti conservateur Droit et Justice (PiS) au pouvoir ne s'est pas encore clairement exprimé sur le texte, défendu par le groupe de pression Ordo Iuris. Mais la perspective de nouvelles restrictions à l'IVG a ouvert un débat animé dans le pays, où l'église catholique jouit encore d'une influence importante.

Le projet de loi place le PiS face à un dilemme: ne pas le voter serait prendre le risque de se mettre l'église catholique à dos, mais l'adopter pourrait nuire à sa popularité. Des responsables du PiS ont évoqué dans la presse la possibilité d'un nouveau texte autorisant l'avortement en cas de viol, d'inceste ou de menace pour la santé de la mère, mais pas en cas de handicap de l'enfant à naître.

"Qu'elles s'amusent"

"Le droit à la vie ou, comme le prétendent certains, le droit à l'avortement, constituent un défi moral majeur pour notre civilisation, pour la civilisation occidentale", a dit le ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, à la radio RMF.

"Qu'elles s'amusent", a-t-il ajouté à propos des manifestantes. "Elles peuvent continuer si elles pensent que la Pologne n'a pas de problème plus important."

Plusieurs centaines d'IVG légales sont pratiquées chaque année en Pologne, selon les statistiques officielles. Des militants pro-avortement estiment cependant le nombre d'interventions illégales à plusieurs dizaines de milliers, étant donnée que de nombreuses femmes se rendent en Allemagne ou en Slovaquie pour avorter.

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