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L'UE inquiète des discriminations contre les Arabes en Israël

L'Union européenne s'inquiète des discriminations qui touchent la minorité arabe vivant en Israël. Elle exprime ce souci dans un document de travail confidentiel des ambassadeurs européens en poste à Tel-Aviv, le premier rapport du genre sur ce sujet sensible.

29 déc. 2011, 19:44
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«Nous devons considérer la façon dont Israël traite ses minorités comme un problème central, et pas secondaire, par rapport au conflit israélo-palestinien», souligne ce document de 27 pages obtenu par l'AFP.

L'UE n'avait jusqu'à présent pas rédigé de rapport spécifique sur la minorité arabe d'Israël (plus d'1,3 million de personnes), composée des descendants des 160.000 Palestiniens restés sur place en 1948, à l'issue de la guerre qui a accompagné la création de l'Etat Israël.

L'UE publie en revanche régulièrement des rapports sur la situation des Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Les ambassadeurs européens soulignent qu'il est de l'intérêt même d'Israël, afin de lutter contre ceux qui tentent de le «délégitimer», d'honorer la mission assignée par ses fondateurs d'»un Etat pluraliste, tolérant et d'une démocratie ouverte, d'un Etat juif dans lequel les droits des non-Juifs sont respectés».

Victimes d'inégalités

Le rapport souligne que les Arabes israéliens, qui représentent aujourd'hui 20% de la population israélienne, sont victimes d'inégalités, notamment dans le domaine économique.

«La situation de la population arabe d'Israël est de façon quantifiable plus mauvaise que celle de sa majorité non-arabe en termes de revenus, d'éducation, d'accès au logement et à la propriété», peut-on lire dans le rapport.

Reprenant les chiffres du Bureau central israélien des statistiques, le document souligne que «les indicateurs économiques récents montrent que la situation économique des Arabes israéliens est statique ou se détériore (...) Les revenus moyens dans la communauté arabe israélienne en 2008 ne représentaient que 61% de ceux des foyers juifs, contre 69% en 2003».

Discriminations politiques

Le document s'inquiète de possibles discriminations politiques, via la multiplication de projets de lois, soutenus par le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu, visant à affaiblir le statut de la minorité arabe.

Les ambassadeurs soulignent cependant que «jusqu'à présent le système de contrôle assuré par les lectures successives à la Knesset et les recommandations du conseiller juridique du Parlement israélien ont permis de bloquer les projets les plus discriminatoires».

Le rapport ne limite pas ses critiques à Israël, dénonçant les «prises de position extrêmes» et systématiquement hostiles à l'Etat hébreu de certains responsables politiques et religieux arabes israéliens qui «nourrissent les accusations de manque de loyauté au sein de la population juive».

Recommandations éliminées

Dans ses recommandations, l'UE propose notamment de «surveiller et faire pression contre des projets de loi discriminatoires» proposés à la Knesset.

Selon le quotidien israélien Haaretz, citant des sources diplomatiques, les recommandations ont cependant été éliminées du document final à la suite d'objections de plusieurs pays, notamment des Pays-Bas, de la République tchèque et de la Pologne. Il a aussi été qualifié de «document de réflexion».

«Ce rapport, dont l'élaboration a commencé il y a un an environ, a fait l'objet de plusieurs séances de discussion, chacun des 27 pays de l'Union ayant sa vision des choses», a déclaré Roelof Buffinga, numéro deux de l'ambassade des Pays-Bas à Tel-Aviv.

Israël a refusé de se prononcer sur le contenu du document aussi longtemps qu'il n'a pas été porté officiellement à sa connaissance. Mais un haut responsable, parlant sous le couvert de l'anonymat, s'est élevé contre une possible «ingérence européenne» dans les affaires de l'Etat hébreu.

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