Des combattants du groupe Etat islamique (EI) rasent leur barbe à Mossoul à l'approche des forces irakiennes. Ces dernières ne sont plus qu'à quelques kilomètres de certains faubourgs du fief djihadiste.
Satisfaits des débuts de cette vaste offensive, les pays occidentaux impliqués tournent désormais leur attention vers Raqa, le dernier bastion de l'EI dans la Syrie voisine.
Une opération "commencera dans les prochaines semaines", ont annoncé mercredi le chef du Pentagone Ashton Carter et son homologue britannique Michael Fallon. "C'est notre plan depuis longtemps, et nous sommes capables de soutenir" à la fois les offensives sur Mossoul et sur Raqa, a assuré M. Carter à Bruxelles.
La Turquie a de nouveau insisté mercredi sur la nécessité d'exclure les milices kurdes, soutenues par Washington, d'une telle offensive. Pour sa part, la France a annoncé la prolongation "jusqu'à la mi-décembre" de la mission du porte-avions Charles-de-Gaulle, d'où décollent des appareils bombardant les positions de l'EI.
Changement d'apparence
En attendant, les troupes d'élite irakiennes sont désormais positionnées à environ cinq kilomètres des quartiers Est de la deuxième ville d'Irak, au dixième jour de l'offensive. Sur les autres fronts, les troupes engagées se trouvent à des distances plus éloignées, notamment au Sud.
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Face à cette avancée, les djihadistes de Mossoul s'adaptent. "J'ai vu des membres de Daech (acronyme arabe de l'EI) et leur apparence a totalement changé", a témoigné un habitant de l'est de Mossoul. "Ils ont coupé leur barbe et changé de tenue" pour se fondre dans la population, ajoute cet ancien entrepreneur se présentant comme Abou Saïf.
Selon des résidents et des responsables américains, de nombreux djihadistes ont par ailleurs quitté l'est de Mossoul. Ils ont rejoint leurs places fortes sur la rive occidentale du Tigre, le fleuve qui traverse la cité.
Effectifs inégaux
Sur le terrain, l'équilibre des forces est très désavantageux pour l'EI. Elle s'appuierait sur quelque 3000 à 5000 combattants dans Mossoul même, soit environ dix fois moins que les effectifs mobilisés par Bagdad et ses alliés.
Mais l'avancée des forces irakiennes est rendue délicate et dangereuse par les tactiques de guérilla utilisées à grande échelle par les djihadistes. Ils n'hésitent pas à sacrifier leur vie.
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L'EI utilise depuis une semaine "une quantité extraordinaire" d'armes à tir indirect (mortiers, roquettes) et de voitures piégées, a relevé mardi le général Stephen Townsend, qui dirige la coalition.
L'armée irakienne a par ailleurs repris la ville de Routba attaquée trois jours plus tôt par l'organisation Etat islamique, ont annoncé les autorités de Bagdad.
Fuite des civils
Comme le craignent les organisations humanitaires, les combats provoquent la fuite d'un nombre croissant de civils. Plus de 3300 déplacés - soit le nombre le plus élevé enregistré en une journée depuis le début de l'offensive le 17 octobre - ont été "pris en charge et transportés" mardi vers des camps, selon Jassem Mohammed al-Jaff, le ministre irakien des Migrations et des Déplacés.