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Hong Kong: 5 questions pour comprendre la loi sur la sécurité nationale

La Chine a adopté mardi sa loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong. Mais qu’est-ce que ce texte implique? Quels sont les objectifs de Pékin? Pourquoi la Suisse a-t-elle été critiquée? Eclairage en 5 points.

02 juil. 2020, 15:37
Moins de 24 heures après l'entrée en vigueur de la loi sur la sécurité, des manifestants ont scandé des slogans en faveur de l'indépendance de Hong Kong.

La loi sur la sécurité nationale, c’est quoi?

Si le contenu précis de la loi reste pour l’heure secret, on sait qu’elle prévoit de réprimer quatre types de crimes contre la sécurité de l’Etat: la subversion, le séparatisme, le terrorisme et les «ingérences» étrangères. Concrètement, inciter à la haine du gouvernement de Hong Kong ou de la Chine, défendre des opinions indépendantistes (pas seulement de Hong Kong, mais aussi de Taïwan, du Tibet et de la région du Xinjiang), saboter des moyens de transport ou encore manipuler des élections sont désormais punissables. 

 

 

Et les peines? Elles vont de 10 ans d’emprisonnement jusqu’à la prison à vie pour les auteurs des crimes les plus graves. Dans ces cas, les personnes suspectées peuvent être déplacées en Chine pour y être jugées. «La loi vise à lutter contre les très rares criminels qui mettent gravement en danger la sécurité nationale, et non l’ensemble de l’opposition», a affirmé mercredi à Pékin le directeur adjoint du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao du régime communiste, Zhang Xiaoming.

Le but de la Chine, c’est quoi?

Le premier objectif de la Chine, c’est d’endiguer les manifestations à Hong Kong. La loi est entrée en vigueur un peu plus d’un an après le début des protestations contre l’influence du gouvernement central. La Chine s’est sentie provoquée et a imposé cette loi qui contourne le conseil législatif local. Le but est donc d’assurer la stabilité, mettre fin au vandalisme et réprimer le mouvement qui milite pour l’indépendance.

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Mais Pékin a deux autres grands objectifs, selon le Monde. Elle compte rapprocher la situation de Hong Kong du reste de la Chine en affaiblissant le modèle «un pays, deux systèmes». Depuis plus de 20 ans, le territoire semi-autonome jouit de libertés que ne connaît pas le reste du pays. Et elle entend renforcer sa position et celle du président Xi Jinping, car le coronavirus a suscité une vague de mécontentement et de colère dans le pays.

Une loi «controversée», pourquoi?

L’opposition prodémocratie de Hong Kong redoute que le texte ne serve qu’à museler toute dissidence et à porter un coup fatal aux libertés et à la semi-autonomie de l’ex-colonie britannique. Le jour même de l’adoption de la loi, le parti politique Demosisto, créé par des militants de l’opposition, a même annoncé sa dissolution.

 

 

Cette loi est aussi controversée sur la scène internationale. Plusieurs pays occidentaux l’ont condamnée. Le Royaume-Uni, qui avait rétrocédé Hong Kong à la Chine en 1997, a promis d’examiner le contenu «pour voir si elle entre en conflit avec la déclaration commune». Mardi, à Genève, le texte a même tourné à l’affrontement diplomatique au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Dans une déclaration, l’ambassadeur britannique a appelé, au nom de son pays et 26 autres, les gouvernements chinois et de Hong Kong à ne pas appliquer cette législation.

La Suisse critiquée, pourquoi?

La Chine a critiqué la Suisse car elle fait partie des pays qui se sont jointes à cette déclaration. La mission chinoise auprès de l’ONU a accusé la Suisse – et les autres cosignataires – d’«interférer dans ses affaires intérieures» et de violer la Charte des Nations Unies.

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La Suisse a ajouté «une couche» mercredi après-midi en s’en prenant directement à Pékin devant le même Conseil des droits de l’homme. Elle a déploré que le gouvernement ait «exploité la situation d’urgence» pour «restreindre de manière disproportionnée les droits de l’homme». A la fin juin, le Zurichois Nils Melzer, expert indépendant à l’ONU, avait d’ailleurs déjà dénoncé les effets de la loi sur ces droits, rapportait SwissInfo.

Des arrestations, déjà?

La police n’a pas tardé à procéder aux premières arrestations. Mercredi, alors que des milliers de Hongkongais se sont rassemblés illégalement pour le 23e anniversaire de la rétrocession, plus de 300 personnes ont été arrêtées, dont 9 pour violation présumée de la loi sur la sécurité nationale.

 

 

Un des manifestants a été arrêté pour avoir posé un drapeau noir sur un trottoir, avec écrit «Indépendance de Hong Kong en anglais et chinois dessus. «Dans les faits, grâce au délit de subversion, les seuls faits de manifester, de diffuser des slogans anti-Pékin ou d’émettre une opinion favorable à l’indépendance de Hong Kong pourraient être passibles d’une peine de prison», explique Jean-Louis Rocca, chercheur au Centre de recherches internationales, à Franceinfo.

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