Les parents de Vincent Lambert, un patient tétraplégique en état végétatif depuis sept ans, ont demandé à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de réviser son arrêt du 5 juin dernier, a-t-on appris vendredi auprès de leur avocat et de la Cour. La décision autorisait l'arrêt des soins qui lui sont prodigués.
L'article 80 du règlement de la Cour de Strasbourg prévoit la possibilité d'une telle demande dans un délai de six mois en cas de découverte d'un fait nouveau inconnu des juges au moment de la rédaction de l'arrêt.
Cette affaire oppose d'un côté les parents de Vincent Lambert, l'une de ses soeurs et un demi-frère qui voient en lui un "handicapé" qu'il faut maintenir en vie, de l'autre son épouse, cinq de ses frères et soeurs et un neveu. Ces derniers souhaitent qu'il puisse mourir "dignement", conformément à l'avis de ses médecins et à ce qu'il aurait, selon eux, souhaité.
"Il y a plusieurs éléments nouveaux. L'élément à nos yeux fondamental, c'est la reprise d'une alimentation par la bouche de Vincent Lambert", a dit l'un des avocat des parents, Me Jean-Paillot.
Alors qu'il est nourri par une sonde gastrique, la famille lui a, depuis le 12 janvier, donné à manger et à boire par la bouche, précise l'avocat dans sa demande de révision. Les scènes ont été filmées comme éléments de preuve.
Interrogations et débats
Autre élément invoqué par les parents, le fait que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, ait dit le 16 juin dernier devant le Sénat que la volonté de Vincent Lambert de ne pas être maintenu durablement dans un état végétatif "faisait l'objet d'interrogations et de débats".
La Cour européenne avait validé la décision du Conseil d'Etat autorisant les médecins à interrompre les soins prodigués au patient. Ils avaient tenu compte du témoignage de son épouse, Rachel, corroboré par l'un de ses frères, selon lequel Vincent Lambert était opposé à tout acharnement thérapeutique.
Vincent Lambert a été victime d'un accident de la circulation le 29 septembre 2008. Il souffre, selon les médecins, de lésions cérébrales irréversibles. Les juges de Strasbourg devraient se prononcer sur la demande de révision "très rapidement" a dit un porte-parole de la Cour.