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Crise migratoire: les gardes-côtes libyens en guerre contre l'ONG allemande Sea-Watch

Lors d'une opération visant à secourir une embarcation remplie de 450 migrants, une altercation est survenue entre les gardes-côtes libyens et l'ONG allemande Sea-Watch. Cette dernière a accusé les gardes-côtes d'avoir coupé la trajectoire de son bateau en réalisant une manœuvre "extrêmement dangereuse".

12 mai 2017, 07:11
L'ONG accuse les gardes-côtes libyens d'avoir entrepris une manœuvre extrêmement dangereuse.

Un incident entre des gardes-côtes libyens et un navire humanitaire allemand mercredi au large de la Libye illustre les tensions croissantes dans la zone. Parallèlement l'Union européenne pousse pour limiter au maximum les départs.

Mercredi matin, les gardes-côtes libyens et l'ONG allemande Sea-Watch se sont disputé une grosse barque en bois à 19 milles nautiques au large de Sabratha (ouest), affirmant chacun être arrivés les premiers. A bord de l'embarcation, plus de 450 migrants à bord.

L'ONG a diffusé des images où l'on voit la vedette des gardes-côtes couper la trajectoire de son bateau, évitant de très peu une collision. Elle dénonce une manoeuvre "extrêmement dangereuse".

"C'est le bateau de l'ONG qui a changé sa direction pour nous couper la trajectoire et nous empêcher d'atteindre les migrants", a rétorqué à l'AFP le colonel Abou Ajila Abdelbari, commandant de la patrouille des gardes-côtes impliquée dans l'incident.

Les migrants ont été transférés à bord du navire des gardes-côtes et conduits sur la base navale de Tripoli, d'où ils ont été acheminés vers des centres de rétention.

 

 

Vives réactions

Sea-Watch, qui se charge de repérer et sécuriser les embarcations de fortune en attendant un plus gros navire de secours, n'avait pas les moyens de les prendre tous à bord, a fait valoir à l'AFP le général Ayoub Kacem, porte-parole de la marine libyenne.

Mais depuis plusieurs années, ce sont les gardes-côtes italiens qui coordonnent les secours dans les eaux internationales, au-delà de 12 milles nautiques de la Libye... et leur transfert en Italie.

Pour les ONG de secours en mer mais aussi les défenseurs des droits de l'Homme, le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) et même le gouvernement allemand, les migrants ne doivent pas être reconduits en Libye. Ils y subissent extorsions, violences, viols, tortures et meurtres.

Tout comme Sea-Watch, plusieurs ONG de secours en mer ont vivement réagi jeudi, dénonçant les pressions européennes. L'UE a récemment formé une centaine de gardes-côtes libyens de gardes-côtes libyens et est en train de leur fournir une dizaine de vedettes pour tenter de ralentir le flux des migrants.

 

 

Jusqu'à 200 milles

Selon les organisations internationales, 800'000 à un million de personnes, majoritairement originaires d'Afrique subsaharienne, se trouvent actuellement en Libye. Beaucoup étaient venues y chercher du travail mais pourraient être tentées de prendre la mer pour échapper au chaos libyen.

SOS Méditerranée s'est dite "très inquiète" de l'incident de jeudi, tandis qu'Oscar Camps, directeur de Proactiva Open Arms s'est insurgé: "Les 'gardes-côtes libyens' sont formés aussi pour provoquer les ONG? Que va-t-il arriver à ceux qui fuient?"

Mais la marine libyenne entend désormais opérer dans toute la zone économique exclusive libyenne, jusqu'à 200 milles des côtes, a expliqué le général Kacem. Et de préciser qu'elle disposait d'un navire tout juste réparé.

"Avant, nous n'avions que des embarcations pneumatiques qui nous ne permettraient pas d'opérer loin des côtes, surtout quand la mer est agitée", a-t-il expliqué.

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