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Brexit: le Royaume-Uni et l’Union européenne ont trouvé un accord

Londres et Bruxelles se tournent enfin vers leur avenir. Le Royaume-Uni et l’Union européenne sont arrivés à un accord post-Brexit après dix mois négociations tendues et laborieuses.

24 déc. 2020, 16:07
/ Màj. le 25 déc. 2020 à 08:34
Les négociateurs ont trouvé un accord sur le dernier point de blocage qui concernait l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques.

Après dix mois de négociations harassantes, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont annoncé jeudi, à la veille de Noël, un accord historique sur leur future relation commerciale. Ils ont évité in extremis un «no deal» dévastateur pour leurs économies en fin d’année.

«Cet accord protégera les intérêts européens et est aussi, je le crois, dans l’intérêt du Royaume-Uni», «un ami de longue date», s’est félicitée la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d’une conférence de presse. «Nous pouvons enfin laisser le Brexit derrière nous et nous tourner vers l’avenir», a-t-elle ajouté.

 

 

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis que son pays resterait l’«ami», «l’allié» et «le premier marché» des Européens. «Ce pays reste culturellement, émotionnellement, historiquement, stratégiquement et géopolitiquement attaché à l’Europe», a-t-il dit aux médias.

«Ce soir, pour le réveillon, j’ai un petit cadeau pour ceux qui chercheraient quelque chose à lire dans la torpeur de l’après-déjeuner de Noël», a par la suite déclaré le chef du gouvernement conservateur dans un message vidéo publié sur Twitter. «Le voici: des nouvelles réjouissantes, voici un accord, un accord pour apporter certitude aux entreprises et aux voyageurs et à tous les investisseurs dans notre pays à partir du 1er janvier, un accord avec nos amis et partenaires de l’Union européenne.»

«Je crois qu’il sera la base d’un partenariat heureux, couronné de succès et stable avec nos amis de l’UE dans les années à venir», s’est-il félicité.

Un demi-siècle de mariage houleux

La chancelière allemande Angela Merkel s’est pour sa part dite «confiante» dans le fait qu’il s’agissait d’«un bon» accord, quand le président français Emmanuel Macron a estimé que «l’unité et la fermeté européennes» avaient «payé» dans les pourparlers.

Ce divorce à l’amiable, obtenu à l’arraché après 24 dernières heures sous haute tension, scelle près d’un demi-siècle de mariage houleux entre les deux partenaires. Quatre ans et demi après le référendum de juin 2016 sur le Brexit, l’aboutissement de ces discussions permet aux deux parties de s’épargner un «no deal» aux lourdes conséquences économiques.

 

 

La conclusion d’un texte de 2000 pages en à peine dix mois constitue aussi une prouesse pour un accord de cette envergure qui prend en général des années. Deux ans et demi avaient été nécessaires pour négocier le traité de retrait scellant le départ britannique, conclu fin 2019, un texte qui apporte une sécurité juridique aux expatriés des deux côtés de la Manche et fournit des garanties pour le maintien de la paix sur l’île d’Irlande.

Le Premier ministre irlandais Micheal Martin, dont le pays aurait été en première ligne en cas de «no deal», a d’ailleurs salué un accord «bienvenu».

Strictes conditions

Le texte devra encore être validé par les Etats membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours. Mais il reste en théorie suffisamment de temps pour qu’il entre en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l’UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique. Il sera alors validé a posteriori par le Parlement européen.

Avec ce traité commercial, l’UE offre à son ancien Etat membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs.

Mais cette ouverture sera assortie de strictes conditions: les entreprises d’outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d’environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping. Des garanties existent aussi en matière d’aides d’Etat. Un mécanisme permettra aux deux parties d’activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergences sur ces normes.

«Au côté des pêcheurs»

Malgré son faible poids économique, l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques a constitué l’ultime point d’achoppement des discussions, en raison de l’importance politique et sociale du secteur dans plusieurs Etats membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l’Irlande. Mais les Britanniques, qui reprennent le contrôle de leurs eaux, en avaient fait le symbole de leur souveraineté retrouvée.

L’accord prévoit une période de transition de 5 ans et demi jusqu’en juin 2026, à l’issue de laquelle les pêcheurs européens renonceront à 25% de leurs prises, qui s’élèvent chaque année à 650 millions d’euros. L’accès aux eaux britanniques sera ensuite renégocié annuellement. Le négociateur européen Michel Barnier a promis que l’UE serait «au côté des pêcheurs européens pour les accompagner».

 

 

Il a souligné qu’il y aurait, malgré cet accord, «de vrais changements» au 1er janvier «pour beaucoup de citoyens et d’entreprises». «C’est la conséquence du Brexit», a-t-il insisté. L’UE a provisionné 5 milliards d’euros dans son budget pour soutenir les secteurs les plus touchés.

Mais sans accord, les échanges entre l’UE et Londres auraient été régis par les seules règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane, de quotas, ainsi que de formalités administratives susceptibles d’entraîner des embouteillages monstres et des retards de livraison. Un scénario noir pour le Royaume-Uni, déjà malmené par une variante plus virulente du coronavirus qui l’a isolé du reste du monde.

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