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Autriche: les partis conservateurs groggy après la victoire de Norbert Hofer

L'arrivée en tête du premier tour du candidat d'extrême-droite Norbert Hofer a mis K.O. les partis conservateurs, éliminés de la course à la présidence autrichienne. La presse évoque un "tsunami" politique.

25 avr. 2016, 12:37
Avec 36,4% des voix, Norbert Hofer a réalisé le meilleur résultat du FPÖ (extrême-droite) à une élection en Autriche depuis la 2e Guerre mondiale. Il sera dur à battre au second tour.

Les partis au pouvoir en Autriche étaient groggy lundi après leur élimination dès le premier tour de la présidentielle, qui a vu le candidat d'extrême-droite Norbert Hofer arriver en tête. La presse évoque un "tsunami" politique.

Avec 36,4% des voix, le vice-président du parlement, 45 ans, a réalisé le meilleur résultat du FPÖ (extrême-droite) à une élection en Autriche depuis la 2e Guerre mondiale, loin devant le Vert Alexander Van der Bellen (20,4%) qu'il affrontera au 2e tour le 22 mai.

"Le paysage politique hérité de la guerre est à terre", relève lundi le quotidien Salzburger Nachrichten, plusieurs journaux évoquant un "tsunami" et un "tremblement de terre". En une, le quotidien Die Presse titre "Le jour où l'Autriche est devenue bleue", la couleur emblématique du FPÖ de Norbert Hofer. Ce dernier est arrivé en tête dans 90% des communes, à l'exception notable de la capitale Vienne.

Visiblement sonnés, le chancelier autrichien Werner Faymann (SPÖ, social-démocrate) et le vice-chancelier Reinhold Mitterlehner (ÖVP, conservateur), dont les mandats courent jusqu'en 2018, ont exclu tout remaniement, du moins à chaud.

La droite dure européenne salue

M. Faymann s'est dit "attristé" du résultat. Il a assuré que le gouvernement travaillerait encore "plus dur". M. Mitterlehner a, lui, relevé que les partis au pouvoir payaient le prix de "la peur du déclassement" d'une partie de la population et "d'une ambiance générale hostile à l'establishment".

Plusieurs leaders populistes européens ont salué le succès du FPÖ: la présidente du Front national en France, Marine Le Pen, a qualifié le résultat de "magnifique", le Néerlandais Geert Wilders de victoire "fantastique", la cheffe du parti populiste de droite allemand "Alternative für Deutschland" (AfD) Frauke Petry, qui était samedi à Interlaken (BE) pour l'assemblée de l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), a parlé de score "grandiose".

Usure du pouvoir

Au pouvoir à Vienne depuis 8 ans, la "grande coalition" gauche-droite souffre d'une usure et d'une désaffection pour les élites aussi observées dans d'autres pays, selon les analystes.

Contrairement à la tradition pour le poste de président en Autriche, un poste essentiellement protocolaire, l'élection de dimanche s'est jouée "non sur les personnalités, mais sur les problèmes de société", note le politologue autrichien David Pfarrhofer.

Avec M. Hofer, un ingénieur aéronautique partiellement handicapé à la suite d'un accident de parapente, le patron du FPÖ Heinz-Christian Strache a réussi un coup de maître dans son entreprise de recentrage de l'image de son parti, soulignent les éditorialistes. Réputé pour sa courtoisie et pour sa présentation impeccable, Norbert Hofer a notamment évité tout dérapage.

"Discret jusqu'ici, il défend les positions de M. Strache, mais avec une patte de velours", relève ainsi le quotidien Österreich, soulignant qu'il "engrange des voix grâce à son aspect sympathique".

Retard difficile à rattraper

Alexander Van der Bellen, 72 ans, un ancien professeur d'université de sensibilité centriste, portera les espoirs du camp de gauche et de la droite modérée au second tour. Mais son retard apparaît "très difficile" à surmonter, selon le politologue Anton Pelinka. Et ce d'autant qu'aucun candidat et aucun parti, à l'exception des Verts qu'il a dirigés, n'a appelé à reporter ses voix sur lui. M. Faymann a toutefois indiqué qu'"à titre personnel", il voterait en sa faveur.

A plus long terme, estime M. Pelinka, "le FPÖ est clairement favori pour les prochaines législatives. Et on ne peut pas exclure qu'il forme alors une coalition avec le SPÖ ou avec l'ÖVP". En 2000, le FPÖ était entré au gouvernement comme partenaire de l'ÖVP, alors dirigé par Wolfgang Schüssel. L'UE avait alors adopté des sanctions contre l'Autriche, un scénario jugé peu probable aujourd'hui.

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