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Le racisme de plus en plus banalisé sur internet

Une enquête menée dans cinq pays européens dénonce la passivité des réseaux sociaux face aux discours racistes et haineux qui prolifèrent sur la toile. Selon l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, entre 60 et 90% des victimes renoncent à porter plainte.

24 juil. 2016, 09:26
Les enquêteurs ont notamment dénoncé auprès de Facebook cent commentaires racistes trouvés sur le réseau social numéro un et seulement neuf ont été éliminés.

Les discours racistes et de haine sont de plus en plus banalisés sur internet, selon une étude européenne publiée vendredi à Barcelone. Les mouvements qui en font l'apologie profitent de l'absence de poursuites pour y diffuser leurs messages.

L'enquête menée dans cinq pays européens - Italie, France, Espagne, Roumanie, Royaume-Uni - dénonce "la passivité" des plateformes sociales face à ces discours dont la diffusion semble se renforcer, comme les partis extrémistes qui en font la promotion.

"Internet a représenté un saut qualitatif pour beaucoup de choses y compris la diffusion de discours de haine", a expliqué lors d'une conférence de presse Miguel Pajares.

Cet anthropologue est l'un des chercheurs ayant réalisé l'étude commandée à l'Université de Barcelone dans le cadre du projet PRISM de l'Union européenne. Celui-ci est destiné à lutter contre ce phénomène. "Internet a permis de diffuser ce discours et aussi de le normaliser et de l'assumer comme inévitable", a-t-il ajouté.

Pas de dénonciation

Les enquêteurs ont interrogé 150 usagers des réseaux sociaux, des magistrats et des policiers. Ils ont découvert que dans la plupart des cas les victimes ne dénoncent pas les propos incriminés.

Selon l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, entre 60 et 90% des victimes renoncent à porter plainte. Du coup, "ces idées se consolident et le problème est minimisé car il ne figure pas dans les statistiques officielles de plaintes", prévient l'anthropologue Olga Jubany, directrice de l'étude.

Parmi les raisons avancées par les enquêteurs figure le manque d'information, notamment sur le fait que de tels comportements peuvent être poursuivis en justice. Le manque de confiance dans les mécanismes permettant de porter plainte auprès de la police et des administrateurs des sites sont aussi des raisons invoquées.

Chaque pays a son bouc émissaire

Les enquêteurs ont notamment dénoncé auprès de Facebook cent commentaires racistes trouvés sur le réseau social numéro un et seulement neuf ont été éliminés. Selon eux Facebook a indiqué que les autres ne remplissaient pas les critères pour être supprimés.

Parmi ces commentaires certains appellent à tuer des musulmans ou à envoyer les juifs dans des camps de concentration. Chaque pays a une population cible privilégiée: les gitans en Roumanie, les arabes en France, les immigrés au Royaume-Uni, selon les auteurs.

"Les gens ne dénoncent pas car cela ne marche pas. Ces mécanismes ne sont pas efficaces (...) les messages restent et continuent à promouvoir ces idéologies", a déploré Olga Jubany.

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